Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/399

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épargné que les métaux & les pierres.

Il n’est peut-être point d’animal qui ne soit attaqué par quelques insectes. Les poux, les puces, les mittes, les cirons s’introduisent sous les poils & les plumes des quadrupèdes & des oiseaux, & en sucent le sang. L’espèce de puce connue en Amérique sous le nom de tique, va se nicher sous la peau des hommes sales, mal-propres, ou qui marchent à pieds nuds dans les champs ; elle y grossit prodigieusement, s’y multiplie à l’infini, y cause une légère démangeaison à laquelle on feroit peu d’attention si on ne savoit que la cachexie & la mort seroient les terribles suites de la négligence qu’on mettroit à se délivrer de ce dangereux ennemi. Nous ne dirons rien de la punaise des lits, cet insecte si dégoûtant par son odeur, si incommode par son aiguillon, & qui fait se multiplier malgré les soins que nous prenons pour le détruire. Les poissons & les cétacès ont aussi leurs poux : les aselles de mer, connues dans quelques villes maritimes sous le nom de pives, s’attachent fortement aux corps des poissons, y font de larges plaies & le font souvent périr. Le poisson attaqué par les pives est maigre, & sa chair est toujours d’un mauvais goût. Tout le monde connoît les ruses merveilleuses de l’araignée & de la larve du fourmilion.

On a cru pendant longtems que la chair des animaux en s’altérant produisoit des vers, jusqu’à ce que les observations de Rhedi nous aient appris que ces vers étoient la larve d’une mouche qui y avoit déposé ses œufs. Ce qui le prouve, c’est que si on enferme soigneusement de la chair dès que l’animal à qui elle appartient a été tué, elle se putréfie sans qu’il y ait jamais aucun ver. On surprend d’ailleurs souvent la mouche au moment qu’elle fait sa ponte. On peut observer alors que ces œufs éclosent au bout de deux ou trois jours, & même de quelques heures lorsque la chaleur est un peu forte, que les larves qui en sortent grossissent assez promptement, qu’elles passent à l’état de nymphe de la seconde espèce, & qu’elles deviennent ensuite des mouches semblables à celles qui avoient déposé leurs œufs sur cette chair. Les vers sauteurs du fromage deviennent aussi de petites mouches au bout de quelques jours. Les larves des dermestes, des nicrophores, des boucliers, des anthrenes, des staphylins, de la plûpart des mouches, &c. vivent dans les cadavres, hâtent leur putridité & les consomment dans peu de tems. Ces insectes sont attirés de toute part par l’odeur des viandes en putréfaction. On les voit de même accourir en foule sur les fleurs d’une espèce d’arum qui répand une odeur cadavereuse. Les pelleteries, les draperies, en un mot, toutes les dépouilles d’animaux sont dévorées par les larves de ces insectes, & par celles des teignes. Les naturalistes & les marchands d’objets d’histoire naturelle ne savent que trop combien il est difficile de s’en garantir. Les bouses des vaches & les fientes des animaux servent d’aliment à la plupart des larves des coléoptères & des diptères. On y trouve surtout des scarabés & des staphylins. Une seule de ces bouses, dit M. Géoffroy, devient une espèce de trésor pour un naturaliste curieux. Nous ne finirions pas si nous voulions faire mention de la nourriture des différens insectes. On trouvera tous les détails que nous aurons cru nécessaires à l’article de chacun d’eux.

Mais si plusieurs insectes nous font beaucoup de mal, s’ils dévorent nos plantes & nos fruits, s’ils ravagent nos meubles & nos habits ; nous en sommes bien dédommagés par les avantages que nous retirons de la plupart d’entr’eux. C’est un insecte qui nous fournit le miel, cette liqueur si douce & si agréable : c’est un insecte qui travaille pour nous la soie, cette précieuse matière : un autre fournit la couleur la plus brillante ; un autre donne à la médecine un remède utile aux maladies les plus graves : quelques-uns nous servent d’alimens ; & sans parler de tant d’autres dont les usages ne sont pas moins connus, nous devons espérer que nous retirerons un jour de plus grands avantages des insectes, lorsque nous les connoîtrons mieux, lorsque nous aurons un peu plus étudié leurs habitudes, & lorsque des expériences bien faites nous auront mieux fait connoître leurs vertus médicinales & leurs propriétés économiques.

La nécessité d’une bonne méthode en histoire naturelle, est trop généralement reconnue aujourd’hui pour nous arrêter à en discuter les avantages. Les insectes, d’ailleurs, sont si nombreux qu’il seroit impossible de