Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/28

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les insectes qu’on se prépare à envoyer, avoir attention :

1o. À ne placer dans la boîte aucun insecte suspect d’être, ou d’avoir été attaqué par des Mittes où d’autres insectes destructeurs des collections si on n’a pas fait périr ces insectes.

2o. Ne placer dans une même boîte, ou un même tiroir que des insectes de genre & de grosseur analogue ; comme des insectes à étui, avec de pareils insectes, des Papillons avec des Papillons, &c., les plus gros insectes avec les plus gros, &c.

3o. Il faut que chaque individu soit isolé, qu’il ne touche à aucun autre, ni qu’il n’en soit touché.

4o. Il faut piquer profondément les épingles, & s’assurer qu’elles tiennent bien.

5o. Si les insectes sont très-gros, comme certains Scarabés, ou s’ils ont les aîles très-amples, comme certains Papillons, il faut les assujettir, outre l’épingle qui y sert, par une ou deux bandes de papier en travers du corps & des aîles ; fixer ces bandes de papier sur le fond, s’il est de liège, avec de la colle qui les y attache ; ou piquer ces mêmes bandes à leur bout avec des épingles, si le fond est de cire. Souvent faute d’employer de pareilles bandes, le poids des insectes les détache dans les cahots, & un seul insecte, en roulant dans la boîte, en brise un grand nombre. Ceci fait sentir combien il importe de ne piquer dans la même boîte, ou le même tiroir, que des insectes de genre & de grosseur analogues ; ils résistent mieux à leurs chocs réciproques, & s’il en arrive, il y a moins de dégât ; mais un gros insecte détaché en brise, en roulant, des centaines de petits, & mutile les autres, les pattes des gros, les aîles de ceux qui les ont nues, &c.

6o. Il faut au-dessous de chaque insecte, piquer une carte avec le numéro qui répond au numéro du catalogue sur lequel l’histoire de chaque insecte est écrite.

7o. La boîte ou les tiroirs remplis, il faut placer la boîte ou le corps de tiroirs dans une autre boîte plus large, & remplir les vuides en-dessus, en dessous, sur les côtés, avec une couche de foin sec, de mousse ou d’étoupe, épaisse de deux pouces, envelopper la boîte extérieure avec une toile grasse, en plaçant encore de la paille ou du foin entre la boîte & la toile. Au moyen de ces procédés, les chocs, les cahots, les secousses sont amortis, il est rare qu’il se détache des insectes, accident commun dans les envois faits sans précautions.

Je reviens aux voyageurs qui peuvent n’avoir pas les choses nécessaires pour envoyer une collection de la manière que je viens d’exposer. Qu’ils fassent l’envoi des Coléoptères dans des flacons dont ils aient renouvellé la liqueur, celui des insectes à aîles nues, & à réseau dans de pareils flacons, mais à part. Et enfin l’envoi des Papillons entre deux feuilles de papier, en ne plaçant qu’un Papillon entre les feuilles, & en en roulant les bords.

Quelques personnes placent les insectes de tout genre entre deux couches de coton : c’est la plus mauvaise des pratiques ; les pieds, les Antennes s’y embarrassent, & il est comme impossible de ne les pas briser en enlevant le coton pour retirer les insectes, les poussières des Papillons s’y attachent, & le contact les décolore.

D’autres ont cru qu’il étoit avantageux de vuider les insectes, comme cela est nécessaire pour les grands animaux, & ils ont poussé, à cet égard, la patience à l’extrême. C’est un soin & un tems absolument perdus ; car les insectes sont toujours plus éloignés de l’état naturel, & ils se conservent bien mieux, même les plus gros, en les laissant seulement dessécher.