Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/480

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42.*
BAL

46 764 livres d’acide vitriolique diviſé par parties
46 764 égales dans chaque cuve.
43 850 livres de fer.
4140 430 livres d’eau.


Chaque cuve conſtruite en bois de chêne, & reliée avec de forts cerceaux de fer, coûte à Paris

750 liv. les cinq.

Les 4 tubes en fer-blanc de 9 pieds de largeur ſur 5 pouces de diamètre

100

Le chapiteau & le tube ſupérieur.

100
__________
950 liv.

Cette méthode expéditive & économique le paroîtra bien davantage lorsſqu’on la comparera avec la première méthode de MM. Vallet & Alban pour l’expérience du 2 mars 1784. L’on y fit uſage de dix tonneaux contenant chacun un muid de Paris ; & on en avoit dix de rechange préparés, pour les ſubſtituer aux autres, lorſque l’air ne ſe dégageroit plus. Chaque tonneau dégageoit 220 pieds cubes de gaz inflammable, & les dix tonneaux enſemble 2 200 ; il falloit trois heures pour chaque opération, mais deux auroient ſuffi ſi l’on eût eu des tonneaux préparés d’avance ; & comme il étoit néceſſaire de ſe procurer 9 200 pieds de gaz, cinq opérations auroient fourni au delà de la quantité que le globe exigeoit.

Ces cinq opérations auroient conſommé 4 400 livres d’acide vitriolique, 2 500 livres de fer, au lieu que la mauvaiſe qualité de l’enveloppe du globe de M. Blanchard fit une conſommation de 6 591 livres d’acide, & 3 500 livres de fer, tant il s’échappoit de gaz par les coutures ou par le tiſſu du taffetas.

On employa pour faire le gaz inflammable néceſſaire pour remplir ce globe de 26 pieds de diamètre

6 591 livres acide vitriolique à 10 sous la livre
3 295 l. 10 ſ.
3 500 livres recoupes de tôle à 60 liv. le 1 000
101
_________
3 505 l. 10 ſ.


Sans comprendre les frais des tonneaux, journées d’ouvriers, &c.

Mais ſi l’enveloppe de ce globe eût été de bonne qualité, l’état des frais auroit été ainſi :

4 400 livres d’acide vitriolique à 10 ſols la livre
2 200 liv.
2 500 livres recoupes de fer de tôle à 60 livres le mille
150
________
2 350 liv.

L’on donna la préférence à des recoupes de tôle, parce que la limaille de fer a l’inconvénient de dégager l’air par trop fortes bouffées, ce qui fait élever quelquefois l’acide juſque dans le globe ; d’un autre côté, l’acide attaquant d’abord la couche ſupérieure de limaille, y forme une croute de vitriol de mars, qui empêche le reſte de la limaille d’entrer en combinaiſon, & de produire du gaz inflammable. La tôle n’a pas cet inconvénient, & la diſſolution s’opère d’une manière beaucoup plus égale.

Il nous a paru néceſſaire d’entrer dans tous ces détails, qui ne peuvent que faire plaiſir à ceux qui dans la ſuite ſe propoſeroient de répéter en grand les brillantes expériences des aéroſtats.

9o Voyage aéroſtatique fait à Lyon le 4 juin 1784, en préſence du roi de Suède. L’aéroſtat auquel on donna le nom de Guſtave, fut conſtruit en toiles doublées de papier, & élevé par le moyen du feu ; les deux aéronautes qui le montèrent étoient M. Fleurant & une jeune dame (madame Tible.) Sa majeſté ſuédoiſe ayant pris place dans une galerie qu’on lui avoit deſtinée aux breteaux, dans un lieu où étoit en perſpective une enceinte vaſte & décorée avec goût, une aſſemblée brillante nombreuſe ſur des gradins en amphithéâtre, plus loin un peuple immenſe, & au-delà le Rhône & la ville de Lyon vue dans ſa partie orientale, c’eſt-à-dire, dans ſon aſpect le plus impoſant & le plus beau.

Les manœuvres s’exécutèrent ſucceſſivement ſelon des ſignaux convenus ; l’aéroſtat, après ſon développement, s’avança vers le roi pour lui demander l’ordre & le ſignal du départ, & s’éleva enſuite majeſtueuſement dans l’air, ſans dérivation & ſans balancement. Il étoit ſix heures quarante minutes quand l’ordre de lâcher la galerie fut donné. Nous ſaluâmes avec nos drapeaux, diſent les navigateurs, pour ne plus nous occuper enſuite que de l’entretien du feu. Au bout de quatre minutes nous ceſſâmes d’entendre le bruit des voix ; deux minutes après nous ne diſtinguions plus les hommes, ce qui fut annoncé en jetant un drapeau qui mit à tomber cinq minutes, quoiqu’il pesât 12 livres & demi. Nous arrivâmes au-deſſus d’une blanchiſſerie du faubourg de la Guillotière, pouſſés par un vent au nord-nord-oueſt, & nous fûmes ramenés par le ſud-ſud-eſt vers le pont Saint-Clair. Là nous changeâmes une troiſième fois de direction par un vent d’eſt, qui nous fit traverſer les deux rivières & la ville, au-delà de laquelle le ſud-ſud-eſt nous ayant encore repris, nous continuâmes notre route, en nous élevant à une ſi grande hauteur, que les maiſons de Lyon ne nous paroiſſoient plus qu’une maſſe informe. Nous nous défîmes de notre ſecond drapeau, qui fut pendant ſept minutes en l’air.

Un froid ſubit nous ſaiſit en même temps ; il