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AIR
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montagne, & le mercure reſta en équilibre à la même hauteur.

Le lendemain, on fit l’expérience de Toricelli, au bas de la tour de Notre-Dame, lieu le plus élevé de la ville, & de ſix ou ſept toiſes plus haut que le jardin des minimes, le mercure ſe ſoutint à 26 pouces 3 lignes. Enſuite on la fit ſur le haut de la même tour, élevé par-deſſus ſon pied de 20 toiſes ; on y trouva le vif-argent à la hauteur d’environ 26 pouces une ligne.

M. Paſcal, inſtruit du réſultat de ces expériences, qui avoient été faites avec beaucoup d’exactitude & d’intelligence par M. Perrier, très-verſé dans les matières de phyſique, répéta à Paris les dernières. Ayant rempli un tube de Toricelli avec du mercure, en la manière ordinaire, il trouva au haut & au bas de la tour de Saint-Jacques-la-Boucherie, haute de 24 à 25 toiſes, plus de 2 lignes de différence, à la hauteur du mercure. Il fit enſuite cette expérience dans une maiſon particulière, élevée de 90 marches, & il obſerva très-ſenſiblement ½ ligne de différence, ce qui étoit entièrement conforme aux réſultats des expériences que M. Perrier fit à Clermont. On peut voir le mot Atmosphère ; atmoſphère terreſtre ; poids de l’atmoſphère.

[Cette propriété de l’air eſt peut-être une ſuite de ce qu’il eſt une ſubſtance corporelle ; la peſanteur étant ou une propriété eſſentielle de la matière, ou du moins une propriété qui ſe rencontre dans tous les corps. Voyez Attraction, Pesanteur, Gravité.

Nous avons une infinité de preuves de cette propriété par les expériences. La peſanteur de l’air paroît d’abord en ce qu’il n’abandonne point le centre de la terre. Si on pompe l’air d’un verre, & qu’on ouvre enſuite ce verre en-haut, l’air ſe précipitera ſur le champ dans le verre par l’ouverture, & le remplira. Toutes les expériences de la machine pneumatique prouvent cette qualité de l’air. Voyez Pneumatique. Qu’on applique la main ſur l’orifice d’un vaiſſeau vuide d’air, on ſent bien-tôt le poids de l’atmoſphère qui la comprime. Des vaiſſeaux de verre dont on a pompé l’air, ſont aiſément briſés par la peſanteur de l’air qui les comprime en dehors. Si l’on joint bien exactement deux moitiés d’une ſphère creuſe, & qu’on en pompe l’air, elles ſeront preſſées l’une contre l’autre par le poids de l’air voiſin, avec une force égale à celle d’un poids de cent livres.

Lorſqu’on poſe ſur un récipient de machine pneumatique un diſque mince & plat de plomb ou de verre, & qu’on pompe enſuite l’air du récipient, l’air extérieur preſſe alors par ſa peſanteur le diſque de plomb dans le récipient, ou il briſe en pièces avec beaucoup de violence le verre en le pouſſant en dedans. Si on enveloppe un cylindre ouvert par en-haut, d’une veſſie de cochon bien mince, dès qu’on aura pompé l’air de ce cylindre, la veſſie ſera déchirée avec beaucoup de violence. Lorſqu’on poſe ſur la plaque de la machine pneumatique des verres ou vaſes ſphériques dont on pompe l’air, ils ſe trouvent d’abord preſſés avec beaucoup de force contre cette plaque, par la peſanteur de l’air extérieur qui les comprime ; de ſorte qu’on ne peut les en retirer enſuite qu’avec beaucoup de force.

Autre expérience : Prenez un tuyau fermé par un bout, empliſſez-le de mercure, plongez-le par le bout ouvert dans un baſſin plein du même fluide, & le tenez droit ; le mercure ſera ſuſpendu dans le tuyau à la hauteur d’environ 27 à 28 pouces, au-deſſus de la ſurface du mercure qui eſt dans le baſſin. La raiſon de cette ſuſpenſion eſt que le mercure du tuyau ne ſauroit deſcendre plus bas, ſans faire monter celui qui eſt dans le baſſin, lequel étant preſſé par le poids de l’atmoſphère qu’il ſupporte, ne permet pas à celui du tuyau de deſcendre, à moins que le poids de ce dernier n’excède celui de l’air qui preſſe ſur le baſſin. Ce qui prouve que c’eſt-là la cauſe de cette ſuſpenſion, c’eſt que ſi l’on met le baſſin & le tuyau ſous le récipient de la machine pneumatique, à meſure que l’on pompera l’air, le mercure du tuyau baiſſera ; & réciproquement à meſure que l’on laiſſera rentrer l’air, le mercure remontera à ſa première hauteur. C’eſt-là ce qu’on appelle l’expérience de Toricelli, ainſi qu’on l’a vu précédemment.

C’eſt auſſi à la peſanteur de l’air qu’on doit attribuer l’effet des pompes. Car ſuppoſons un tuyau de verre ouvert de chaque côté, & qu’on pouſſe dedans juſqu’en bas un piſton attaché à un manche, qu’on mette ce tuyau dans un petit baſſin de mercure, & qu’on tire le piſton en haut, qu’en arrivera-t-il ? Comme il n’y a pas d’air & par conſéquent point de réſiſtance ni aucune cauſe qui agiſſe par la preſſion, entre le piſton & le mercure qui eſt dans le petit baſſin, placé à l’ouverture du tuyau, il faut que le mercure du baſſin étant preſſé par l’air ſupérieur & extérieur, monte dans le tuyau, & ſuive le piſton ; & lorſque le piſton eſt arrivé à la hauteur de 28 pouces environ, & qu’on continue de le tirer, il faut que le mercure abandonne le piſton, & qu’il reſte ſuſpendu dans le tuyau, à la hauteur de 28 pouces. Car le poids de l’air extérieur n’a pas la force de l’élever davantage. Si on prend de l’eau au lieu du mercure, comme elle eſt environ 14 fois plus légère, l’air la fera auſſi monter plus haut, c’eſt-à-dire juſqu’à environ 32 pieds.

L’action des enfans qui tètent ne diffère pas beaucoup de celle d’une pompe ; car un enfant qui tète, avale l’air qui eſt dans ſa bouche ; il bouche les narines par-derrière dans le goſier, & prend le mammelon qu’il ſerre tout autour avec ſes lèvres. Il gonfle enſuite ſes joues & produit de cette manière un vuide dans ſa bouche. L’air preſſe par ſa peſanteur ſur les mammelles, & pouſſe le lait vers le mammelon, & de-là dans la bouche.

On peut auſſi expliquer l’action des ventouſes par