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en reſſort à boudin dans une boîte. La quatrième étoit pour l’uſage de la navigation ſur les vaiſſeaux. Voyez les Mémoires de l’Académie pour l’année 1734, pag. 124, & l’article Vent.

Anémomètre muſical. M. Delamanon décrit de la manière ſuivante cet inſtrument de pure curioſité, qu’il a imaginé. Il eſt principalement compoſé de vingt-un tuyaux, calibrés exprès dans certaines proportions, de manière que le vent entrant dans chaque tuyau, puiſſe donner ſucceſſivement & en détail trois octaves. Le premier ut doit répondre à la force du vent frappant ſur un pied quarré de ſurface, & ſoulevant un poids de cinq onces ; doit donner 10 onces ; mi quinze onces, & ainſi de ſuite. Les notes de la ſeconde & de la troiſième octave déſigneront un poids qui augmente progreſſivement de trois onces en trois onces. De petites plaques, ajuſtées à des reſſorts, feront qu’il n’y aura qu’un tuyau qui réſonnera à la fois ; & le tuyau qui s’ouvrira, fermera, par ce moyen, tous ceux qui lui ſont inférieurs. Il ſera facile alors de juger de la force du vent. Si on entend, par exemple, le ſol de la première octave, on eſt averti que la force du vent eſt de 25 onces ; le ſi de la ſeconde octave apprend que le vent tourne à la tempête, & on en ſait les progrès en écoutant. Huit autres tuyaux, avec des ſons aigres, & dirigés vers huit parties différentes du ciel, indiqueront la direction du vent. De ſorte qu’on entendra toujours deux ſons, dont l’un déſignera la direction du vent, & l’autre ſon degré de force.

Anémomètre de M. Dalberg. M. Ch. de Dalberg s’eſt propoſé de réſoudre ce problème anémométrique : inventer un anémomètre qui marque la direction du vent & ſon inclinaiſon, à l’aide duquel on découvre facilement la force abſolue & relative du vent, qui ſerve de meſure à tous les degrés de cette force, dont l’uſage ſoit commode pour l’obſervateur, dont la conſtruction ne ſoit pas diſpendieuſe, & dont le mécaniſme ne ſoit pas ſujet à ſe déranger facilement. Je ne le ferai point connoître ici, parce qu’il ne paroît pas qu’il ait été juſqu’à préſent exécuté, même par celui qui l’a imaginé. Ceux qui ſeront curieux de le connoître, pourront avoir recours aux obſervations ſur la phyſique, l’hiſtoire naturelle & les arts, juin 1781, pag. 438 : il eſt repréſenté dans pluſieurs figures contenues dans deux planches.

Anémomètre à aîles verticales. Cet anémomètre, de l’invention de M. Brequin, eſt une eſpèce de moulin à vent avec ſix aîles renfermées dans une eſpèce de cage, compoſée de douze volets fixes : il eſt repréſenté dans la figure 254. Son premier axe eſt vertical, & il porte une roue de champ qui s’engrène dans une ſeconde roue, dont l’axe eſt horiſontal, préciſément comme les anémoscopes qui marquent les rumbs de vents. Celui-ci a un reſſort fort élaſtique ſur le ſecond axe, dont un bout eſt attaché à l’axe & l’autre à un piton à vis, comme on le voit en g, h, le reſſort donne à cet axe, de même qu’à celui des ailes, la liberté de faire une révolution, jamais plus ; & il doit être d’une force, que le vent le plus fort qui tourna les ailes, ne le ſera pas aſſez pour lui faire achever la révolution entière. C’eſt par le moyen de ce reſſort, & avec une ſuite de poids proportionnés à la force du reſſort & à la grandeur de l’inſtrument, que l’on marque les diviſions ſur le cadran. Ces poids doivent être ſucceſſivement ſuſpendus à un cordon a b c d, qui paſſe les dents de la ſeconde roue, & fait tourner l’index en raiſon de la quantité de chaque poids, juſqu’à la révolution entière, où il eſt arrêté par un piton e f ; & lorſque toutes ces diviſions ſont tracées ſur le cadran dans une ſuite régulière, ce cordon devient inutile. Huyghens, Mariotte, Belidor & Bouguer ont donné des tables où les degrés de force des vents qui frappent une ſurface d’une grandeur déterminée, ſont comparés avec une ſuite régulière de poids d’égale impulſion.

Les diviſions de l’anémomètre qu’on décrit actuellement, expriment la force comparative du vent, qui fait tourner les aîles & l’index juſqu’à un certain point, avec la quantité du poids qui a ſervi pour les faire tourner juſqu’au même point. Ceci eſt le principe général ſur lequel cet inſtrument eſt conſtruit, puiſqu’il meſure & compare les diverſes forces impulſives du vent avec celles de différentes quantités de poids. Or, il eſt évident que les diverſes forces du vent, & les divers poids ſuſpendus, dont l’une & l’autre font tourner l’index juſqu’à la même diviſion du cadran, ſeront toujours en raiſon l’une de l’autre. Par là on eſt à même, dit M. Brequin, de comparer les degrés ou les forces reſpectives de divers vents entre eux, ainſi que leurs vîteſſes, qui y sont toujours proportionnées : ce qui eſt ſi eſſentiel en météorologie, & plus néceſſaire que de connoître la force abſolue d’un vent quelconque en lui-même. Mais ces deux indications ſe réuniſſent par le moyen de cet anémomètre ; car quoique le vent entre dans la cage ſur une plus grande baſe que celle des aîles qui font tourner les roues & l’index, & que par là il ſemble que l’inſtrument doit marquer plus de vîteſſe & de force que le vent n’en a réellement ; cependant, ſi on conſidère que les frottemens du vent, ainſi que ſes réflexions & ſes répercuſſions réïtérées contre les volets, doivent ralentir ſa force & ſa vîteſſe, enſorte de faire une compenſation, ou même de les rendre égales à celles d’un vent qui agiroit librement ſur une ſurface égale à une des aîles quand elle eſt perpendiculaire au vent, on verra que la force abſolue du vent doit être à-peu-près égale à la force impulſive du poids qui a ſervi à marquer cette diviſion ſur le cadran.

On vient de dire que les aîles de cet inſtrument, figure 255, ſont logées dans une ſorte de cage,