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NOTICE RAISONNÉE.


les plus utiles. Un bien bon ouvrage, le meilleur à faire, aujourd’hui que nous en avons tant, seroit le triage de ceux qui portent l’empreinte de l’utilité : ce travail seroit long : le résultat ne le seroit pas ; & que de peines il épargneroit aux bons esprits ! que de temps perdu il leur éviterait ! que de connoissances dont il leur faciliteroit l’acquisition ! connoissances dont on est presque toujours dévié par l’illusion du jargon scientifique, la manie des systémes & des conjectures, fruits de la paresse & produits de l’ignorance.


La Bonneterie aussi, quoi qu’on en ait prôné, a peu acquis depuis cette époque. On a réchauffé quelques idées qui, à vrai dire, n’étoient pas anciennes, mais on n’en a ajouté aucune à celles que j’avois publiées : il n’y a guere eu, ce me semble, de neuf, à cet égard, que quelques prétentions, de la jactance & de l’argent donné, ce qu’on nous a bonnement cité en preuve de la vérité & de l’importance de telles découvertes. On verra à quoi tout cela se réduit.

Ce que je voulois faire remarquer ici, c’est que la Bonneterie, longtemps maltraitée par notre législation réglementaire, me donna lieu d’insister sur les effors de cette derniere, pour en démontrer les dangers. Qu’ils furent horribles, dans ce dernier temps, pour la ville de Lyon ! Puisse, ce que j’en ai dit, en perpétuer la mémoire, & tenir sans cesse sous les yeux de ceux qui gouvernent & commandent, le tableau désastreux des calamités de ce genre ! Puisse-t-il pénétrer leur cœur, animer leur vigilance, & à jamais écarter de nous un pareil fléau[1]!

* a ij
  1. Je ne puis, en ce moment, placer ailleurs une observation que je ne veux cependant pas omettre, parce qu’elle a le plus grand rapport aux matieres que j’ai traitées, & meme à celles dont il est ici question.
    J’entends de toutes parts, à Lyon, vanter deux ou trois marchrands fabricants d’étoffes de soie, comme les seuls qui, dans le temps de la grande crise de 1786, continuerent de payer aux ouvriers le prix des façons, sur l’ancien pied : & vouloir, en même temps, blâmer & réputer infames (car c’est l’expression, qu’en cette circonstance & à cette occasion, j’ai entendu retentir plusieurs fois) ceux des autres marchands fabricants qui avoient fait travailler les ouvriers à prix defendu.
    À cela, je n’ai rien dit nulle part, parce que, dans le plus grand nombre de circonstances, & en face de beaucoup de gens, parler justice & raison, c’est compromettre l’une & l’autre & les profaner. Mais ici, je puis & dois m’exprimer.
    Si, dans telle circonstance, par la nature de leur commerce, la situation de leurs affaires, la trempe de leurs correspondants, l’espece d’ordre, d’avis, de pressentiment, enfin quelque disposition de choses que ce soit, des fabricants, des marchands, se trouvent obligés de suspendre, en tout ou en partie, leurs travaux, leurs expéditions ; est-il un homme assez sot pour les déclarer coupables ? En est-il un seul qui puisse se croire bon juge des sentiments & des affaires des autres ? Celui-là ne seroit pas seulement un insensé, mais un fou à renfermer.
    Aujourd’hui, de quoi est-il question ? La plupart des marchands fabricants, au lieu de