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un peu plus bas que l’aimant, mais cependant pas plus bas que d’un trentième de pouce. On arrondit un peu le bout proche de C C : il faut de même retrancher les angles extérieurs de toute la jambe juſqu’à l’aimant, en les arrondiſſant auſſi un peu. Si l’on n’a pas cette attention, on trouvera que la vertu magnétique ſemble ſe déterminer vers tous les angles & les coins, ce qui l’empêche de s’introduire en entier dans le pied ; ce qui eſt cependant l’unique but qu’on ſe propoſe. On a encore obſervé que les jambes doivent être plus minces en haut, & plus épaiſſes en bas près du pied.

Il eſt auſſi néceſſaire que les pieds ſoient tournés en dedans par-deſſous & tout contre l’aimant, & non pas en dehors, comme quelques-uns l’ont prétendu ; car l’expérience a appris qu’un aimant armé, dont les pieds se jettent en dehors, lève moins de fer qu’un autre aimant, dont les pieds rentrent en dedans, lorsque les jambes des deux armures sont parfaitement de la même épaisseur & de la même figure. Il faut que ces pieds ſoient tournés en dedans, quand même l’eſpace, qui te trouve entre eux, ne ſeroit pas plus grand que la longueur d’un des pieds de l’armure. L’on conçoit aiſément que cela doit être ainſi, puiſqu’un aimant attire toujours, ou agit avec d’autant plus de force, qu’il eſt plus près du fer : les pieds qui ſont tournés en dehors, s’éloignent de l’aimant, au lieu que ceux qui ſe jettent en dedans, viennent se joindre tout contre la pierre.

Pour faire tenir l’armure contre les deux côtés de l’aimant, on ſe ſert de deux bandes de cuivre E, F, (fig. 349) qui entourent l’aimant, & dont l’une E environne la partie ſupérieure, & l’autre F la partie inférieure de l’armure : & afin que les fers puiſſent être appliqués fort exactement & bien ſolidement contre l’aimant, on met dans chaque bande une vis de cuivre, qui, en tournant, preſſe les jambes contre la pierre.

Lorſqu’on veut ſuſpendre l’aimant ainſi armé, on peut le faire de différentes manières, par exemple, en attachant deux petites chevilles à tête à la bande ſupérieure E, moyennant leſquelles on fait paſſer par-deſſus l’aimant une penture de cuivre G, au milieu de laquelle on fait auſſi paſſer la queue d’un petit anneau H, qui peut tourner dans cette même penture ; de cette manière l’aimant eſt ſuſpendu au petit anneau, & tourne comme on veut.

Afin de faire voir quelle eſt la force d’un aimant armé pour attirer quelque poids, il faut avoir un fer Α B C D, appelé portant, que l’on met sous les pieds de l’armure, & auquel on ſuſpend le poids qui doit être attiré. Ce fer eſt d’une grande importance, de même que ſa figure, ſon épaiſſeur, ſa largeur & ſa longueur. Il eſt difficile de preſcrire des règles ſur cela, ſi ce n’eſt que ce fer doit être bien raffiné & fort flexible, qu’il ne doit pas être double en aucun endroit, ni fendu ou rompu. L’acier ou le fer qui eſt dur, ne vaut rien ; car un aimant, auquel est ſuſpendu un fer raffiné & ſouple, peut attirer un poids environ double de celui que ce même aimant pourroit attirer, ſi on lui ſuſpendait un morceau d’acier trempé, qui auroit abſolument la même grandeur, la même épaiſſeur & la même figure. On peut, en quelque ſorte, déterminer la largeur de fer Α B C D. Il doit être un peu plus large que la base inférieure des pieds de l’armure ; & il n’eſt pas ſi bon, lorſqu’il eſt plus étroit. Quant à la hauteur BC de ce fer, il faut chercher quelle elle doit être ; car il ſe rencontre quelques pierres, qui demandent un fer deux fois plus haut que les autres, ſans qu’on en puiſſe découvrir la raison, mais on a trouvé que lorſque le fer eſt trop bas, il n’attire qu’un poids plus léger. On a encore obſervé que ce même fer peut auſſi être trop haut. On doit donc chercher la meilleure hauteur ; en rendant un fer inutile par les épreuves que l’on en fait, & en donnant à un ſecond fer la hauteur que l’on a trouvée être la meilleure de toutes.

Ce fer Α B C D doit être de quatre ou cinq lignes plus long que la diſtance extérieure qui ſe trouve entre les pieds de l’armure ; car ſi on ne donne pas à ce fer plus de longueur que n’en a cette diſtance, de façon que ſes côtés extérieurs C B & D Α n’excèdent pas les côtés C & B des pieds de l’armure ; alors l’aimant pourra n’attirer qu’un moindre poids par le moyen de ce fer. L’on fait au milieu de la partie inférieure Α B du fer Α B C D, un trou extrêmement évaſé par dehors de chaque côté, qui va par conſéquent en diminuant de diamètre vers le milieu de l’épaiſſeur du fer, & par lequel paſſe un crochet L auquel eſt ſuſpendu un baſſin, propre à mettre le poids E qui eſt attiré par la pierre.

La ſurface ſupérieure D C de ce fer doit être liſſe & avoir des angles aigus & non arrondis ; mais les angles du côté inférieur A B peuvent bien être arrondis. Si l’on a ſoin que les extrémités D Α, C B ſoient ſeulement carrées, enſorte que le fer Α B C D demeure un parallélipipède rectangle, on pourra ſuſpendre à ce fer un poids plus peſant, que ſi on n’arrondiſſoit qu’à demi ces extrémités D A, C B : mais ſi l’on donne au fer la même figure que l’on voit ici repréſentée, (fig. 349) l’aimant pourra attirer un poids encore plus peſant. Nous ne ſaurions donner juſqu’à préſent aucune raiſon de ce phénomène ; nous nous contentons donc d’expoſer ici ce que l’expérience a appris à force de faire des épreuves & des recherches. Quelques artiſtes veulent que l’on mette aux extrémités de ce fer des tourniquets de cuivre, qui ſoient dreſſés debout, & dans leſquels les pieds de l’armure s’enchâſſent exactement, afin qu’en attirant & en levant le poids, il ne gliſſe