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Si rien ne s’oppoſoit à la force attractive de la lune vers la terre, ce ſatellite tomberoit bientôt ſur la terre avec un mouvement accéléré ; il en eſt de même des planètes vers le ſoleil, & réciproquement ; mais cette attraction, cette gravitation ou peſanteur eſt contre-balancée par une force projectile qui l’empêche d’obéir entièrement à la force attractive. Réciproquement s’il n’y avoit une force antagoniſte, l’attraction de la terre vers la lune, celle des planètes vers leurs ſatellites, celle du ſoleil vers les planètes, &c., les porteroient bientôt, avec un mouvement accéléré, vers les globes attirans, par une ligne droite tirée de leurs centres reſpectifs aux centres des globes correfpondans qui attirent.

L’univerſalité, & conſéquemment la réciprocité de l’attraction qui en eſt une ſuite néceſſaire, ſont bien prouvées dans les aſtres par les phénomènes céleſtes, & par un grand nombre de phénomènes obſervés dans les corps terreſtres & dont nous ferons mention en parlant de l’attraction dans les petites diſtances. Voyez encore l’article Adhérence, Cohérence, Tubes capillaires, &c. &c.

En conſéquence de ce que nous venons de dire, pluſieurs ont diſtingué l’attraction en active & paſſive. La première, eſt l’action qu’un corps exerce ſur le corps attiré ; l’action par laquelle la terre attire à elle une pierre qui tombe, ou la lune qui circule dans ſon orbite, eſt une attraction active ; l’effet de cette attraction active eſt de faire graviter ou peſer la pierre & la lune vers la terre. L’attraction paſſive eſt la tendance d’un corps vers un autre qui l’attire, c’eſt ſa gravitation ou peſanteur ; dans l’exemple précédent, la lune & la pierre ſont portées vers la terre par la tendance que la terre leur a imprimée. Mais comme l’attraction eſt réciproque, la pierre & la lune attireront à elles la terre par leur attraction active, & la terre ſe portera vers elle par l’attraction paſſive. On peut ſe diſpenſer de faire cette diſtinction parce que l’idée d’une relation quelconque entraîne néceſſairement avec elles celle des co-relatifs.

2°. L’attraction doit être néceſſairement proportionnelle à la quantité de matière, parce que la maſſe ou quantité de matière, étant compoſée de toutes les parties de matière qui y ſont contenues, & chacune de ces parties ou particules étant douée d’une force attractive, il eſt évident que la force attractive totale d’un corps, eſt compoſée de toutes les forces attractives particulières de ses molécules en parties intégrantes ; ainſi la ſomme des attractions partielles eſt proportionnelle à la ſomme des parties de matière, c’eſt-à-dire, à la maſſe qui n’eſt autre choſe que la quantité des parties renfermées ſous le volume du corps, & plus cette maſſe eſt grande, plus auſſi l’attraction doit décroître. Une maſſe double, triple, quadruple, &c., doit attirer deux, trois, quatre fois plus un même corps, qu’une maſſe qui ſeroit ſupposée comme un.

Il ſuit de ce principe, que ſi deux corps, par exemple, la terre & la lune ne ſont pas ſoumiſes à d’autres forces qu’à celle d’une attraction réciproque & proportionnelle à leurs maſſes, elles doivent s’approcher reſpectivement en parcourant des eſpaces qui ſoient en raiſon inverſe des maſſes, & que le point de rencontre ſera le centre commun de leurs attractions, relativement à un troiſième corps qui ſeroit attiré conjointement par les deux premiers. La raiſon en eſt que ſi la terre, par exemple, a cent fois plus de maſſe que la lune, ſa force attractive ſera à celle de la lune comme 100 à 1 ; les effets étant proportionnels aux cauſes, la petite maſſe ou la lune se rapprochera donc cent fois plus vite de la terre, que celle-ci de la lune ; conſéquemment les eſpaces parcourus ſeront en raiſon inverſe des maſſes, & le point de rencontre ſera cent fois plus près de la terre que de la lune. Mais ſi on ſuppoſoit que la terre & la lune euſſent reſté immobiles dans les mêmes points de l’eſpace où nous les avons d’abord ſuppoſées ; qu’elles n’euſſent exercé ſur elles attraction mutuelle ; que leur force attractive ne ſe fût exercé que ſur un troiſième corps ; dans ce cas celui-ci ſe ſeroit porté vers le point de rencontre, en ſuivant la diagonale d’un parallélogramme conſtruit ſur la direction & ſur le rapport des forces attirantes de la terre & de la lune, comme il a été prouvé en partant du mouvement compoſé.

L’attraction paſſive d’un corps, qui n’eſt autre choſe que ſa tendance, ſa peſanteur eſt encore proportionnelle à la maſſe de ce corps gravitant ; & l’expérience le prouve, puiſque dans le vuide, tous les corps, une plume, du papier, une pierre, un morceau de plomb ou d’or, tombent également vite ſur la terre ; mais les vîteſſes étant égales, les quantités de mouvement ſeront néceſſairement comme les maſſes, conſéquemment les attractions paſſives ſuivront la proportion des maſſes.

3°. L’attraction agit en raison inverſe du carré de la diſtance ; c’eſt-à-dire, que, quoiqu’à la même diſtance, la force attractive ſoit toujours la même, cependant, ſi la diſtance augmente, l’attraction décroîtra, comme le quarré de la diſtance augmente. Par exemple, ſi un corps eſt à une diſtance d’un autre, comme 1, enſuite comme 2, ſa gravitation vers cet autre corps attirant ſera comme 4 dans le premier cas, & comme dans le ſecond, 4 étant le carré de deux ; ſi le corps s’éloigne de l’autre à une diſtance comme 3, il en ſera neuf fois moins attiré ; s’il eſt à une diſtance comme 4, il ſera ſeize fois moins attiré que dans le premier cas, parce que 9 eſt le carré de 3, comme 16 eſt le quarré de 4.

Cette loi eſt confirmée par les obſervations aſtro-