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talliſation, préſente à ſa ſurface des figures d’étoiles ou des ramifications. Ce demi-métal criſtalliſe encore en pyramides trièdres, formées par des eſpèces de trémies implantées par leurs angles les unes ſur les autres, & ces trémies ſont le réſultat de l’aggrégation de pyramides quadrangulaires ou d’octaèdres.

On trouve rarement de l’antimoine natif, le plus ſouvent ce demi-métal eſt combiné avec le ſoufre. Dans ce cas, on devroit l’appeler plutôt mine d’antimoine ou ſulfure d’antimoine, qu’antimoine ſelon l’uſage ordinaire, qui eſt impropre. Le ſoufre qui minéraliſe communément l’antimoine, ſe décèle bien facilement lorſqu’on en met un morceau ſur des charbons ardens, car on voit auſſitôt une fumée qui a une couleur bleue & une odeur pénétrante. C’eſt le ſoufre qui rend cette mine ſi aiſée à fondre, qu’il ſuffit pour cet effet d’employer la flamme d’une bougie. Il paroît que c’eſt le ſoufre qui rend l’antimoine caſſant. Quelquefois l’antimoine eſt auſſi minéraliſé avec l’arſenic. Ce demi-métal ſe volatiliſe facilement au feu. Si on le chauffe fortement dans des vaiſſeaux clos, il ſe volatiliſe en entier ſans être décompoſé. Si on le fond dans des vaiſſeaux ouverts, il s’oxide promptement ; il s’en élève des fumées blanches & épaiſſes qui s’attachent au couvercle du creuſet sous la forme de petites aiguilles blanches : c’eſt un oxide métallique ſublimé, auquel on a donné le nom impropre de fleurs ou neige d’antimoine.

L’acide nitreux, (acide nitrique de la nouvelle nomenclature) attaque avec vivacité l’antimoine ; il le décompoſe fortement, en oxide la plus grande partie, & en diſſout une portion. L’acide muriatique agit plus difficilement ſur ce demi-métal que les autres acides. L’eau régale ou acide nitro-muriatique diſſout ce métal plus efficacement que chacun des acides qui le compoſent. L’acide ſulfurique qu’on fait bouillir lentement ſur le régule d’antimoine, eſt décompoſé, & en oxide une partie.

L’action de l’air n’agit que très-peu ſur l’arſenic ; en cela ce demi-métal eſt bien différent du cuivre & du fer. On a obſervé que l’antimoine mêlé avec le fer, détruit ſon attractibilité par l’aimant & le prive de la communication magnétique. Ce demi-métal ne ſe diſſout pas dans l’eau. Sa peſanteur ſpécifique, lorſqu’il eſt fondu, eſt de 67 021. On trouvera tous les détails qu’on pourroît déſirer ſur cet objet, dans le dictionnaire de chimie de l’Encyclopédie, dans la chimie de Fourcroy, de Macquer, &c. auxquels nous renvoyons, parce que ce qui regarde les métaux & demi-métaux, n’ont que des rapports indirects avec la phyſique.

L’antimoine eſt employé dans la fonte des caractères d’imprimerie & dans quelques autres arts. En médecine on emploie quelques-unes de ſes préparations comme émétique.

ANTINOUS. C’eſt une des conſtellations ſeptentrionales ; elle eſt contiguë à la conſtellation de l’aigle ; la plupart des aſtronomes n’en font même qu’une avec celle de l’aigle. Voyez des cartes & des globes céleſtes.

ANTIPATHIE phyſique. C’eſt l’oppoſition naturelle & invincible qu’on prétend exiſter entre certains êtres. On croit qu’il y en a entre pluſieurs eſpèces d’animaux, comme entre le crapaud & la belette ; & dans quelques perſonnes, relativement à certains objets, on a cité, d’après le docteur Mather, dans les tranſactions philoſophiques le fait d’une demoiſelle de la nouvelle Angleterre, qui s’évanouit en voyant quelqu’un ſe couper les ongles avec un couteau, quoiqu’elle ne fût nullement émue, en les voyant couper avec une paire de ciseaux. Il y en a qui ont cru qu’un tambour de peau de loup fait caſſer un tambour de peau de brebis, & que les poules s’envolent au ſon d’une harpe garnie de cordes faites des boyaux d’un renard.

Les péripatéticiens diſoient que les antipathies provenoient de certaines qualités occultes, inhérentes dans les corps. D’autres ont cru expliquer les antipathies, en regardant notre corps « comme une eſpèce de clavecin, dont les nerfs ſont les cordes. Le degré de tenſion dans les nerfs, diffère dans chaque homme, ce qui occaſionne, diſent-ils, un ébranlement différent de la part du même objet ; & ſi cet ébranlement eſt tel qu’il produiſe une ſenſation déſagréable, voilà l’antipathie. Mais comment, dit M. d’Alembert, un degré de tenſion plus ou moins grand, & peut-être quelquefois peu différent, produit-il dans deux hommes des ſenſations toutes oppoſées ? Voilà ce qu’on n’expliquera jamais ; il ne s’agiſſoit que d’avouer ſon ignorance un peu plutôt. »

Il ne peut exiſter dans l’ordre moral des antipathies fondées ſur les impreſſions déſagréables, que pluſieurs objets peuvent exciter en agiſſant ſur les organes d’une manière particulière ; & il eſt poſſible que ces impreſſions ſoient augmentées par pluſieurs idées qui les ont accompagnées pour la première fois, & qui ſeront enſuite rappelées par le ſouvenir dans les mêmes circonſtances. On ne peut non plus nier que pluſieurs objets phyſiques, tels, par exemple, que certains alimens ne faſſent ſur les organes une impreſſion déſagréable, & conſéquemment n’excitent dans quelques personnes une eſpèce d’averſion & de répugnance : l’expérience de tous les jours le démontre. Mais ces ſortes d’antipathies, improprement dites, ne ſont point invincibles ; car on voit ſouvent des perſonnes rechercher des objets moraux ou phyſiques, dont elles avoient eu auparavant de l’éloignement.

Les exemples d’antipathies proprement dites, qu’on a cités au commencement de cet article, ne