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de la terre & ſe diſſiperoient dans le vaſte eſpace qui nous environne. L’air lui-même, cette atmoſphère qui enveloppe notre globe, à cauſe de ſa grande fluidité, obéirait le premier à cette force qui tendroit à l’éloigner de la terre : il en ſeroit de même dans les autres planètes ; & l’ordre admirable qui règne dans l’univers ſeroit troublé & entièrement confondu, ſi cette attraction, cette gravitation, cette peſanteur univerſelle n’étoit l’ame du monde, le grand & puiſſant reſſort qui anime toute la machine. Car ſi cette attraction univerſelle règne, ſi toutes les parties qui compoſent le globe des planètes, & en particulier celui de la terre, ſont toutes ſoumiſes à une tendance réciproque, à une attraction vers leurs centres particuliers, les forces centrifuges ſont contrebalancées par les forces centripètes ou attractives ; tous les corps reſtent unis à la maſſe des planètes, quoique circulantes ; les eaux, les terres, les animaux, retenus par la force attractive, ne s’échapperont jamais par les tangentes aux courbes de rotation & de révolution, comme l’obſervation la plus conſtante le démontre.

4o. Les planètes n’ayant pas ſeulement un mouvement de rotation autour de leur axe, mais encore un mouvement de révolution autour du ſoleil ou de leurs ſoleils reſpectifs, & les ſatellites autour de leurs planètes principales ; il s’enſuit encore que ce ſecond mouvement de circulation produiroit les mêmes inconvéniens dont nous venons de parler, & que la force centrifuge entraîneroit tous les corps qui ſont ſur la ſurface de la terre & les diſſiperoit par la tangente ; & qu’enſuite toutes les parties de chaque globe planétaire circulant ainſi, s’échapperoient ſucceſſivement de la maſſe reſtante, juſqu’à ce que la diſſipation fût totale ; ou même que la maſſe totale d’une planète ou d’un ſatellite ſuivroit la tangente. Le ſoleil & les étoiles éprouveroient le même ſort ; & rien de tout ce que l’obſervation nous découvre ne ſubſiſteroit. On doit donc en conclure que toutes les planètes du premier ordre ſont retenues dans leurs orbites par des forces, qui tendent au centre du ſoleil ; comme les ſatellites dans les leurs par les attractions de leurs principales planètes, & même du ſoleil.

En vain diroit-on qu’un tourbillon de matière ſubtile enveloppe les planètes & tous les aſtres, & les retient ainſi : car l’exiſtence des tourbillons n’eſt rien moins que prouvée ; en les ſuppoſant, on ne peut expliquer les phénomènes aſtronomiques que l’obſervation démontre : ces derniers ſont même inconciliables & incompatibles avec l’hypothèse des tourbillons, comme on le verra à l’article Tourbillon, & comme il eſt encore mieux prouvé par l’aveu tacite de nos adverſaires qui n’ont jamais tenté d’expliquer pluſieurs des phénomènes dont les obſervations modernes ont démontré l’exiſtence ; tandis qu’il n’en eſt aucun qu’on ne puiſſe regarder comme une ſuite néceſſaire des principes de l’attraction univerſelle. D’ailleurs, qui retiendroit dans la circonférence la dernière couche des derniers tourbillons ? Comment la matière ſubtile qui compoſe tous les tourbillons, ne s’échapperoit-elle pas en partie dans les eſpaces triangulaires que laiſſent néceſſairement entr’eux pluſieurs tourbillons voiſins ; & s’ils s’y portent, comment n’en réſulte-t-il pas du trouble capable de détruire cette harmonie régulière & conſtante qu’on remarque dans cette admirable univers.

5o. Tous les corps céleſtes ſont ronds, la terre, la lune, mars, jupiter, &c. Or, cette figure ronde eſt une preuve de l’attraction univerſelle qui règne dans le ciel ; car cet arrondiſſement de notre globe, de la mer qui l’environne, démontre que dans le temps de ſa formation, temps où il étoit dans un état de liquidité ou de moleſſe, toutes ſes parties tendantes vers un centre commun, ont dû s’arranger de manière à ce que l’équilibre parfait fût établi, de ſorte qu’aucune colonne du vaſte Océan ne fût plus éloignée du centre qu’une autre, & qu’il en fût de même des parties molles des terres ; ce qui néceſſairement a dû produire une figure ronde dans la maſſe de la terre. Nous ne conſidérons point ici l’effet de la force centrifuge. Cette rondeur a dû réſulter dans toutes les autres planètes, & même dans tous les astres, de l’attraction réciproque de toutes les parties dont elles ſont compoſées. Ainſi cette rondeur de tous les aſtres eſt une preuve sûre de l’attraction ou peſanteur univerſelle.

Les loix que l’attraction obſerve dans les grandes diſtances, c’eſt-à-dire, reſpectivement à celle des planètes, ſont claires, simples, & peu nombreuses.

première loi. Tous les corps s’attirent réciproquement.

Seconde loi. L’attraction eſt proportionnelle à la quantité de matière.

Troisième loi. L’attraction agit en raiſon inverſe du quarré des disſances.

1o. On doit entendre la première loi en ce ſens, que tous les corps qui exiſtent dans tout l’univers, s’attirent & sont attirés ; que ſi un corps Α attire un corps B, ce dernier attire en même-temps le premier, en un mot, que tous les deux ſont attirés & attirans : en d’autres termes on dit que l’attraction eſt mutuelle dans tous les corps. Si la terre attire la lune, elle en esſ attirée ; ſi la terre eſt attirée par le ſoleil, elle exerce ſur cet aſtre la même force d’attraction : il en eſt de même de ſaturne, de jupiter, de mars, de vénus & de mercure, relativement à la maſſe du ſoleil. Ce que nous venons de dire des corps céleſtes comparés entr’eux, doit s’entendre également de leurs différentes parties, & aux autres aſtres autour deſquelles elles circulent.