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NOTICE RAISONNÉE,

Pour tenir lieu de Sommaires, des objets contenus dans le Supplément.

JE l’ai déja dit : la description des arts mécaniques est si seche, si aride ; elle a tant d’épines, elle est si minutieuse, &, à la fois, si coûteuse, par les recherches & les expériences qu’elle entraîne, que, sans l’idée & l’amour de l’utilité publique, je ne sais qui pourroit en soutenir le travail. Qui encore, quelque exercé qu’il soit, peut se flatter qu’il sera au courant des connoissances de ce genre, au moment où, après avoir mis tout en œuvre pour ne rien laisser en arriere, ses descriptions seront mises au jour & répandues dans le monde ?

L’esprit, naturellement inquiet, sans cesse aiguillonné par le besoin, par l’intérêt, par l’avarice, dirige toutes ses facultés sur l’objet de son desir ; il les concentre toutes dans ce foyer de son ambition : it perfectionne les connoissances acquises, il en acquiert de nouvelles, &, sur-tout quant aux arts, que l’homme exerce par état & pour vivre, il tient secret tout ce qu’il fait, & qu’il présume n’être pas su par d’autres. Inutilement l’écrivain s’enquiert-il : l’amour du gain tourne en dérision celui de la gloire, tant il redoute que la communication de ses idées nuise à ses intérêts. Ainsi, les choses même les plus neuves, quand on les recueille, n’ont plus le mérite de la nouveauté lorsqu’elles sont écrites ; & l’homme fatigué de recherches, blanchi par les travaux, court le risque d’être jugé n’avoir rien fait.

Le Supplément de la premiere partie, le Vocabulaire qui le fuis, & le Dictionnaire des peaux & cuirs, toutes choses que je donne à la fois, pour paraître en même temps, forment un travail de longue haleine, commencé depuis bien des années, & dont je me suis constamment occupé. A quelques articles près, à revoir, tout étoit achevé, & en plus grande partie livré à l’impression, en août 1788. Au mois de décembre de la même année, je complette la livraison, & je me mets hors d’état d’y rien changer.

Ainsi, sur ce qui est de ce temps, même, dans quelque cas, sur ce qui lui est antérieur, & sur tout ce qui lui sera postérieur, on ne doit rien m’imputer à négligence, peu même à ignorance, combien que je puisse avoir vieilli à cet égard, en attendant que mes idées soient mises au jour. Dans

Manufactures & Arts. Tome II, Part. I.
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