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AIR

le même principe. Car la partie de la peau qui eſt enfermée ſous la ventouſe, ſe trouve ſous un vaſe dont on a pompé l’air ; de ſorte que les humeurs du corps ſont pouſſées vers cette partie par l’action de l’air extérieur : ce qui fait que la peau & ſes vaiſſeaux ſe gonflent & ſe lèvent ſous la ventouſe. Muſſch.

Enfin on peut peſer l’air ; car ſi l’on met un vaiſſeau plein d’air commun dans une balance bien juſte, on le trouvera plus peſant que ſi l’air en avoit été retiré ; & le poids ſera encore bien plus ſenſible, ſi l’on pèſe ce même vaiſſeau rempli d’air condenſé ſous un récipient d’où on aura pompé l’air. Voyez Balance hydrostatique.

Quelques perſonnes douteront peut-être que l’air ſoit peſant de lui-même, & croiront que ſa peſanteur peut venir des vapeurs & des exhalaiſons dont il eſt rempli. Il n’y a aucun lieu de douter que la peſanteur de l’air ne dépende effectivement en partie des vapeurs, comme on peut l’expérimenter, en prenant une boule de verre pleine d’air, qu’on pompera enſuite fort exactement. Pour cet effet, on mettra en haut ſur l’ouverture par laquelle l’air devra rentrer dans la boule, un entonnoir fait exprès, qui aura une cloiſon percée de petits trous ; on mettra enſuite deſſus de la potaſſe fort sèche, ou du ſel de tartre, & on laiſſera entrer l’air lentement à travers ces ſels dans la boule. On attendra aſſez long-temps afin que la boule ſe rempliſſe d’air, & qu’elle ne ſe trouve pas plus chaude que l’air extérieur, en cas qu’il puiſſe s’échauffer par quelque fermentation en paſſant à travers des ſels. Si l’air de l’atmoſphère eſt ſec, on trouve que l’air qui avoit auparavant rempli la boule, étoit de même peſanteur que celui qui y eſt entré en traverſant les ſels ; & s’il fait un temps humide, on trouvera que l’air qui a paſſé à travers les ſels, eſt plus-léger que celui qui auparavant avoit rempli la boule. Mais quoique cette expérience prouve que la peſanteur de l’air dépende en partie des vapeurs qui y nagent, on ne peut s’empêcher de reconnoître que l’air eſt peſant de lui-même ; car autrement il ne ſeroit pas poſſible de concevoir comment les nuées qui pèſent beaucoup pourroient y reſter ſuſpendues, ne faiſant le plus ſouvent que flotter dans l’air avec lequel elles ſont en équilibre. Ôtez cet équilibre, & vous les verrez bien-tôt ſe précipiter en bas. Muſſch.

Le poids de l’air varie perpétuellement, ſelon les différens dégrés de chaleur & de froid. Riccioli eſtime que ſa peſanteur eſt à celle de l’eau, comme un eſt à 1 000 : Merſenne, comme un eſt à 1 300, ou à 1 356 : Galilée, comme un eſt à 400 : M. Boyle, par une expérience plus exacte, trouve ce rapport aux environs de Londres, comme 1 eſt à 938, & penſe que tout bien conſidéré, la proportion de 1 à 1 000 doit être regardée comme ſa peſanteur reſpective moyenne ; car on n’en ſauroit fixer une préciſe, attendu que le poids de l’air, auſſi bien que celui de l’eau même, varie à chaque inſtant : ajoutez que les mêmes expériences varient en différens pays, ſelon la différente hauteur des lieux, le plus ou le moins de denſité de l’air qui réſulte de cette différente hauteur. Boyle, Phyſ. mécan. expér.

Il faut ajouter cependant que par des expériences faites depuis en préſence de la ſociété royale de Londres, la proportion du poids de l’air à celui de l’eau s’eſt trouvée être de 1 à 840, dans une expérience poſtérieure, comme 1 eſt à 852 ; & dans une troiſième, comme un eſt à 890, Phil. Tranſ. no 181, & enfin en dernier lieu, par une expérience fort ſimple & fort exacte, faite par M. Hawksbée, comme 1 eſt à 885. Phyſ. mec. expér. Mais toutes ces expériences ayant été faites en été, le docteur Jurin eſt d’avis qu’il faut choiſir un tems entre le froid & le chaud, & qu’alors la proportion de peſanteur de l’air à celle de l’eau ſera de 1 à 800.

M. Muſſchenbroeck dit avoir quelquefois trouvé que la peſanteur de l’air étoit à celle de l’eau, comme 1 à 606, lorſque l’air étoit fort peſant. Il ajoute qu’en faiſant cette expérience en différentes années & dans des ſaiſons différentes, il a obſervé une différence continuelle dans cette proportion de peſanteur ; de ſorte que, ſuivant les expériences faites en divers endroits de l’Europe, il croit que le rapport de la peſanteur de l’air à celle de l’eau, doit être réduit à certaines bornes, qui ſont comme 1 à 606, & de-là juſqu’à 1 000. Voyez Pesanteur,ſpécifique de l’air.

L’air une fois reconnu peſant & fluide, les lois de ſa gravitation & de ſa preſſion doivent être les mêmes que celles des autres fluides ; & conſéquemment ſa preſſion doit être proportionnelle à ſa hauteur perpendiculaire. Voyez Fluide.

D’ailleurs, cette conſéquence eſt confirmée par les expériences. Car ſi l’on porte le tube de Torricelli en un lieu plus élevé, où par conſéquent la colonne d’air ſera plus courte, la colonne de mercure ſoutenue ſera moins haute, & baiſſera d’un quart de pouce lorſqu’on aura porté le tube à cent pieds plus haut, & ainſi de cent pieds en cent pieds, à meſure qu’on montera.

De ce principe dépend la ſtructure & l’uſage du baromètre. Voyez Baromètre.

De ce même principe, il s’enſuit auſſi que l’air, comme tous les autres fluides, preſſe également de toutes parts. C’eſt ce que nous avons déjà démontré ci-deſſus, & dont on voit encore la preuve, ſi l’on fait attention que les ſubſtances molles en ſoutiennent la preſſion, ſans que leur forme en ſoit changée, & les corps fragiles ſans être briſés, quoique la preſſion de la colonne d’air ſur ces corps ſoit égale à celle d’une colonne de mercure de 30 pouces, ou d’une colonne d’eau de 32 pieds. Ce qui fait que la figure de ces corps n’eſt point altérée, c’eſt la preſſion égale de l’air qui fait qu’autant il preſſe d’un côté, autant il réſiſte du côté oppoſé. C’eſt pourquoi ſi l’on ôte ou ſi l’on diminue la preſſion ſeulement