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pôle, & elle ſera toujours oblique ſur tout autre point.

Lorſqu’on a bien déterminé où ſont les pôles de l’aimant, il faut le ſcier de manière qu’il ſoit bien plan & bien poli à l’endroit de ces pôles : de toutes les figures qu’on peut lui donner, la plus avantageuſe ſera celle où l’axe aura la plus grande longueur, ſans cependant trop diminuer les autres dimenſions.

Maintenant, pour déterminer les proportions de l’armure, il faut commencer par connoître la force de l’aimant qu’on veut armer, car plus cette force eſt grande, plus il faut donner d’épaiſſeur aux pièces qui compoſent l’armure ; pour cet effet, on aura de petits barreaux d’acier bien polis & un peu plats, qu’on appliquera ſur un des pôles de l’aimant : on préſentera à ce barreau d’acier, immédiatement au-deſſous du pôle, un petit anneau de fer, auquel ſera attaché le baſſin d’une balance, & l’on éprouvera quelle eſt la plus grande quantité de poids que l’aimant pourra ſupporter, ſans que l’anneau auquel tient le baſſin de la balance, ſe ſépare du barreau d’acier : on fera ſucceſſivement la même expérience avec plusieurs barreaux ſemblables, mais de différentes épaiſſeurs, & on découvrira facilement, par le moyen de celui qui ſoulèvera le plus grand poids, quelle épaiſſeur il faudra donner aux boutons de l’armure.

Lorſqu’on aura déterminé cette épaiſſeur, on choiſira des morceaux d’acier bien fin, & non-trempés, qu’on taillera de cette manière. Α B, (fig. 346) eſt une des jambes de l’armure, dont la hauteur & la largeur doivent être égales reſpectivement à l’épaiſſeur & à la largeur de l’aimant. B E D, eſt un bouton de la même pièce d’acier dont le plan S B D, eſt perpendiculaire à Α B : ſa largeur à l’endroit où il touche le plan Α B, doit être des deux tiers de G G, la largeur de la plaque Α B, & l’épaiſſeur du bouton S E, doit avoir la même dimenſion : enfin, la longueur BD, qui eſt la quantité dont le bouton ſera avancé au-deſſous de la pierre, ſera des deux tiers de DS, ou de SF. Il eſt néceſſaire que ce bouton devienne plus mince, & aille en s’arroudiſſant par-deſſous depuis S & D, juſqu’en E, de manière que ſa largeur en E, ſoit d’un tiers ou d’un quart de la largeur SD. Il eſt encore fort important de faire attention à l’épaiſſeur de la jambe Α B ; car ſi on la fait trop épaiſſe ou trop mince, l’armure en aura moins de force : or, c’eſt ce qu’on ne ſauroit bien déterminer qu’en tâtonnant ; c’eſt pourquoi il faudra procéder, comme on a fait pour déterminer l’épaiſſeur du bouton. On obſerve en général que l’extrémité ſupérieure C C, doit être arrondie, & un peu moins élevée que l’aimant, & que l’épaiſſeur de la plaque doit être moindre vers C C, que vers G G. On appliquera donc ces deux plaques avec leurs boutons ſur les pôles reſpectifs de l’aimant, de manière que ces deux pièces touchent l’aimant dans le plus de points qu’il ſera poſſible ; & on les contiendra avec un bandage de cuivre bien ſerré, auquel on ajuſtera le ſuſpenſoire X. (fig. 347.)

Maintenant, pour réunir la force attractive des deux pôles, il faut avoir une traverſe d’acier DΑCB, bien ſouple & non trempé, dont la longueur excède d’une ou deux lignes les boutons de l’armure, & dont l’épaiſſeur ſoit à-peu-près d’une ligne : il doit y avoir un trou avec un crochet L, afin qu’on puiſſe ſuſpendre les poids que l’aimant pourra lever.

Lorſqu’on aura ainſi armé l’aimant, il ſera facile de s’appercevoir que ſa vertu attractive ſera conſidérablement augmentée ; car tel aimant qui ne ſauroit porter plus d’une demi-once, lorſqu’il eſt nu, lève, ſans peine, un poids de 10 livres lorſqu’il eſt armé : cependant, ſes émanations ne s’étendent pas plus loin lorſqu’il eſt armé que lorſqu’il eſt nud, comme il paroît par ſon action ſur une aiguille aimantée, mobile ſur ſon pivot ; & ſi l’on applique, ſur les pieds de l’armure, la traverſe qui ſert à ſoutenir les poids qu’on fait ſoulever à l’aimant, la diſtance à laquelle il agira ſur l’aiguille, ſera beaucoup moindre, la vertu magnétique ſe détournant, pour la plus grande partie, dans la traverſe.]

Il y a une autre manière de faire une armure qui eſt plus détaillée & qui paroît meilleure à M. Briſſon : elle eſt décrite par M. Muſſchenbroeck. Eſſai de phyſique, tome I. pag. 283. La voici : Il faut commencer d’abord par chercher la figure qu’on doit donner à l’aimant. Si l’aimant qu’on veut armer, eſt une maſſe brute, il faut chercher où ſes pôles ſont ſitués, & marquer enſuite les endroits où ils ſe trouvent. Pour trouver les pôles, il faut tenir tout proche de l’aimant, une aiguille de bouſſole aimantée, & chercher les endroits qui attirent l’aiguille, avec le plus de force, vers l’aimant : dans ces endroits ſont placés les pôles. On les trouve auſſi à l’aide d’un petit morceau d’aiguille que l’on poſe ſur l’aimant ; car ſes pôles ſont aux endroits où ce petit morceau d’aiguille ſe tient de bout. Après avoir trouvé les pôles, la ligne droite qu’on conçoit paſſer par les deux pôles, eſt l’axe de l’aimant. On examine enſuite, ſi en donnant à l’aimant deux côtés parallèles, qui ſeroient perpendiculaires à l’axe, il eſt plus facile de donner à l’aimant la forme d’un cube, ou celle d’un parallélipipède (cette dernière eſt la plus avantageuſe). Lorſqu’on s’eſt déterminé là-deſſus, on commence par ſcier les côtés des pôles avec une ſcie, comme font les tailleurs de pierres, & après les avoir faits bien perpendiculaires à l’axe, on ſcie les morceaux inutiles, & les coins que l’on rejette, on polit enſuite l’aimant ſur une pierre à aiguiser