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ACH-ACI

, dans ces derniers temps, de faire des lunettes dans leſquelles on n’aperçût point de couleurs de cette eſpèce ; & on leur a donné le nom de lunettes achromatiques.

Dans les lunettes achromatiques, il y a différentes diſpoſitions dans les objectifs achromatiques ; ils ſont compoſés de matières différemment réfringentes, & de plus, ils ſont formés de deux ou de pluſieurs lentilles, & ces lentilles peuvent être jointes, c’eſt-à-dire, leurs ſurfaces convexes & concaves, appliquées exactement les unes ſur les autres, ou bien ces ſurfaces peuvent être ſéparées, & laiſſer entr’elles un intervalle plus ou moins grand. Ces différentes combinaiſons ont été l’objet des recherches des plus grands géomètres, entr’autres, de Clairaut, d’Euler, de d’Alembert, &c. Voyez Lunettes achromatiques.

ACHRONIQUE. Voyez Acronique.

ACHRONYCHES. [On exprime ainſi en aſtronomie, les temps où les trois planètes ſupérieures, mars, jupiter & ſaturne, ſe trouvent dans le méridien à minuit. Elles paroiſſent alors beaucoup plus grandes qu’à l’ordinaire. Mars, par exemple, paroit plus de ſept fois plus grand, quand il ſe lève d’abord, avant ou après le ſoleil couché, ou qu’il ſe couche d’abord, avant ou après le ſoleil levé. On comprend aiſément la raiſon de cette apparence, en admettant le ſyſtême de Copernic, puiſqu’alors la terre ſe trouve entre le ſoleil & mars, & que, par conſéquent, elle eſt plus près de celui-ci de deux fois la diſtance qui eſt entre le ſoleil & la terre.]

ACI

ACIDE. Les acides ſont des ſubſtances dans leſquelles on remarque une ſaveur aigre, la propriété de changer en rouge les couleurs bleues & violettes des végétaux, & celle de faire efferveſcence avec les alkalis, voyez Alkali. Les acides font ſur la langue une impreſſion particulière qui excite une ſenſation, déſignée par le mot aigre, ou par celui d’acidité ; & cette acidité eſt ſuſceptible d’une intenſité plus ou moins grande, d’une intenſité qui puiſſe croître depuis le plus petit degré juſqu’à la cauſticité la plus forte, qui eſt ſon maximum. Les ſucs d’oſeille, d’orange, de citron, de verjus, de vinaigre, &c. ſont plus ou moins aigres, plus ou moins acides ; ſi on les étend dans de l’eau, on affoiblira d’autant plus leur acidité qu’on les mêlera avec une plus grande quantité de ce liquide : on augmentera, au contraire, cette aigreur ou acidité, ſi on les concentre plus ou moins. Il en ſera de même des acides minéraux qu’on peut ou affoiblir ſucceſſivement par l’eau, ou concentrer de plus en plus juſqu’au maximum. Dans ce dernier cas, on remarque la plus grande acidité, qu’on peut alors confondre avec la cauſticité qui, pour en donner une idée claire, eſt alors l’effet d’une puiſſante affinité, d’une forte tendance à la combinaiſon, effet de l’attraction, cette force qui, dans l’univers, eſt le principe de toute activité. Voyez Attraction, Adhérence, Cohérence, &c.

L’efferveſcence que font les acides avec les alkalis, qui eſt un caractère de l’acide, eſt encore un effet de l’attraction dont nous venons de parler ; car celle-ci eſt toujours le principe de l’union & de la combinaiſon. Lorſque les acides ſont foibles & que les alkalis ſont purs, l’efferveſcence eſt moins ſenſible, parce que la combinaiſon ſe fait paiſiblement, s’il eſt permis de s’exprimer ainſi ; le mouvement, la chaleur, le dégagement des fluides élaſtiques, ſont alors moins diſcernables, mais ils exiſtent toujours, comme je m’en ſuis convaincu par des expériences délicates, en plaçant des corps bien légers ſur la ſurface des liqueurs, en ſe ſervant de thermomètres extrêmement ſenſibles, & en recevant, dans des appareils particuliers, le produit des fluides élaſtiques. C’eſt, ſans doute, ce qui a fait diviſer par quelques-uns les acides en manifeſtes & en cachés.

Les acides peuvent exiſter ſous une forme concrète ou fluide : dans le premier cas, on les nomme concrets, & dans le ſecond fluors. Dans ces deux états les acides ſont eſſentiellement les mêmes, car cette diverſité n’eſt qu’accidentelle. L’état naturel d’un ſel acide eſt, ſans doute, d’être ſous forme concrète, c’eſt-à-dire, ſolide, comme l’eau eſt naturellement dans l’état de glace ; mais la grande affinité que les acides concrets ont avec l’eau, eſt cauſe qu’ils attirent, avec une grande énergie l’eau, qui eſt conſtamment répandue dans l’atmoſphère, & qu’ils deviennent alors fluides ou fluors. Ces effets dépendent ; ainſi que nous l’avons établi dans les articles attraction & cohérence, de la figure qui entre comme élément dans la diſtance.

Pluſieurs ſavans ont penſé qu’il n’y avoit qu’un acide dans la nature. Stahl, ſi long-temps ſuivi par le grand nombre des Chimiſtes, a prétendu que l’acide univerſellement répandu dans la nature, étoit l’acide vitriolique, & que les autres en tiroient leur origine. Mais les Pneumatiſtes ont tâché de prouver par pluſieurs expériences analytiques & ſynthétiques, que l’oxigène étoit la baſe de tous les acides, & que leurs différences ne réſultoient que de la nature des diverſes ſubſtances combinées avec cette baſe commune.

Les acides ſe diviſent en acides minéraux, végétaux & animaux, ſelon qu’ils ſont tirés des ſubſtances oryctologiques, ou de la terre, des plantes & des animaux.

Le règne minéral comprend dix ſortes d’acides bien diſtincts : l’acide carbonique, l’acide muriatique, l’acide fluorique, l’acide nitrique, l’acide ſulfurique, l’acide boracique, l’acide molybdique, l’acide tunſtique, l’acide arſénique, l’acide ſuccinique.

L’Acide Carbonique eſt le même que celui qui avoit été autrefois déſigné par les dénominations