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frottées, chauffées ou en fuſion, ont une atmoſphère très-ſenſible de loin ; il suffit, pour en être convaincu, d’avoir été dans des ports de mer, dans le temps qu’on gouderonne des vaiſſeaux. Les fleurs de pluſieurs eſpèces de plantes, exhalent de tous côtés des émanations odorantes, dont on s’apperçoit ſur-tout le matin & le ſoir, en entrant dans un parterre. L’ambre gris & le muſc lancent de toutes parts des effluves odorans pendant pluſieurs années, ſans perdre ſenſiblement de leurs poids ; & à tout inſtant on peut reconnoître leur préſence, même à une diſtance plus ou moins grande, ſelon les circonſtances. Voyez Odeur.

Atmosphère des végétaux. Les végétaux tranſpirent habituellement comme les animaux, & leur tranſpiration eſt rnême de beaucoup plus conſidérable qu’on ne ſeroit tenté de le croire, ſi les expériences les plus ſûres ne le démontroient. On en a rapporté pluſieurs au commencement de cet article ; il suffira d’ajouter ici, qu’en douze heures de jour, un petit pommier, élevé dans un vaſe, fournit par ſa tranſpiration, neuf onces ou quinze pouces cubiques & demi d’eau. On peut voir dans la ſtatique des végétaux de M. Hales, un grand nombre d’autres réſultats de ce genre. Mais ces vapeurs, en grande partie aqueuſes, qui s’échappent par la tranſpiration de tous les végétaux & de toutes les parties qui s’élèvent & se diſſipent continuellement dans la maſſe de l’air, ſont ſans ceſſe remplacées par d’autres qui fourniſſent une nouvelle atmoſphère. Il en eſt cependant une partie qui, par ſon adhérence à la ſuperficie des plantes, y ſéjourne plus long-temps. Les fleurs des plantes odoriférantes, & même de pluſieurs de leurs autres parties, ne permettent pas de douter de l’abondance des émanations qui ſortent de la plupart des plantes. Elles ſont même ſi ſenſibles, qu’on peut deviner de quelle eſpèce eſt une plante qu’on ne verroit pas, ſans employer d’autre moyen que l’odorat, même à une certaine diſtance.

Atmosphère des animaux. Tous les animaux tranſpirent continuellement, & la quantité de matière perſpiratoire qui ſort à tout inſtant des pores de leur corps, eſt étonnante : Sanctorius qui, à deſſein de la connoître, a resté trente ans dans une balance, a obſervé que ſur huit livres de nourriture, il y en a cinq qui s’échappent par la tranſpiration inſenſible. Si on fait raſer la tête d’un homme, qu’on le place près d’un mur blanchi, dans une chambre obſcure qui reçoive par un ſeul trou les rayons du ſoleil, on verra ſur le mur, la projection de l’ombre des vapeurs de la tranſpiration : on les appercevra encore mieux ſi on ſe ſert d’un microſcope ſolaire. Dans ce cas, on voit des fleuves de corpuſcules qui s’élancent dans l’air avec une grande vîteſſe.

On ſait que les chiens de chaſſe, doués d’un organe exquis, ſuivent à la piſte le gibier, que tous les chiens même, retrouvent leur maître, en diſtinguant les émanations qui ſortent des corps animés. On verra des preuves de cette vérité, aux articles Odeur, Émanations, Odorat, &c.

Lorſqu’un vent ſouffle, on reſſent toujours plus de froid, quoique le thermomètre ſoit au même degré que dans d’autres circonſtances où il ne fait pas de vent, & où la liqueur eſt au même point. Cet effet dépend uniquement du changement de l’atmoſphère animale, que le vent enlève & diſſipe à chaque inſtant ; l’évaporation continuelle de cette eſpèce de fluide de deſſous la ſuperficie du corps, produit ce froid ; & on doit la regarder comme une ſuite d’immerſions du corps dans un bain qui ſe renouvelle ſucceſſivement, c’eſt-à-dire, dans des atmoſphères animales qui ſe ſuccèdent rapidement les unes aux autres. Voyez encore porosité des corps, Vent, Thermomètre, &c.

L’atmoſphère des corps des animaux, & même celle des végétaux, prennent des accroiſſemens bien plus grands, lorſque ces ſubſtances ſont dans un état de putréfaction. On voit alors les animaux accourir de toutes parts, avertis par les effluves & les émanations abondantes qui en exhalent. L’odeur va toujours en diminuant à mesure qu’on s’éloigne du corps, & elle a une intenſité bien plus grande à une plus grande proximité. Mais dans ce cas, on ne peut regarder comme atmoſphère que la portion plus dense des effluves, qui eſt autour du corps & qui partage ſes mouvemens. Ce qui ſe diſſipe au loin a appartenu auparavant à l’atmoſphère avant la ſéparation, & en indique l’exiſtence par voie de conſéquence. Il faut en dire autant des émanations qui déterminent les chiens de chaſſe ; & de toutes celles qui s’échappent des corps odoriférans, des corps ignées & lumineux.

Atmosphère lunaire L’expreſſion d’atmoſphère lunaire déſigne un fluide élaſtique qui enveloppe conſtamment le globe de la lune. L’analogie porte dabord à croire que la lune a une atmoſphère comme la terre, & qu’il en eſt de même des autres planètes. Cependant les auteurs ne ſont pas d’accord ſur cet objet : pluſieurs aſtronomes en prouvent l’exiſtence, en diſant que dans les éclipſes totales du ſoleil, la lune paroît entourée d’un anneau lumineux parallèle à ſa circonférence. Dans la grande éclipſe de 1715, on vit l’anneau à Londres & ailleurs ; Wolf l’obſerva à Leipſick dans une éclipſe de 1706, & la partie la plus voiſine de la lune fut plus brillante que celle qui en étoit plus éloignée, circonſtance que les aſtronomes françois obſervèrent également. Kepler précédemment avoit rapporté qu’on avoit vu la même chose à Naples & à Anvers dans une éclipſe de 1605. De ces phénomènes, il paroît réſulter, diſent-ils, qu’il y a autour du globe de la lune une atmoſphère, c’eſt-à-dire, un fluide qui réfléchit les rayons du ſoleil en même temps qu’il les briſe, & qui eſt d’autant plus rare, qu’il s’éloigne de la ſurface de la lune.

Il y en a qui ont aſſuré avoir apperçu dans les éclip-