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DISCOURS


sous le règne de loix plus conformes à celles de la nature & sous l’empire de la raison. La plupart des modèles que Platon a tracés, n’existent pas. Ce seroit une dangereuse chimère que de vouloir les réaliser, mais il est permis à notre foiblesse de tenter de s’en rapprocher, d’observer avec soin tout ce que le progrès des lumières & du temps, tout ce qu’un concours inespéré de circonstances, peut introduire parmi nous de ses sages préceptes. C’est sous ce point de vue qu’il faut lire la république de Platon ; on ne peut, sans remonter à cette source précieuse de la justice, concevoir pour les hommes des projets dignes de leur destinée & de l’élévation de leur nature. Les sages théories de gouvernement que des modernes ont tracé, & dont on a déjà pu réaliser quelques parties, rappellent les principales idées morales que Platon a conçues sur les loix & sur leur origine.

Xénophon.

Les anciens regardoienr Xénophon comme rinterprète le plus fidèle des leçons deSocrate. Dans le livre qu il a lailTé sous le titre des Entretiens de Socrate, ce sage ne s’élève jamais au defTus de lui-même. C*est toujours avec la même facilité, le même abandon, la même férénité qu’il communique, (bit à ses difciples & ses amis, foit à les antago— niftes & ses perfécuteurs, les leçons d’une morale pure & perfuafive. Il n’a point ce caraâère de l’infpiratîon qui règne dans la plupart des dialogues de Platon, mais il a utie manière plus intime, une mahx>de plus (impie & plus exade j plus dégagée de toutes fubtilités. Ses confeils s’étendent à toutes les circonftances de la vie, il n’y a point de vertus qu’il ne parcoure, qu’il n’embel— liffe’, il ne les place point dans une théorie brillante, il en montre toujours la pratique ftifée de pleine de charmes. Il mêle à toutes ses leçons^ cet enjouement, ce fel attique, qui l’avoir fait furnommer l’abeille. S’il a ii combattre la préfomption, R commune aux Athéniens, il engage avec une adrefle infi— nie fes. interlocuteurs dans mille embarras^ millç contradiâions y il leur arrache des aveux


pénibles ; mais il a toujours soin de joindre à ce’te humi iacion paffagèrc des encouragemens doux & flatteurs, il les place (ur la route même de. la vertu & leur demande après ce qu’ils ont à regretter dans leurs pré* mières erreurs.

Xénophon dans ses antres écrits j a crendii cette sagelle aux parties les plus difficiles de la* politique^ Les leçons d’adminiftratioa qu’il a données, repofent sur des principes d oc « dre & de prudence qui s’appliquent encore aux fiècles les plus éloignés j aux ufages, aux mœurs les plus diverfes.

Il suffifoit à Xénophon de se peindre luW même pour lailTer des modèles dans plus d’un genre ; modede dans sa Philosophie qu’il cul— civoit au milieu des camps, & dans’e fonc— rions les plus difficiles & les plus orageufes, il n*a point connu l’orgueil des fyftêmesi il femble avoir toujours vécu sous les yeux de Socrate ou avec l’infpiration ^e son génie ; sa vie est à la fois la leçon des gueiriers & celle des sages.

Aristote.

Le génie vafte & univerfel d’Ariftote ne pouvoir manquer de cultiver la morale & d’y puiferla fource de ses plus grandes obfer— vations, le point de ralliement de tous ces fyftêmes. Cependant Ariftote trop dominé sans doute par l’orgueil de donner à la rai-— son humaine de nouvelles méthodes, & de l’afTujettir en quelque forte à ses propres combinaifons, a laislé quelque fécherefle dans une partie où sa raifon pouvoir parlée de concert avec son fentiment. Il n’a point confidéré la morale sous le grand rapport ^ sous lequel les anciens la confidéroient ; il a très-peu appliqué ces maximes à la théorie des gouvernemens. Auffi son génie ne fera— t il nullement invoqué par ceux qui oferonc entreprendre par une grande réforme des loix, la régéneration.des mcpurs d’une grande nation. L’atitorité d’Ariftote est peut-être ce qui a le plus introduit cette funeste différence qu’on s’est attaché a mettre entre la politique & la morale. Il a plus confidéré ce qui donne