peut-être pas eu de doutes, & l’erreur eût encore subsisté long-tems.
J’ai dit que l’ouvrage de Redi, fort court, pouvoit être réduit de plus de moitié ; en effet il se borne, pour ce qui est essentiel à son objet, à l’exposition des expériences dont j’ai donné l’idée ; le surplus consiste en citations, en luxe d’érudition, suivant le goût du siècle, dont Redi ne sut pas se défendre en réfutant sur la production des insectes l’erreur qui régnoit alors. L’exposition des expériences, telles que j’en ai présenté l’apperçu, ne forme pas la moitié de l’ouvrage ; le reste contient des observations, remarques ou dissertations sur différens insectes & des citations sur ce que les anciens en ont écrit ; ainsi Redi discute les assertions des anciens sur la génération des Abeilles, sur le goût des Guêpes pour la chair des Serpens, qui exhalte leur courage & leur venin, &c.
Quelques faits curieux sont mêlés aux longues & inutiles citations que ces dissertations renferment : mais comme l’objet de Redi, la production ou génération des insectes, est rempli par les expériences dont j’ai parlé d’abord, & qu’à peu de chose près le surplus est étranger à ce même objet, je me bornerai à l’extrait que je viens de présenter. Un défaut dans l’ouvrage de Redi, c’est qu’il est écrit de suite, sans séparation des matières, de façon que c’est en quelque sorte un seul & long chapitre qu’il faut lire en entier pour savoir ce qu’il contient & en faire soi-même la division pour le bien connoître. On trouve dans le corps de l’ouvrage & particulièrement à la fin plusieurs planchés grossièrement gravées ; le plus grand nombre représente diverses espèces de Pous ou de Tiques, & sur-tout de Pous de différens oiseaux.
L’ouvrage de M. Roesel, composé de cinq volumes in-4o., petit format, parut à Nuremberg en 1746 ; il fut publié par cahiers ou fascicules, que l’auteur donna au public par intervalles. Il est formé de planches colorées, & d’une explication en Allemand ; la belle exécution des planches, leur correction réunirent les suffrages des amateurs & des naturalistes aussi-tôt que les premiers cahiers eurent paru. La suite des fascicules répondit à ce qu’on avoit droit d’attendre d’après les premiers & toutes les planches de l’ouvrage en général, sont parfaitement exécutées, à un petit nombre près dont les couleurs sont exagérées. Cet ouvrage est supérieur, quant aux planches, à ce qui avoit été exécuté antérieurement dans le même genre, & l’on n’a pas fait mieux depuis à cet égard. Quant au texte, nous ne pouvons en parler, parce qu’il est écrit dans une langue qui nous est étrangère, & qu’on n’en a pas encore donné de traduction. Il paraît par son étendue, par ses planches auxquelles il a rapport que M. Roesel est entré dans les détails des habitudes des insectes & même, par rapport à plusieurs, dans les détails des descriptions anatomiques. Il est donc à regretter qu’on ne nous ait pas encore fait connoître un auteur dont une partie de l’ouvrage fait autant espérer de la partie la plus intéressante. C’est un service à rendre à la science, & auquel nous invitons ceux qui pourroient procurer cet avantage, de faire connoître ce qu’on pouroit attendre de la traduction entière de l’ouvrage, en donnant celle de quelques morceaux relatifs aux habitudes & à l’organisation de quelques insectes. Bornés à ne parler que des planches, nous observons qu’elles représentent beaucoup d’insectes d’Europe, & un nombre assez considérable d’insectes étrangers, que l’auteur a le plus souvent représenté, par rapport aux insectes d’Europe, la Larve, la Chrysalide, l’insecte & une feuille ou une branche de la plante qui lui sert de nouriture : la dernière partie du troisième volume contient une histoire des Polypes.
M. Schaeffer a publié trois volumes in-4o.
