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AIR
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renfermé dans un grand ballon bien bouché de l’air contenant des vapeurs, & qu’on le tranſporte d’un air chaud dans un air froid, ou qu’on environne un peu de glace, une partie du ballon ou autre vaiſſeau de verre, on obſervera bientôt que les parois ſeront intérieurement mouillées d’une grande quantité de gouttes d’eau qui, après avoir ruiſſelé, ſe réuniront dans la partie la plus baſſe. Si enſuite on porte ce ballon, toujours bien bouché, dans un endroit chaud, on verra peu après ces gouttes d’eau ſe diſſoudre dans l’air, & devenir inviſibles. Dans ces deux expériences, on ne peut pas dire que l’eau ait été anéantie ou changée en air, ou réciproquement ; autrement il faudroit en dire autant du ſel que l’eau ſalée laiſſeroit précipiter au fond d’un vaſe qu’on refroidiroit, & qui ſeroit de nouveau diſſous lorſqu’on l’échaufferoit, ce qui eſt abſurde. Il eſt inutile de s’étendre davantage ſur cet objet, dont on a déja parlé au commencement de cet article, en traitant des caractères propres à reconnoître l’air.

VIII. L’air eſt une ſubſtance compoſée principalement de deux parties, dont l’une eſt éminemment reſpirable & propre à la combuſtion, & l’autre eſt abſolument impropre à ces deux fonctions.

[Quelques anciens ont conſidéré l’air comme un élément ; mais ils ne prenoient pas le mot élément dans le même ſens que nous. Voyez Élément.

Il eſt certain que l’air, pris dans ſa ſignification ordinaire, eſt très éloigné de la ſimplicité d’une ſubſtance élémentaire, quoiqu’il puiſſe avoir des parties qui méritent cette dénomination ; c’eſt pourquoi on peut diſtinguer l’air en air vulgaire ou hétérogène, & en propre ou élémentaire.

L’air vulgaire ou hétérogène eſt un aſſemblage de corpuſcules de différentes ſortes, qui toutes enſemble conſtituent une maſſe fluide dans laquelle nous vivons & nous nous mouvons, & que nous inſpirons & expirons alternativement. Cette maſſe totale eſt ce que nous appelons atmoſphère. Voyez Atmosphère.

À la hauteur où finit cet air ou atmoſphère, commence l’éther, ſelon quelques philoſophes. Voyez Éther & Réfraction.

Les ſubſtances hétérogènes dont l’air eſt compoſé, peuvent ſe réduire à deux ſortes ; ſavoir, 1o. la matière de la lumière ou du feu, qui émane perpétuellement des corps céleſtes. Voyez Feu. À quoi quelques phyſiciens ajoutent les émanations magnétiques de la terre, vraies ou prétendues. Voyez Magnétisme.

2o. Ce nombre infini de particules qui s’élèvent en forme de vapeurs ou d’exhalaiſons sèches de la terre, de l’eau, des minéraux, des végétaux, des animaux, &c. ſoit par la chaleur du ſoleil, ou par celle des feux ſouterrains, ou par celle des foyers. Voyez Vapeur & Exhalaison.

L’air élémentaire, ou air proprement dit, eſt une matière ſubtile, homogène & élaſtique, qui eſt la baſe, pour ainſi dire, & l’ingrédient fondamental, de tout l’air de l’atmoſphère, & qui lui donne ſon nom.]

Pour être inſtruit de ce qui regarde cet objet particulier, il eſt néceſſaire d’entrer dans des détails ſuffiſans, & de traiter expreſſément de ce que les modernes appellent analyſe de l’air atmoſphérique.

Analyſe de l’air atmosphérique, on a vu à l’article Atmosphère terrestre quelle étoit la compoſition & la conſtitution de l’atmoſphère ; c’eſt un mixte très-compoſé d’air proprement dit, & de toutes les ſubſtances qui peuvent s’évaporer, ſoit ſolides, ſoit fluides ; c’eſt un mélange d’air & de tous les gaz qui ſe ſont formés au degré de température & de preſſion exiſtantes, lors de l’origine de l’atmoſphère, & qui, depuis cette époque, ſe ſont formées ſucceſſivement. On y a prouvé que notre atmoſphère eſt un compoſé de la réunion de toutes les ſubſtances ſuſceptibles de demeurer dans l’état aériforme au degré habituel de température & de preſſion que nous éprouvons actuellement. Mais comme les différens gaz ont différentes gravités ſpécifiques, que les uns ſont plus peſans, & d’autres plus légers, & qu’il en eſt de même de pluſieurs autres ſubſtances, il en réſulte que la maſſe de l’air atmoſphérique eſt compoſée de différentes grandes couches de nature ſpécifiquement diverſe quoiqu’elles aient des rapports génériques ſemblables. Auſſi a-t-on reconnu que c’étoit une erreur de croire que l’air étoit plus pur à une grande élévation dans l’atmoſphère, le gaz inflammable qui a plus de légéreté ſpécifique que l’air ordinaire s’élevant au-deſſus de la baſſe région ; & pluſieurs bons phyſiciens ont obſervé que l’élévation moyenne entre deux ou trois cents toiſes au-deſſus du niveau de la mer, étoit celle où l’air étoit plus favorable à la ſanté ; & que l’air des montagnes élevées à plus de cinq ou ſix cents toiſes au-deſſus de la mer, étoit plus vicié que celui des plaines baſſes. Les couches atmoſphériques ſont donc de différente nature & de différente denſité en les conſidérant depuis la ſurface de la terre juſqu’aux confins de l’atmoſphère. Mais, quoiqu’il y ait entr’elles de la diverſité ſpécifique, nous pouvons regarder comme une maſſe de nature, à-peu-près homogène, celles qui s’étendent depuis la ſurface de la terre juſqu’à la plus grande hauteur à laquelle on ſoit encore parvenu, parce qu’un air plus ou moins pur (la variation étant renfermée dans des limites propres à la reſpiration) n’empêche pas que la nature de cet air ne ſoit à-peu-près homogène.

Ces obſervations préſuppoſées, il eſt à propos d’examiner quel eſt le nombre et quelle eſt la na-