Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/309

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posent leurs œufs pour leur procurer la chaleur nécessaire ; car il paroît que ces œufs en ont besoin, ainsi que ceux des Mouches qui déposent les leurs dans les nids des Hirondelles ; il compare le corps des Mouches-Araignées à une bourse qui se ressert après la ponte ; mais ces Mouches sont très-communes, elles multiplient donc beaucoup, elles ne déposent qu’un œuf à la fois, il paroît donc indispensable qu’elles aient une vie assez longue pendant laquelle leur ponte se renouvelle. C’est sur quoi M. de Réaumur ne s’explique pas.

REDI.

Redi publia, en 1671, un traité latin, imprimé à Amsterdam, sur la génération des insectes. Quoique cet ouvrage ne forme qu’un très-petit volume in-12 & qu’il pût être réduit de peut être plus de moitié, en ne retranchant que ce qui est superflu, il a acquit à son auteur une réputation méritée. On avoit cru depuis la plus haute antiquité jusqu’à Redi, que les insectes étoient le produit de la corruption. C’étoit la croyance du vulgaire & le sentiment de tous les philosophes. Redi eut assez de force d’esprit pour douter de cette opinion générale, de génie pour découvrir & démontrer qu’elle étoit fausse, de sagacité pour trouver la vérité & de courage pour la faire connoître. Il n’employa que des moyens fort simples & il ne raisonna que d’après l’expérience ; il vit que la chair des animaux corrompue à l’air se couvroit de Vers ; il remarqua que ces Vers se changeoient en différentes espèces de Mouches ; il hésita après cette première observation à croire que la différence d’espèce des Mouches dépendît de la différence des chairs, il reconnut par l’expérience le peu de fondement de cette opinion ; il en fut affermi dans ses doutes ; il enferma quatre sortes de chairs dans quatre vases qu’il ferma exactement, s’étant bien assuré que les chairs soumises à l’expérience qu’il alloit tenter n’avoient pas été touchées par aucune espèce de Mouches, & il plaça des mêmes chairs dans des vaisseaux qu’il laissa découverts ; ces dernières furent bientôt la proie des Vers qui devinrent des Mouches différentes, tandis que les premières se gâtèrent & se décomposèrent sans qu’il parût aucun Vers à l’intérieur des vaisseaux qui les renfermoient.

Cependant Redi pensa que le contact de l’air pouvoit être cause de la différence des deux résultats ; il recommença donc la même expérience en couvrant les vases, dont il vouloit défendre l’accès aux insectes, avec une gase ou étoffe analogue qui leur en fermoit l’entrée & laissoit passage à l’air ; le résultat fut le même, & il ne se démentit pas dans les expériences que Redi répéta, & dont il fait l’énumération ; il plaça sous terre différentes chairs qui n’avoient pas été touchées par aucun insecte ; il les couvrit de terre avec soin, & les retira corrompues, mais sans y trouver de Vers ; il en conclut que lorsque des Vers dévorent les chairs recouvertes de terre, ces chairs ont été mises en terre chargées d’œufs que les insectes ont déposés avant que ces chairs aient été enfouies, & il le prouva en enterrant des chairs sur lesquelles des Mouches s’étoient posées auparavant, qui furent couvertes de Vers, tandis que les chairs qu’il avoit garanties du contact des Mouches n’en produisirent aucun.

Ce que je viens d’exposer suffit pour donner une idée de la manière dont Redi a procédé, comment il a reconuu l’erreur & découvert la vérité, ou que tout être vivant, comme il le conclut, & les insectes, comme les autres animaux, sont engendrés & qu’ils sont produits par une semence de leur espèce. Mais ce dont on doit le louer c’est qu’en établissant cette vérité généralement reconnue depuis, il a la générosité d’avertir qu’Harvé l’avoit présentée avant lui & avoit écrit que tout être vivant est le produit d’une semence.

Sans cette assertion d’Harvé, Redi n’eût