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ARM

& poiſſons dans la figure 72 ; il eſt perpendiculaire à l’équateur E, 90. Le colure des ſolſtices eſt encore un grand cercle qui paſſe par les pôles du monde, eſt perpendiculaire à l’équateur, & coupe encore à angles droits le colure des équinoxes : il coupe l’écliptique aux points ſolſtitiaux qui ſont vers Z entre 65 & 70 dans la figure, ſoit en haut, ſoit en bas.

On peut voir une explication plus détaillée de ces objets, ſoit au mot Sphère armillaire, ſoit dans les articles particuliers, Méridien, Horison, Tropiques, &c. qui ſont cités dans le cours de cet article armillaire. L’origine de ce mot vient de armilla, bracelet.

ARMILLES. Ce fut Ératoſtène qui imagina les armilles qu’on vit long-temps placées dans le portique d’Alexandrie, & qui ſervirent à Hipparque & à Ptolemée : ce dernier nous donne l’idée ſuivante de cet inſtrument. C’étoit, ſuivant ſa deſcription, un compoſé de différens cercles qui le rendoient aſſez reſſemblant à notre ſphère armillaire. Il y avoit d’abord un grand cercle qui faiſoit l’office du méridien ; qu’on ſe repréſente enſuite un équateur avec l’écliptique & les deux colures formant un aſſemblage ſolide, & d’une dimenſion moindre que le diamètre intérieur du cercle précédent, afin de pouvoir jouer dedans ; on l’y plaçoit de manière qu’il y tournoit ſur des pôles qui étoient ceux de l’équateur. Il y avoit enſuite un cercle tournant ſur les pôles de l’écliptique, & garni de pinnules diamétralement oppoſées ; dont la partie concave touchoit preſque à l’écliptique, on portoit un index pour reconnoître la diviſion où il étoit arrêté.

Cet inſtrument ſervoit aux obſervations des équinoxes, comme Ptolemée nous l’apprend, en rapportant celles d’Hipparque (Almag. T. III. C 2.). L’équateur de l’inſtrument étant mis avec un grand ſoin, comme il devoit toujours l’être, dans le plan de l’équateur céleſte, on attendoit l’inſtant où la ſurface inférieure & ſupérieure n’étoient plus éclairées par le ſoleil, ou bien, ce qui étoit plus ſûr, celui où l’ombre projetée par la partie antérieure convexe du cercle, ſur la partie concave, la couvroit entièrement. Il eſt évident que ce moment devoit être celui de l’équinoxe. Lorſque cela n’arrivoit point ; ce qui indiquoit que l’équinoxe s’étoit fait dans la nuit, on choiſiſſoit deux obſervations où cette ombre projetée ſur la partie concave du cercle, l’eût été également en ſens différent, & le milieu de l’intervalle entre les obſervations, étoit réputé l’inſtant de l’équinoxe.

Les armilles ſervoient encore à plusieurs autres uſages, ſur-tout à déterminer immédiatement & ſans calcul la longitude & la latitude d’un aſtre ; invention utile dans des temps où la trigonométrie ſphérique étoit encore à naître ou dans l’enfance : on le faiſoit de la manière ſuivante. Vouloit-on obſerver le lieu d’une étoile, par exemple, on tournoit l’inſtrument ſur les pôles de l’équateur, de telle ſorte que le lieu de l’écliptique occupé alors par le ſoleil, fût à l’égard du méridien, dans une ſituation ſemblable à celle du ſoleil même. Sans tarder, on miroit à l’étoile par les pinnules du cercle mobile ſur les pôles de l’écliptique ; le point où il la coupoit, ou la diviſion que montroit l’index donnoit le lieu de l’étoile en longitude, & la diviſion où étoient arrêtées les pinnules du cercle mobile, donnoit en même temps ſa diſtance à l’écliptique, ou ſa latitude. Cette manière d’obſerver ſervoit principalement quand il s’agiſſoit d’une planète qu’on pouvoit voir ſur l’horiſon en même temps que le Soleil, comme la Lune & Vénus dans certaines circonſtances ; car on pouvoit mirer à la fois, au ſoleil par l’endroit de l’écliptique qu’il occupoit au moment de l’obſervation, & à l’aſtre par les pinnules du cercle mobile ; ce qui étoit beaucoup plus ſûr. Montucla. T. I.

ARMURE de L’AIMANT. C’eſt le nom qu’on donne à deux pièces de fer de forme angulaire & réunies par des brides de cuivre ou d’argent, qu’on met autour des aimans naturels ou artificiels, pour conſerver & principalement augmenter leur vertu magnétique. L’aimant naturel brut ne porte que de la limaille de fer, quelques petits clous, ou tout au plus un poids de quelques onces ; mais lorſqu’il eſt revêtu de ſon armure, il peut porter un poids d’un grand nombre de livres. On en a même vu qui, étant armés portoient une maſſe cent fois plus peſante que lorſqu’ils étoient nuds. Il en eſt de même des aimans artificiels.

Les procédés qu’on ſuit en divers endroits pour armer les aimans, diffèrent entr’eux accidentellement ; mais en général ils ſe réuniſſent tous dans des points principaux. M. le Monnier, médecin, a donné dans l’encyclopédie une méthode que nous allons rapporter.

[ Il eſt eſſentiel, avant que d’armer un aimant, de bien connoître la ſituation de ſes pôles : car l’armure lui deviendroit inutile ſi elle étoit placée par-tout ailleurs que ſur ces parties. Afin donc de reconnoître exactement les pôles d’un aimant, on le mettra ſur un carton blanc liſſé, & on répandra par-deſſus de la limaille de fer qui ne ſoit point rouillée, ce qui ſe fera plus uniformément par le moyen d’un tamis : on frappera doucernent ſur le carton, & on verra bientôt ſe former autour de l’aimant, un arrangement ſymmétrique de la limaille, qui ſe dirigera en lignes courbes E, E, (fig. 333.) vers l’équateur en ſuivant les lignes droites ΑΑ, BB, vers les pôles qui ſeront dans les deux parties de l’aimant où tendront toutes ces lignes droites ; mais on les déterminera encore plus préciſément en plaçant deſſus une aiguille fort fine & très-courte ; car elle ſe tiendra perpendiculairement élevée à l’endroit de chaque