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ATO-ATT
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de corpuscules durs, crochus, quarrés, oblongs & de toutes ſortes de figures ; tous indiviſibles, tous en mouvement & faiſant effort pour avancer ; tous deſcendant & traverſant le vuide ; s’ils avoient toujours continué leur route de la ſorte, il n’y auroit jamais eu d’assemblages, & le monde ne ſeroit pas : mais quelques-uns allant de côté, cette légère déclinaiſon en ſerra & accrocha pluſieurs enſemble : de-là ſe ſont formées diverſes maſſes, un ciel, un ſoleil, une terre, un homme, une intelligence & une ſorte de liberté. Rien n’a été fait avec deſſein ; les jambes n’ont pas été faites pour porter le corps & pour marcher ; les doigts n’ont pas été pourvus d’articulations pour ſaisir les objets, ni la bouche garnie de dents pour broyer les alimens, ni les yeux ſi bien organiſés pour voir ; mais nous faiſons uſage de ce que nous trouvons capable de nous rendre ſervice. Le tout s’eſt fait par haſard ; tout ſe continue de même, & les eſpèces ſe perpétuent encore par haſard.

Ce ſyſtème eſt un tiſſu d’abſurdités révoltantes, victorieuſement réfutées par pluſieurs auteurs, & entr’autres par le Cardinal de Polignac dans ſon anti-Lucrèce ; voyez auſſi l’hiſtoire du ciel par Pluche : cet article eſt abrégé de M. Formey.

Gaſſendi & quelques modernes ont admis les atomes de Leucipe, de Démocrite & d’Épicure, mais ils ont réformé ce ſyſtème vicieux, & en ont banni les abſurdités que réprouvent la ſaine raiſon. L’illuſtre Gaſſendi, parmi nous, eſt le premier & le plus fameux des atomiſtes modernes. Voyez la notice hiſtorique de Gassendi dans ce dictionnaire. Bernier a été un de ſes principaux diſciples, & a préſenté dans un ouvrage un précis de ce qui ſe trouve de relatif à cet objet dans les œuvres de Gaſſendi. Dans cet atomiſme moderne, les atomes ne ſont plus éternels, ni mis au haſard ; ils ont été produits & dirigés par l’intelligence infinie qui a créé l’univers. Voyez encore l’article Corpusculaire.

ATONIE ; ce mot eſt d’origine grecque, il eſt compoſé d’à privatif & du mot tendre ; il signifie donc déſaut de tenſion, relâchement, foibleſſe, & s’applique aux ſolides du corps humain. L’atonie, comme cauſe de maladie, ſe traite par les toniques, tels que les aſtringens, les apéritifs, &c. ; comme ſuite des maladies, de la fatigue, &c. on la traite par le repos & la diète reſtaurante. Comme on ſe ſert de ce mot dans la phyſique du corps humain, quoiqu’il appartienne plutôt à la médecine, il a été à propos de le définir.

ATR


ATROPHIE, c’eſt la maigreur extrême de tout le corps, (maraſmus tabes.)

ATT


ATTELIER DU SCULPTEUR. C’eſt une des nouvelles conſtellations que M. l’abbé de la Caille a ajoutées à celles de l’hémiſphère méridional qui étoient connues avant lui ; elle eſt compoſée d’un ſcabellon qui porte un modèle, & d’un bloc de marbre ſur lequel on a poſé un maillet & un ciſeau ; ſa place eſt près du tropique du capricorne, ſous la queue de la baleine, au-deſſous du phœnix. Voyez les mémoires de l’Académie 1752.

ATTÉNUATION, action d’atténuer un fluide, c’eſt-à-dire, de le rendre plus liquide & moins épais qu’il n’étoit.

Chauvin définit plus généralement l’atténuation, l’action de diviſer ou de ſéparer les plus petites parties d’un corps, qui auparavant formoit une maſſe continue par leur union intime ; c’eſt pour cette raiſon que les Alchimiſtes ſe ſervent quelquefois de ce mot, pour exprimer la pulvériſation, c’eſt-à-dire, l’action de réduire un corps en une poudre impalpable, ſoit en le broyant, ſoit en le pilant, &c.

ATTRACTION Newtonienne, eſt l’effet d’une puiſſance par laquelle chaque corps & même chaque particule de matière tend vers une autre portion de matière ; c’eſt une tendance pour s’approcher, ſoit que la puiſſance qui le produit ſoit inhérente aux corps mêmes, ſoit qu’elle conſiſte dans l’impulſion d’un agent extérieur, ſoit qu’elle dépende d’une loi primitive établie par le Créateur.

Les anciens ont eu une idée générale de l’attraction : Anaxagore, Démocrite, Épicure & quelques autres ont admis cette tendance de la matière vers des centres communs ſur la terre & ailleurs. Copernic a attribué la rondeur des corps céleſtes à l’attraction de leurs différentes parties. Tycho-Brahée a ſoutenu la réalité d’une force centrale dans le ſoleil, pour retenir les planètes dans leurs orbites autour de lui. Képler a admis une attraction générale & réciproque, & a aſſuré que l’attraction du ſoleil s’étendoit juſqu’à la terre, & à toutes les planètes, que celle de la terre s’exerçoit ſur la lune comme ſur tous les corps terreſtres ; il explique auſſi très-bien les marées par l’attraction de la lune ſur l’Océan. Fermat, Bacon, Galilée, Hévelius, Roberval & Hook ont également reconnu une attraction univerſelle. Ce dernier ſur-tout, au commencement de ſon ſyſtème du monde, parle de l’attraction mutuelle de tous les corps céleſtes, laquelle combinée avec le mouvement en ligne droite qu’ils ont reçu, leur fait décrire une courbe rentrante ; attraction qui eſt d’autans plus grande, que les corps attirans & attirés ſont plus proches. « Pour ee qui eſt, dit-il, de la proportion ſuivant laquelle ces forces (attractives) diminuent à meſure que la diſtance augmente, j’avoue que je ne l’ai pas encore vérifiée. »

Il étoit réservé à Newton de faire ce dernier pas, & de découvrir la loi ſelon laquelle l’attraction décroît. Grégori & M. Dutemps prétendent que Pythagore l’avoit trouvée, mais certainement elle étoit généralement-oubliée ; il falloit donc la découvrir de nouveau, & ſur-tout la démontrer.

Pemberton, ami de Newton, décrivant l’histoire