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dernier anneau, & d’où sortent les parties qui constituent son sexe.

Les pattes sont assez longues. Les postérieures sont plus longues que les intermédiaires, & celles-ci le sont un peu plus que les antérieures. Les cuisses sont larges, aplaties & attachées au corps par une large & grande pièce nommée hanche. Les jambes sont longues, un peu aplaties, à-peu-près d’égale épaisseur dans toute leur longueur & garnies de beaucoup de piquants. On voit aussi quelques piquants moins longs & moins forts que ceux des jambes, à la partie postérieure des cuisses. Les tarses sont plus minces & plus déliés que les jambes : ils sont composés de cinq articles, dont le premier est aussi long que les trois qui suivent, pris ensemble ; le dernier est long & terminé par deux petits crochets. Ce qu’il y a de bien singulier, c’est que quelques espèces n’ont que quatre articles aux tarses des pattes postérieures, c’est ce qui a fait placer ces insectes, par M. Geoffroy, dans la division qu’il a faite des insectes dont les quatre pattes antérieures ont cinq articles & les postérieures quatre seulement. J’ai une femelle de la Blatte des cuisines qui a cinq articles à une des pattes postérieures & quatre seulement à l’autre. Cette différence est d’autant plus remarquable qu’il n’y a aucun insecte que je connoisse où ces parties varient comme dans ce genre.

Les élytres, qui servent à couvrir & à défendre les ailes, sont d’une consistance moyenne entre l’écailleuse & la membraneuse, c’est-à-dire, qu’elles sont coriaces comme du parchemin fin & mince. Elles sont un peu en recouvrement, & elles se terminent en pointe arrondie ; elles sont alongées & garnies de nervures longitudinales : on y en distingue trois principales qui partent de la base de l’élytre & qui donnent naissance à plusieurs autres. Celle du milieu est relevée, & va de la base à l’extrémité de l’élytre, presque en ligne, droite ou en serpentant légérement. L’intérieure est creusée & courbée ; elle va se terminer vers le milieu du bord interne de l’élytre, de sorte qu’elle forme presque une figure ovale avec la nervure opposée de l’autre élytre. L’extérieure est moins marquée que les deux dont nous venons de parler, & elle va se terminer au bord externe.

Les ailes, au nombre de deux, sont pliées longitudinalement en évantail, & jamais transversalement comme le font celles des Coléoptères. Leur longueur est presque toujours égale à celle des élytres : elles sont membraneuses, & garnies de beaucoup de nervures tant longitudinales que transversales : mais les principales suivent une direction longitudinale.

Les ailes & les élytres manquent à la femelle de la Blatte des cuisines ; on apperçoit seulement un moignon d’élytres & point d’ailes. La Blatte de Petiver a les ailes plus courtes & plus petites que les élytres, & celles-ci sont plus larges que dans les autres espèces.

Les larves des Blattes ne diffèrent de l’insecte parfait que par le défaut d’ailes. La nymphe n’en diffère non plus que parce qu’on lui voit le commencement des ailes & des élytres qui croissent & se développent peu à peu. Celle-ci d’ailleurs court avec la même agilité & fait usage des mêmes alimens que la larve & l’insecte parfait.

Les Blattes sont fort agiles ; elles courent avec beaucoup de vitesse & font plus ordinairement usage de leurs pattes que de leurs ailes, quoique quelques-unes volent très-bien. La plupart fuyent la lumière & ne paroissent que la nuit, ce qui leur a fait donner, par les anciens naturalistes, le nom de lucifugæ, insectes qui fuyent la clarté. Quelques espèces vivent dans les maisons où elles sont très-incommodes, mangeant & rongeant tout ce qu’elles trouvent, mais principalement le pain, la farine, le cuir, le sucre, le fromage & différentes provisions. Elles se cachent pendant le jour dans les trous & les fentes des murs, derrière les tapisseries, dans les angles des armoires, &c. Elles sortent la nuit & se répandent partout, mais la clarté d’une lampe suffit pour les écarter & les faire fuir.

Scopoli rapporte que la racine de Nymphea ou Nenuphar, cuite avec le lait, tue les Blattes & les Grillons, & que la vapeur du charbon de pierre qu’on brûle les fait pareillement périr.

L’accouplement de ces insectes qui évitent la clarté & se sauvent au moindre bruit, a été peu observé ; ou sait seulement que la femelle pond un ou deux œufs très-gros, presque de la grandeur de la moitié de son ventre, cylindrique, mais arrondi par les deux bouts & relevé d’un côté en carène. Dès qu’elle est éclose, la larve court, & vit avec les insectes parfaits ; on en voit souvent plusieurs ensemble de grandeur différente, suivant leur âge. Frisch rapporte que la femelle de la Blatte des cuisines (Blatta orientalis) garde pendant quelques jours, à l’orifice de la partie qui caractérise son sexe, l’œuf qu’elle est prête à pondre, & qui est d’une grosseur considérable. Il se passe, dit-il, plus d’une semaine avant qu’elle le quitte entiérement.