Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/33

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insectes pendant les secousses légères dont on agite le câdre ; des dépouilles, ou pellicules fendues en dessus, fort petites, d’un brun clair, & ayant à leur extrémité deux espèces de petites cornes droites & horizontales.

Les Anthrennes ne se reproduisent que dans une saison, c’est aux mois de mai & de juin ; les larves qui naissent vers la fin de l’été, mangent & croissent fort peu dans les commencemens ; elles sont en activité pendant l’automne & l’hiver, & elles passent, à la fin de cette dernière saison, à l’état de chrysalide. C’est donc pendant l’automne & une une grande partie de l’hiver que les larves des Anthrennes exercent leurs dégâts ; les grands froids les engourdissent, mais les froids modérés ne retardent pas leurs ravages : les Anthrennes, dans leur état de perfection, sont dangereuses & par leur dégât, & par la ponte de leurs œufs, dans les mois de mai & de juin. Ces insectes sont si voraces, que les Anthrennes qui passent les dernières à leur état de perfection dans un câdre, dans lequel d’autres qui ont atteint plus tôt ce terme, sont mortes, elles s’en nourrissent.

Les Bruches sont, comme les Anthrennes, difficiles à découvrir à cause de leur petitesse ; mais une habitude assez extraordinaire, qui leur est particulière, les décele. Elles se cachent le jour, & elles sont en mouvement la nuit. Ces singuliers insectes n’ont qu’une génération par an ; elle a lieu au plus fort de l’hiver, dans les mois de janvier & de février. C’est alors que les Bruches sont parvenues à leur dernier état & qu’elles multiplient. Les froids les plus forts ne les engourdissent pas. Dans une chambte dont j’avois laissé les croisées ouvertes pendant plusieurs jours de suite, durant une forte gelée, je vis au mois de janvier, le soir à minuit, des Bruches marcher sur les parois de boîtes dans lesquelles je conservois des oiseaux empaillés : dans la journée les Bruches se cachoient, & je n’en voyois aucune. Leur histoire prouve qu’il n’y a aucun tems de l’année où il ne soit dangereux de laisser les substances animales desséchées exposées à l’air.

Les larves des Bruches sont de très-petits Vers à six pieds, dont la dépouille est une pellicule qui n’est pas terminée par deux prolongemens comme celle des Anthrennes. On peut, à l’inspection de cette dépouille, reconnoître les larves des Bruches & celles-ci, en cherchant à les voir la nuit à la lumière. Les larves naissent au printems, & passent à l’état de chrysalide à la fin de l’été ; ainsi, les larves de ces insectes sont en vigueur pendant le printems & l’été, & l’insecte parfait dans le plus fort de l’hiver.

Les Teignes ne s’attachent qu’aux insectes dont le corps est velu ou dont les aîles sont farineuses ; c’est par cette raison qu’elles ne sont guère à craindre que pour les Papillons. Quelquefois cependant elles coupent aussi les aîles à réseau pour s’en nourrir & s’en envelopper ; mais leurs plus grands ravages tombent sur ces grosses Phalènes dont le corps est très velu. On sait que les Teignes naissent de ces petites Phalènes qui volent en été dans les apparremens ; ceux-ci ne sont redoutables que par le dépôt de leurs œufs ; ils ne font par eux mêmes aucun mal. Les larves naissent en automne, croissent peu pendant cette saison & durant l’hiver ; mais leur crue est prompte au commencement du printems, & leurs dégâts sont rapides alors : on ne voit que difficilement ces insectes cachés parmi les poils qu’ils coupent, & couverts d’un fourreau fait de ces mêmes poils ; mais les les excrémens des Teignes les font facilement reconnoître ; ce sont de petits grains grisâtres, rudes & âpres au toucher. En secouant le câdre, les poils qui sont coupés se détachent, tombent, & indiquent le mal qui existe. Les larves deviennent chrysalides en avril, & Papillons en mai, juin, juillet & août. Il y a donc, pendant ces mois, le dépôt des œufs à craindre, pendant la fin de l’automne, l’hiver, & sur-tout pendant le commencement du printems, les dégâts des larves.