un temps où tous les esprits sont en fermentation, où beaucoup d’ames ardentes attirent sans cesse le feu des recherches, où, parmi les diverses sortes de trempes, & la diversité des affections ou des intérêts qui les dominent, tout semble être mis à contribution, il faut bien s’attendre à des opinions, à des situations différentes, à de nouveaux produits, de nouvelles découvertes de tous les genres.
En finissant la premiere partie de cet ouvrage, je commençai à la reprendre en sous-œuvre : je revins sur tous les objets, & je donne aujourd’hui ce que je crois pouvoir & devoir ajouter à chacun d’eux. Je ne dis pas que je perfectionne mon travail : je ne le crois susceptible de perfection que par de semblables additions, souvent & aussi long-temps répétées que les hommes auront des besoins, de l’activité & de l’industrie. J’ai formé le plan ; j’ai ouvert la carriere ; j’ai commencé de la parcourir : c’est tout ce que j’ai prétendu. Un autre pourra beaucoup ajouter à ce que j’ai fait : peut-être lui en aurai-je facilité les moyens.
Depuis le temps où je rassemblois & rédigeois les matériaux du Discours préliminaire de la premiere partie de cet ouvrage, la liste des voyagess s’est beaucoup accrue. Des hommes aussi courageux & plus instruits que les précédents voyageurs, sans la soif de l’or, & avec l’avidité d’acquérir des connoissances, nous ont transmis, & la notice des productions de diverses contrées du tour du monde, & l’usage où sont les peuples d’employer en vêtements celles qui y sont propres. Ils sont entrés, à cet égard, dans quelques détails trop analogues aux matieres que je traite, pour les avoir entièrement passés sous silence.
Les naturalistes retrouveront ici, sans peine, la citation de ces productions, que l’homme fait si bien s’approprier : les curieux des usages les verront décrits encore avec plaisir : & les artistes essentiellement, soit par l’idée des objets, de leur nature, de leurs propriétés, soit dans la suite & la variété de leurs modifications, peuvent y trouver de l’intérêt. Ce n’est guere qu’en s’instruisant de ce que les autres font, de quoi & comment ils le font, qu’on peut varier & perfectionner ce qu’on fait soi-même : c’est par la communication des idées qu’on en accroit la masse, & qu’on leur donne de l’intensité.
Des vues sur le blanchiment, nouvellement répandues dans les journaux, ont dû amener quelques observations de ma part. Que nos savants visent aux découvertes : mon objet est d’examiner jusqu’à quel point elles sont utiles ; car les artistes qui s’aventurent sur parole, en perdent souvent jusqu’à la croyance des choses vraies, & se sentent éloignés de celles mêmes qui sont
