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moment abforbe , pour ainli dire, les idées cle fuite & : d’ordre : dix mille ouvriers font fans pain, on l’empreife, on contribue , 011 ltlir en délivre gratuitement ; le fentiment l’emporte fur tout. Mais , à ces difpofuif>ns louables de chaque particulier , qui pourroit auffi ne pas regretter que l’adminifhation n’ait pu joindre fcs vues plus étendues , fa bieofaifance plus raifonnée , embraffant les temps , & prevenant les maux futurs, en adouci !fant les maux préfents ?

Le moment n’etl rien pour ceux qui gouvernent ; les fuites , les mœurs , l’ordre public , tout , dans les projets , les atlion~ , les fentiments même , doit les tranfporter dans l’avenir : c’cfi-là <Ju’ils en eovifagent la récompenfe ; eUe confille d~ns l’approbation des chotès utiles , &c des bénédidions pour celles qui procederent de la jufiice &c de la bienfailànce.

Les ouvriers , nourris ~ rien faire, livrés aux rellources aviliffantes de la mendicité , auront perdu le goùt du travail , & contra~é des habitudes fundles à eux - memes , à Lyon , &c aux campagnes où ils iront trainer leur fain~amife & leur mifere. Les fecours s’C :puifent, If èttets elu moment ne peuvent fe renouveller , 1~ contributions celfent ; cependant les caufes générales de la diminution de travail ne peuvent cetfer auffi vire , & des hommt :s groffiers , dont le travail efi le feul frein &. la premiere vertu , corrompus par l’ oifiveté, ne pourront plus que déferrer la ville ou la détoler. Dès le commencement, des voix fe font élevées pour repréfentcr ces terribles incon-’eniens ; mais b oppofirions &. le raifonnement de qudques particulitrs intérdfés ont malheureufement prévalu. le marchand redoutoit qu’on employât les ouvriers à quelque f.tbrication dom les produits ~uroient pu f.IÎre bai{fer le prix de certaines étotfes ; il s’ efi récrié : ces clameurs de l’intérêt f.erfonnel ont voilé les moyens qu’on eût pu prendre (l’ailleurs, &. l’on 11e s’efi pas repréfenté que, qudle que fllt l’occupation par laquelle on aur&it tait mériter les aumônes, ne fût-ce qu’à battre l’eau, pour ainfi dire, pourvu qu’on évitât l’oiliveté, la mendicité , on prévenoit les malheurs qui von : s’accun1uler.

Dans une circonlbnce fcmblable , l’év~que de Nîmes, frappé du. malheur public • &c bon jug~ cles vrais moyens de l’adoucir , ra{femble chez lu1 les principaux de la ville, & ceux qui s’intéreUêmt le plus à fon commerce ; il repréfente les dangers, 40uvre fun avis, donne fon palais 6r trente mille livres pour for !ller 11ne forte d’établiflèmmt où l’on occupât les ounlers làns travail : ce bel exemple émeut, entraîne ; les contributions pleuvent de tour es parts ; le malheureux travaille, vit & nourrit 1à là mille ; il coafervc Ces mœurs , il bénit fes bienfaiteurs , ( dvllt plufieurs recouvrerent leurs fonds dans la vente des objets qu’on avoit fabriqués ; ) il rcll :, ~os la ville qui ioula•e li clftca- 1

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tement ie mifere ; bientôt les fa1uiques refpirent quelque vi,ueur , & il ne demeurera , de cette crife , que Je touchant fouvenir de la fagetfe & de ·la bonté de ceux qui en avoient prévenu les fuites. ( 1 )

Pour nous , il ne nous refle, comme je l’ai obfervé, qu’à détruire les entraves qui ~ènent notre indufirict, qu’il abolir les droits qui enchéri trent fes produdions ; c’efi la fc :ule voie que nous ayons pour recouvrer , du moins en partie , la félicité , la fplendcur qui ont fait la célébrité de cette ville.

lnfpeacur Ju manufaauru, dévoué à l’examen de leur état , de leurs variations, à la recherche des moyens d’établir ou de rétablir les objets, de les étendre, de les perfetlionner , de faire fleurir le commerce qui en réfulte, j’ai dû propofer ces moyens : on vient de les lire : c’étoit un devoir à remplir, je l’ai fait. Homme public, organe de l’adnuniftration , par qui le gouvernement a voul11 q~t’elle rut éclairée lin cette partie • par qui elle veut y faire le bien, ie fuis à ma place &c je la remplis.

On ne réclamera pas contre la publicité de mon mémoire ; je ne le crains pas : perfonae ne le feroit fans fe rendre fufpctl. Mes motifs font au detfus de toutes les confidérations qui n’ont pas le bien public pour obJet . ~~ j’ai raifon, que tout le monde le fâche &. concoure au hien : fi fai tort, que les voix s’élevent, qu’on fe montre à découvert comme je l’ai fait moi-mJme ; qu’on infiruife le gouvernement, les adtninifirateurs & le public ; c’dl l’inté rèt de c&lui - ci , c’efl pour la gloire de C !Ux- !à .

Je ne fuis qu’un infir• !ment, toujours mu par ces deux grands motifs ; ardc :nt à la recherche de la vérité , prêt à lui làcrifier mon tempi , mes veilles, ma fortune&. mes opinions ; n’ayant cepcndant jamais eu, & efpérant bien de : n’avoir jamais à rougir d’aucun« , ni des atles auxquels elles ont pu, ou pourroient m’entraîner, pan ;e qu’ils ne tàuroient 1amais <3rre pis chez moi que l’ etfet de l’erreur.

Après ces détails fur l’état de foulfrance afutellc des impomnte~ fabriques de lyo11 , le tableau avéré de ce qu’elles ont été prcké :h :mmcnt ne paroîrra pas d~placé ; je le ferai Cuivre d’une notice dont les ré !"ultats généraux ne font pas , corom~ le : tableau , applicables à _un t~ul gt :nre 1 !<. à une leu le année, mais aux diverh :s fortes ~e f~bmanon , 6c à Un elpace de temps dont la fplendt :u.r Vlt :Ut ac s’évanouir.

( 1 ) S’il 111’étoit p~rmia de lODI dire, je poucrois citer un homme en a~.or.ori :é, a. :ffi géMreu :r que l’é !êqu< ! d.• Ni111es difpofé • foire à LjOR un pae.l facrwc~. M••• d>ns le~ chofes èe ce !!e nature , il fam, rT :ênll à l’homme en place, UR ’UIU :II..t . lj,°1Ô IIC U"I&Vl : f35 IOUiOIIti ~ les au. :ru.

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