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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.


L’Arabie, la Perse, l’Inde, le midi de la Chine, & la plupart des îles qui font partie de ces heureuses contrées, sont des climats où toutes les espèces de coton sont indigènes : ils y sont, en général, de la plus grande beauté. Le kapoc, qui vient sur un arbre que l’abbé de la Caille a vu au Cap de Bonne-Espérance, & où il a donné son nom à une montagne, est une sorte d’ouate, trop courte pour être filée, mais douce, fine & assez diadique pour qu’on l’emploie à faire des lits comme nos lits de plume.

En Grèce, où la culture & l’usage du coton se répandit, & où il étoit connu sous le nom de gossipion ou xylon, & la toile qui en provenait, sous celui de toile-xyline, celui de l’île de Cos fut singulièrement estimé, ainsi que les étoffes où on l’employa avec beaucoup d’art. On distinguoit encore, en Grèce, parmi diverses boures végétales, le lin orkhomène, duvet d’un roseau qui croissoit sur les bords du lac Copaïs, en Béotie. De semblables roseaux du Nil & des fleuves de la Perse & de l’Inde ont fourni des duvets qu’on filoit également. L’apocin de Syrie, plusieurs autres plantes, des chardons particulièrement, donnent une sorte de coton qu’on a filé & employé en vêtemens. On fabriqua aussi des étoffes légères avec une sorte de filamens doux, qui retiennent le nom de soie d’huitre, de ce qu’ils croissent sur des coquillages qui en sont attachés les uns aux autres & aux rochers. Cette matière souple & résistante, dont les Tarentins font encore des gants & des bas très-fins & très-chauds, a été mal à-propos confondue avec le byssus : ce lin, de la plus grande beauté, soit qu’il vînt d’Egypte ou que l’Elide le produisit, qu’on teignoit souvent en pourpre, & dont on faisoit des toiles, n’avoit du reste de particulier que sa dénomination.

La flexibilité du coton, sa douceur, la facilité de le mettre en œuvre & d’en fabriquer divers tissus depuis ces toiles, que les Anciens appeloient des brouillards, jusqu’aux voiles des navires qui résistent aux vents les plus impétueux, tout a concouru à faire rejetter les matières précédentes, qui n’ont en effet aucune de ces qualités dans un degré bien éminent. Je ne fais même aucun doute que ce ne soit à la découverte du coton & à la multitude des usages auxquels il est propre, qu’on ne doive attribuer la diminution de la culture du lin dans le Levant, en Perse, & sur-tout en Egypte, où les Anciens en faisoient un si grand commerce, & dont le terrein léger & gras est peut-être un des plus favorables du monde à ce genre de production.

Laine.Un des plus grands revenus des chefs & des rois, dans la haute antiquité, étoient les troupeaux, & singulièrement ceux des bêtes à laine. Dieu, dans l’Ecriture, récompense le juste par la prospérité de ses trou-