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384 EP1 EP1 fimples, qui (e laiffent conduire jufqu’à la fin par la nature. On conçoit que dans cette extrémité le cœur fe déchirant par la violence du dernier coupj doit laider échapper des fëntimens que l’homme peut avoir caches, ou n’avoir pas démêtés pendant fa vie le preftige, ou fi on veut, le mafque tombe, & la vérité feule refte. Il en efl tout autrement de l’homme qui fe détermine à mourir, qui choifit fon jour, on heure, fon moment. Pour peu qu’il foit philofophe, il fait fes apprêts, & tâche de mourir conféquent. Le même art qui a foutenu fes fentimens pendant fa vie en arrange encore les eypre~ons au moment de l’adieu. Or c’eft aitifiqu’il femble qu’.E~ cure eft mort. Comme on pourroit nous conteur ce fait, que perfonne jufqu’ici ne femble avoir déterminé on nous permettra de nous arrêter un inflant, pour difcuter les raifons fur lefquelles nous appuyons nos conjectures. r Dans les premiers fiècles de’la philofophie les fages.j pleins de refpett pour les loix de la nature, croyoient bonnement que c’étoit à elle ~ëule à marquer le dernier de nos momens, & à nous y conduire par la route qu’elle jugeroit à propos de choifir. Si la fortune ’des chofes humaines s’avifoit quelquefois de déranger le plan de la nature ils s’y foumettoient encore, attendant toujours l’ordre, & ne le prévenant jamais. C’eft ainfi que font morts Thalès, Solon, Phérécide, Pythagorej Héraclite, Anaxagore, Parménide ~ Socrate, Antiithène, 8 ;; d’autres dans les vieux tems de l’ancienne philofophie. Ce ne fut que quand on eut ranné fur la queftion du bien-être & du m~& & fur les fins,de l’homme pendant fa vie & après fa mort, qu’on commença à établir une autre méthode de mourir. Le philosophe étant, difoit-on, aufll libre que les dieux ( parce que la philofophie n’eu : autre chofe que l’art de (e pofféder foi-même ) devoit-il refter’ a la difcrétion de la fortune crueiïe ou de la nature ingrate qui le détruifent fouvent par des longs fupplices ? S’il eft un cas où la philofophie doit délivrer l’homme, c’eft dans cette dernière crife ; ou bien fes promenés ne font que des mots. Ainu j le fage calcule la.fomme des biens & celle des maux qui lui reflent dans la vie. Si la première l’emporte, il confent de vivre fi c’e~t l’autre, il lui convient de mourir

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plura funt <<ttn naturam /C A/~ OJ~C~M in f~d ~aM~rf, in quo autem funt ~r~ contraria aut fore videntur, ~M/utojpe~n ’v~’fa excedere. Ce font les paroles d’un fioïcien (i). Si nous difons que les ~cu~M~ pouvoient les adopter~ parce (f) Sencque. t (t)~oye~I.Pan.Att.<S, H qu’Us avoient à peu-près les mêmes principes ,~e ne fera point un paradoxe pour ceux qui ont vu de près la prnioibphie ancienne. Les ftoiciens détruisant à la mort tout fentiment individuel de l’homme rejetoient l’âme dans le principe univerfel de la nature. Ce principe étoit le feu, caufe matérielle & efficiente de tous les êtres, mue, réglée & : déterminée par le deilin, c’eft-à -dire, par une roue de néceuité dont la révolution embrauoit & entraînoit l’enfemble & la fuite de tous les êtres (i). Les épicuriensanéanti~oient de même tout l’être individuel de l’homme & en rejetoient les parties compofantes dans la maffe commune des atomes i mais au lieu de la néceu7té fatale pour ouvrir les portes de la vie & de la mort, ils employoient le hafard aveugle. Ces deux caufss dans l’analyfe revenant au même, dévoient avoir même innuence fur la conduite des hommes. Au~Hquand la mefure de la vie étoit remplie â-peu-près, & que les facultés prefqm ufees les avertifToient de préparer le départ ils avoient les uns & les autres les mêmes raifons pour mourir c’eft à-dire pour faire un facrifice où, fans rien perdre ils gagnoient une diminution de douleur & : un accroiHement de gloire. Ce fut par ces considérations., que Zenon, chef des Jtoicient, s’étant caaë un doigt en tombant, crut entendre la voie de la nature, & s’étrangtt pour lui obéir ; que Diogène luttant contre la nèvre, trouva le fecret de la vaincre en retenant fa respiration. Démocrite, père des atomes, (eroit mort, dit-on, dans le tems de la fête de Céres mais fa fœur voulant y afEfter, le pria de différer de quelques jours. Il eut pour ene~cette complaifance, & remit à mounr au le~smain. Epicure-avoit ces exemples fameux devant les yeux. Ceux des ftoïciens fur-tout., qui reprochoient à ia doRrine d’afrbiblirl’ameS~ d’éaerver le courage, le déterminèrent à leur oppofer un trait de cette vigueur & de cette liberté, auxquelles il n’a~piroif pas moins que les prétendus héros du portique. Il étoit âgé de foixante-douze ans il avoit été toute fa vie tourmenté de la gravelle. Ses douleurs depuis quatorze jours étoient portées à un degré inexprimable. Il étoit d’ailleurs d’une complexion fi merveilicufement foible, que Métrodore, celui dont nous avons. parlé en avoit fait le fujet d’un )ivre à peine felon le récit de Suidas, pouvoit-il porter (es habits, defcendre de fon lit, voirie lumière & !e f’u. Dans cet état de foibleSe & d’anéantiuement~