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de l’air diminue graduellement, comme sa denſité, à mesure qu’on l’élève ; tandis qu’elle eſt toujours la même dans la direction horiſontale & près de la ſurface de la terre.

23o. Le vuide tranſmettant bien l’électricité, celui qui eſt au-deſſus de l’atmoſphère, la transmettra auſſi facilement, ces choſes ſuppoſées.

24o. N’eſt-il pas poſſible que la grande quantité d’électricité, portée dans les régions polaires par les nuages qui s’y raſſemblent, en ſuivant la direction des méridiens, vienne auſſi à s’y condenſer & à y tomber avec la neige ? n’eſt-il pas poſſible que l’électricité, tendant alors à pénétrer dans la terre, et ne le pouvant pas, à cauſe des glaces qui s’y oppoſent, ſe reporte en haut, comme dans une bouteille de leyde ſurchargée ; qu’elle s’ouvre un chemin à travers l’atmoſphère, peu élevée de ces régions ; qu’elle courre dans le vuide au-deſſus de l’air, & ſe dirige enfin du côté de l’équateur, en divergeant comme les méridiens, l’électricité ne ſera-t-elle pas alors très-viſible dans les endroits où elle ſera plus denſe, & ne le deviendra-t-elle pas de moins en moins à meſure que la divergence augmentera, juſqu’à ce qu’enfin elle trouve une iſſue vers la terre dans les climats plus tempérés, ou qu’elle ſe mêle avec l’air ſupérieur ; & ſi la nature opère de cette manière, n’en résultera-t-il pas, toutes les apparences des aurores boréales ?

25o. Car ces aurores paroîtront plus fréquemment en automne, aux approches de l’hiver, non-ſeulement parce que les nuits ſont plus longues dans cette ſaiſon ; mais encore, parce que dans l’été la longue préſence du ſoleil peut amollir la ſurface du grand gâteau de glace des régions polaires, & le rendre par-là plus propre à conduire l’électricité, ce qui nuira à ſon accumulation dans ces régions.

26o. L’atmoſphère des régions polaires devenant plus dense par le froid extrême, & l’humidité qui la charge étant gelée, quelque grande lumière ne peut-elle pas, pendant la nuit, rendre alors cette atmoſphère un peu viſible à ceux qui vivent dans l’air plus raréfié des latitudes moins viſibles du pôle ? & dans ce cas, quoique cette atmoſphère ſoit elle-même un cercle plein, s’étendant à 10 dégrés de latitude autour du pôle, ne doit-elle pas paroître aux ſpectateurs placés de manière à n’en voir qu’une partie, ſous la forme d’un ſegment ; la corde reſtant ſous l’horiſon, & son arc s’élevant au-deſſus plus ou moins, ſelon la latitude dont il eſt vu, ne doit-il pas paroître d’une couleur un peu obſcure, mais, aſſez tranſparente pour permettre à la vue d’appercevoir quelques étoiles au travers ?

27o. Les rayons électriques divergent entre eux par une répulſion mutuelle, à moins qu’il n’y ait quelqu’autre corps conducteur aſſez près pour les recevoir ; quand ce corps eſt plus diſtant, ces rayons divergent d’abord, mais convergent enſuite pour y entrer.

28o. Les effets du fluide électrique ne peuvent-ils pas expliquer quelques-unes de ces variétés de figures, qu’on obſerve quelquefois dans le mouvement de la matière immenſe des aurores boréales ? puiſqu’il eſt poſſible qu’en paſſant par-deſſus l’atmoſphère, ou allant du pôle vers l’équateur dans toutes les directions des méridiens, les rayons de cette matière trouvent au-deſſous d’eux, dans pluſieurs endroits de leur paſſage, des régions nébuleuſes ou d’un air humide, leſquels étant dans l’état naturel d’électricité, ou dans l’état négatif, peuvent être propres à les recevoir & à les faire converger vers elles ; que ſi ces régions sont plus ſaturées d’électricité, les rayons lumineux peuvent diverger de ces maſſes d’air, ou des nuages vers d’autres également humides, & former ainſi ces figures appelées couronnes, & les autres apparences, dont il eſt ſouvent fait mention dans les différentes deſcriptions que nous avons de l’aurore boréale.

Il ſeroit facile de montrer que l’application de pluſieurs des principes précédens ne peut être faite à l’objet préſent ; mais il ſuffira de faire remarquer que malgré la grande multitude de ces ſuppoſitions, on n’explique point la figure circulaire de l’arc lumineux, le ſegment obſcur, leurs variations, &c., ni la plûpart des effets qui caractériſent les aurores boréales.

D’un autre côté, on ſuppoſe que la terre, ſous l’équateur, & même dans les zones tempérées, eſt aſſez échauffée par le ſoleil pour devenir un conducteur du fluide électrique qui eſt dans l’intérieur du globe ; mais la chaleur du ſoleil ne pénètre qu’à une petite profondeur au-deſſus de la ſurface de la terre, comme l’expérience le prouve ; car les caves conſervent ordinairement une égale température dans les différentes ſaiſons ; & quand la chaleur du ſoleil ſe communiqueroit aux diverſes ſubſtances idioélectriques qui ſont dans le ſein de la terre, certainement elle ne les amolliroit pas, ce qui eſt néceſſaire pour les rendre conductrices, elle ne leur communiqueroit pas même un degré de chaleur approchant, &c., l’air même ſous l’équateur, & à une certaine diſtance de la ſurface de la terre, n’eſt certainement pas aſſez échauffé pour devenir conducteur du fluide électrique, &c., &c.

12o. Opinion de ceux qui attribuent l’origine de l’aurore boréale au gaz inflammable.

Les découvertes récentes qu’on a faites ſur les différentes eſpèces de gaz, & ſur-tout celui qu’on a nommé gaz inflammable, ont engagé M. Volta, phyſicien célèbre, par pluſieurs expériences ingénieuſes, principalement dans cette matière, à imaginer que ce fluide pourroit être la cauſe de