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AIG

pénétrer l’air, n’ayant aucun obſtacle, aucune réſiſtance à vaincre, ſe dilateront & s’épanouiront avec la plus grande facilité ; leurs rayons, conſidérablement plus raréfiés, ainſi que les molécules qui les compoſent, puiſqu’il n’y a plus de cauſes comprimantes autour d’eux, rempliront tout l’eſpace & paroîtront ſous la figure d’une lumière moins vive, plus diffuſe, plus pâle, comme on l’obſerve dans l’appareil que nous avons décrit, & même dans de grands récipiens vides d’air, armés, à leur extrémité ſupérieure, d’une virole d’une boîte à cuir pour y recevoir une tige de cuivre en communication avec le conducteur électriſé. Voyez la fig. 13. Lorſqu’on rendra l’air, le fluide électrique, éprouvant des réſiſtances de la part de l’air qui eſt une ſubſtance non-conductrice, & ne pouvant ſe dilater, ſe condenſera ; &, ſortant dans cet état de condenſation, paroîtra ſous la forme d’aigrette, ainſi que nous l’avons expliqué. La preuve de cette vérité, c’eſt que ſi l’air eſt humide, on ne voit point d’aigrettes, ou du moins preſque pas, parce que le fluide électrique débouche alors facilement dans la maſſe d’air humide, l’eau étant un excellent conducteur, & toutes les particules d’eau ſe touchant ſans interruption, il n’y aura point de phénomène lumineux viſible. Dans un air ſec, au contraire, ſubſtance parfaitement idio-électrique, le fluide électrique qui en pénètre avec peine la maſſe, ne trouvant point de conducteur continu, brillera néceſſairement aux yeux ſous formes d’aigrettes. Auſſi entendra-t-on un bruiſſement ſenſible, lorſque les étincelles déboucheront dans l’air qu’elles frapperont en même temps ; car ce bruiſſement n’eſt autre choſe que la ſecouſſe que le choc imprime à l’air par le mouvement du fluide électrique.

Les points lumineux ne doivent pas être confondus avec les aigrettes : celles-ci ſont toujours des ſignes de la ſortie du fluide électrique d’un corps où il eſt ſurabondant ; & ceux-là ſont une marque certaine de l’entrée du fluide électrique dans un corps où il y a moins de ce fluide. Mais, dans les deux cas, pour obtenir ces apparences d’aigrettes & de points lumineux, il faut employer des pointes. Voyez les articles Points lumineux & Pointes ; Pouvoir des pointes ; Électricité.

M. l’abbé Nollet & ſes partiſans prétendent que les aigrettes ne deviennent lumineuſes que lorſque les rayons de matière effluente & affluente ont aſſez d’activité & une vîteſſe reſpective aſſez grande pour que le choc des uns contre les autres puiſſe les enflammer. Mais le fluide électrique, étant la matière du feu ou de la lumière, ou un fluide analogue à l’un à l’autre, eſt lumineux par lui-même, & n’a pas beſoin de choc pour briller, de même que la lumière qui brille par ſa nature. Ce prétendu choc d’une matière affluente contre la matière effluente, devroit troubler & déranger la direction des rayons des aigrettes qui néanmoins eſt toujours régulière, comme l’obſervation & l’expérience le démontrent. De plus, il n’y a point d’affluences ſimultanées, ainſi qu’on l’a prouvé à l’article Affluences. Et ſi l’approche de la main ou de quelque corps anélectrique facilite l’éruption des aigrettes, cet effet vient de ce que l’attraction du corps préſenté conſpire, avec la répulſion, à faire ſortir le fluide électrique du conducteur où il étoit ſurabondant.

AIGRETTE DE VERRE ; c’eſt un faiſceau de fils de verre, auſſi fins que des cheveux, qu’on lie enſemble par un bout, & auxquels on donne de 7 à 8 pouces environ. Les émailleurs font ces fils de verre, ou filent le verre, en préſentant un tuyau de verre à leur lampe ; la chaleur qui amollit bientôt le verre, en facilite l’alongement. On fixe enſuite une extrémité du verre ſur une roue qu’on tourne avec une manivelle ; la flamme de la lampe fondant le verre, le fil de verre ſe roule continuellement ſur la circonférence de la roue comme du fil ordinaire. Au bout de quelque temps, on trouve ſur la roue une maſſe conſidérable de ces fils, qu’on coupe de la longueur qu’on deſire, & l’aigrette eſt toute formée.

Les phyſiciens font une jolie expérience d’électricité avec ces aigrettes de verre : on en place une ſur le conducteur d’une machine électrique, ou bien une perſonne iſolée en tient une dans ſa main ; dès qu’on l’électriſe, tous les fils de l’aigrette divergent entr’eux, & prouvent de cette manière la réalité de la répulſion électrique. Si une perſonne non-iſolée en approche, v g, le doigt, on voit auſſi-tôt tous les fils de l’aigrette ſe courber vers le doigt, & ſuivre le doigt lorſqu’on le remue. Voyez Attraction & Répulsion électriques ; Électricité.

AIGU ; l’angle aigu eſt tout angle qui a moins de 90 degrés ; il y a donc autant d’angles aigus qu’il y a de degrés & de parties de degrés depuis 0 juſqu’à 90. Si on n’avoit égard qu’au nombre de degrés compris entre ces deux extrêmes, on diroit qu’il y 90 angles aigus, celui d’un degré, de deux, de trois degrés, & ainſi de ſuite ; mais chaque degré étant diviſé en 60 minutes, chaque minute en 60 ſecondes, les ſecondes en 60 tierces, & ainſi de ſuite, on doit en conclure qu’il y a un nombre indéfini d’angles aigus. On meſure le nombre de degrés, de minutes & de ſecondes d’un angle aigu, de la même manière qu’on meſure un angle quelconque, à ſavoir par le nombre de degrés de l’arc compris entre les deux côtés de l’angle. L’angle formé par la ligne AB & la ligne BC, eſt un angle aigu. Voyez la figure 14, & l’article Angle.

Un triangle, dont les trois angles ſont aigus, ſe nomme acutangle.

AIGU,