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DISCOURS


plus souvent de leurs préjugés Sc de leurs institutions, Sc qu’il n’est aucun vice de famé, où ne se trouve mêlée quelque erreur de l’esprit. J’ajouterai encore qu’eux seuls cnt connu l’art d’établir lordre Sc la liaison dans coûtes les vérités. Les anciens fans avoir connu cet art, fans avoir connu ce sublime dessein , ou du moins fans avoir eu jamais des moyens d’exécution, se sont moins occupés de répandre la sagesse parmi les hommes que de former quelques sages parfaits. A la gloire d’avoir tracé des modèles plus, sublimes des devoirs & des travaux des sages, ils joignent la gloire plus précieuse encore d’avoir formé quelques hommes fur ces modèles ou de les avoir réalisés eux mêmes. Ainsi l’on peuc dire que la sublimité Sc je dirai presque la perfection de la morale est dans les écries des anciens, Sc que l’arc de la communiquer & de la répandre, d’assurer ses progrès Sc son empire, appartient aux modernes. Sénèque est un des Philosophes qui fe font le plus occupés de la perfection morale. Aux yeux de ceux qui n’ont aucun désir, aucun besoin d’y atteindre , il n’a cracé qu’une criste chimère faire uniquement pour dés spérer les hommes Sc consumer leuis jours dans des efforts infructueux. On ne peut douter que parmi les détracteurs de Sénèque, il n’y aie un grand nombre de décracteurs réfléchis de la vercu. Il est impossible d’avoir lu ses écries,fans reconnoître ecc amour profond de la sagesse qu’il est impossible de feindre avec tant d’arc ou de démentir dans fa conduite avec cane d’impudence. Je fais qu’une plus grande simplicité dans son style, moins d’abondance dans ses développemens, eussent rendu ses leçons plus naturelles^ plus faciles, eussent encore mieux attesté la sincérité de son ame, mais si Sénèque en prêchant une austérité sublime, n’a pu se défendre d’un éclac dans son style qui en altère la pureté, que peuc - on conclure contre l’excellence de fa morale^ de ce penchanc particulier de snn imagination. Sénèque parleà des hommes séduits pat cous les prestiges de Ijxe Sc d’une volupté savante, il cherche à les séduire paíftd’aucres charmes, il combat leur inattention* <% il la dompte en quelque force par la fécon- indicé de ses raisonnemens. Il semble parler "

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cour à-cour pour cous les esprits. Ainsi que Platon , il paie un tribut aux subtilités scho- • lastiques touc en les atcaquanc, il a rarement l’abandon d’une ame inspirée , mais il a fans cesse des traits & des pensées sublimes. Ses lettres à Lucius portent l’empreinte d’un naturel qui eûc ajouté un grand prix à tous ses ouvrages. C’est-là que Sénèque se peine à chaque instant, Sc qu’il peint surtouc la noble ambicion qui occupe sa vie & celle donc il voudroic pénécrer le coeur de son ami. Si le portrait est beau, ce n’est pas une raison de ne le pas croire ressemblant. Ses traités fur la colère , fur les bienfaits , font écrits avec une logique supérieure qui feroit encore plus pressante, si elle étoit moins habile & quelquefois moins minirieuse. Sent- ; que seroic encore un grand modèle pour la raison, quand il ne seroic pas un excellent guide pour la vercu, le craicé fur la clémence, peur être regardé comme la production la plus sublime de Sénèque. MARC-AURELE. Marc-Aurèle & son prédécesseur ont réalisé cette pensée de Platon., que les hommes ne scroienc heureux que quand ils feraient gouvernés par des philosophes. Les pensées de Marc-Aurele, rapprochées de fa vie, font le plus bel hommage que la Philosophie aie reçu, il n’a écrie en partie que pour lui-même ; elles ne sonc autre chose que les encouragemens qu’une ame vertueuse sedonne à elle même. On n’y voie rien qui soit particul er au maître de l’univers, touc s’y adrelle á l’homme , mais à hhomme qui connoîr touce la perfection de son être & qui chaque jour s’en approche. Il semble en lisant ses pensées , que l’on habite, que l’on s’encrecienc avec la conscience de Marc-Aurele. Quelle réponse il fournit à toutes ces aines feoides qui ne connoissent point le faine enihoii-