Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/400

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les étudier & de les connoître, si on ne les distribuoit en grandes masses, & si on ne faisoit des divisions & des subdivisions qui soulagent la mémoire & facilitent la recherche des espèces. La meilleure méthode seroit sans doute celle qui nous les présenteroit dans une série telle que tous les genres & toutes les espèces se trouveroient, autant qu’il est possible, placés à la suite les uns des autres, & dont l’ensemble formeroit une chaîne non interrompue : mais il faudroit pour cela connoître toutes les espèces qui se trouvent répandues sur le globe, connoissance que nous sommes bien loin d’avoir, & à laquelle nous ne parviendrons jamais. Dans le tableau méthodique des insectes que je vais présenter, j’ai tâché de me rapprocher, autant que je l’ai pû, de cette série, que je crois nécessaire pour faciliter l’étude de ces petits animaux. La première classe renferme les plus beaux insectes, les plus parfaits, ceux qui ont quatre aîles égales, qui réunissent tous les caractères que nous assignons aux insectes. Nous passons insensiblemsnt à ceux dont les aîles supérieures ne peuvent plus servir à voler, & qui font simplement l’office d’étuis : ceux-ci nous conduisent aux insectes à deux aîles, & delà nous parvenons à ceux qui n’en ont point, mais qui ont six pattes, ainsi que tous ceux qui les précèdent, & qui ont des antennes & des stigmates. Ceux qui suivent ont un nombre plus considérable de pattes, ils n’ont point de stigmates, ils n’ont point d’antennes, & ils ne subissent point de métamorphoses ; en un mot, ils s’éloignent beaucoup, des autres insectes. Notre tableau est terminé par les crustacès qui forment visiblement le passage des insectes aux coquillages & aux vers. À l’imitation de MM. Linné ; Geoffroy, Degéer, Schaeffer, & de presque tous les Auteurs méthodistes qui ont écrit sur les insectes, nous avons tiré les caractères principaux de nos classes du nombre, de la forme & de la consistance des aîles & de leurs étuis : les parties de la bouche nous ont fourni un caractère secondaire très bon & très facile à saisir. Nous avons tiré des aîles, de la bouche & des tarses des caractères pour la subdivision des classes un peu nombreuses. Peu jaloux de nous ouvrir une route nouvelle, nous avons préféré d’applanir celle que ces illustres auteurs nous ont tracée. Nous avons cherché à profiter de leurs travaux en nous permettant cependant toutes les corrections que nous avons jugées nécessaires pour faciliter l’étude d’une des plus intéressantes parties de l’histoire naturelle. On pourra consulter à l’article aîle le tableau des classes de ces auteurs.

Nous aurions désiré suivre dans cet ouvrage le systême entomologique de Fabricius fondé sur les parties de la bouche. Nous avons étudié ce systême autant qu’il nous a été possible ; nous avons disséqué la bouche de plus de deux mille insectes ; nous avons vu avec plaisir que ce systême, en se perfectionnant, peut devenir très-utile, principalement pour l’établissement des genres ; mais nous doutons qu’on puisse jamais tirer, des parties de la bouche, le caractère des classes, avec plus d’avantage que des aîles. Les reproches que nous croyons être fondés à faire à ce systême, c’est que les parties de la bouche sont souvent très-difficiles à appercevoir : qu’il est souvent impossible de les séparer assez pour les bien examiner ; qu’elles sont presqu’entièrement semblables dans les insectes de différens genres : & qu’on trouve d’ailleurs des insectes très-différens entr’eux par toutes les parties du corps, & spécialement par celles de la bouche, qui cependant sont rangés, par l’illustre auteur dont nous venons de parler, dans la même classe ; tandis que d’autres, qui ne présentent presque point de différences, sont placés dans des classes différentes. Ce systême auroit donc exigé un plus grand nombre de classes, dont quelques-unes n’auroient eu que deux ou trois genres, tandis que d’autres en auraient eu un nombre très-considérable. On ne voit pas, par exemple, le rapport qu’il ya entre la bouche d’une libellule & celle d’une araignée : d’un monocle & celle d’un ichneumon, d’un oœstre, d’un bibion, d’une mouche, & celle d’un pou, d’une mitte ; cependant ces insectes sont placés dans les mêmes classes. N’y a-t-il pas d’ailleurs beaucoup de ressemblance dans la bouche & dans toutes les parties du corps, entre un hémérobe, un fourmilion & une libellule, un monocle & un crabe, un ïule & un cloporte, une araignée, un scorpion & une mitte ? & malgré cette ressemblance, ces insectes sont placés dans des classes différentes. Voyez Bouche.