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ou moins grande, ſelon la hauteur du mercure dans le tube.

Pour déterminer le niveau du mercure dans le réſervoir du baromètre, on a imaginé une machine fort ingénieuſe qui ramène toujours le mercure du réſervoir à la ligne de niveau ; elle eſt repréſentée dans la figure 278, a a, eſt une plaque de cuivre ſur laquelle repoſe la courbure du tube A, qui n’eſt attaché que légèrement ſur ſa planche. Cette plaque eſt ſoudée ſur la pointe de la vis b b, taraudée à pas fins dans une longueur de 18 lignes ; elle paſſe par l’écrou C C de 4 à 5 lignes d’épaiſſeur, eſt fixé ſur la planche au moyen de deux vis à bois e e. On y voit un vaiſſeau de verre fait en entonnoir renverſé, qui ſert à couvrir le réſervoir : une petite ampoule de verre, faite en olive, eſt ſuſpendue au fond de l’entonnoir renverſé ; & à l’extrémité inférieure de cette ampoule, eſt une pointe noircie qui correſpond exactement avec la ligne de niveau n n, tracée ſur la planche de l’inſtrument. Lorſque le mercure du réſervoir eſt plus haut ou plus bas que cette ligne, on le rappelle aiſément en tournant la vis juſqu’à ce que la ſurface du mercure coïncide avec la petite pointe noire de l’ampoule. Comme le mercure adhère toujours un peu au tube, on le détache en agitant l’inſtrument entier, au moyen d’une baſcule fixée au bas de la planche ; il faut alors que la planche qui porte le baromètre ſoit attachée ſur une autre planche, de manière à pouvoir éprouver ſans danger, la ſecouſſe qu’on lui imprime avec la baſcule. Ce moyen eſt de M. le Gaux ; le ſuivant a été imaginé par M. Lavoiſier.

Afin de parvenir au même but, on a employé un baromètre à double cuvette, l’une d’ivoire qui eſt attachée avec le tube, & qui eſt pleine de mercure ; l’autre plus grande qui eſt de verre, & fixe, de manière que la petite cuvette plonge dans la grande auſſi pleine de mercure. Les tubes (car chaque inſtrument porte deux tubes ou deux baromètres plongés dans la même cuvette d’ivoire), ſont fixés ſur une plaque de cuivre mobile, & que l’on baiſſe ou que l’on élève au moyen d’une vis & d’un écrou qui ſe trouvent au haut. Lorſqu’on fait l’obſervation, on tourne cette vis qui fait monter l’inſtrument & la cuvette d’ivoire pleine de mercure puiſé dans la grande ; lorſque l’obſervation eſt faite, on tourne la vis en ſens contraire, la petite cuvette ſe plonge dans la grande, & on ne l’apperçoit plus. Cette petite cuvette eſt couverte, & ne communique que par un trou avec le mercure de la grande. Si on déſire de tranſporter l’inſtrument, on fait deſcendre la petite cuvette dans la grande, on incline l’inſtrument juſqu’à ce que le mercure touche l’extrémité ſupérieure du tube ; dans cette ſituation, on ferme le trou de la petite cuvette avec une vis, on vide le mercure qui reſte dans la grande cuvette dans un flacon, & l’inſtrument eſt portatif. Veut-on le remettre en place ? on remplit de mercure la grande cuvette, juſqu’à ce que la petite cuvette en ſoit couverte, on ôte alors la vis qui bouchoit le trou de la petite cuvette, & tout ſe met en équilibre.

Un autre phyſicien (M. Changeux), a auſſi imaginé un baromètre à double réſervoir ; l’un eſt le réſervoir ordinaire, l’autre eſt le réſervoir de décharge. Celui-ci eſt un peu incliné par rapport au premier avec lequel il communique ; lorſque le mercure deſcend dans le réſervoir ordinaire, il ſe rend dans le réſervoir de décharge, & lorſqu’il monte, le réſervoir de décharge ſe vide dans le réſervoir ordinaire.

Pour connoître avec préciſion la véritable hauteur du mercure dans le baromètre, M. Megnié, célèbre artiſte françois en inſtrumens de phyſique & de mathématiques, ſe ſervoit de la méthode ſuivante. La diviſion étoit gravée ſur une plaque de cuivre ; elle étoit compoſée de pouces, de lignes, & de quarts de ligne : derrière cette plaque eſt une crémaillère qui porte un anneau à travers lequel paſſe le tube, cet anneau ſert d’index pour juger de la hauteur du mercure ; on le fait deſcendre par le moyen d’une vis & d’un pignon qui engraine dans la crémaillère, juſqu’à ce que le jour qu’on apperçoit alors entre la partie inférieure de l’anneau & la colonne de mercure diſparaiſſe, ou du moins ſe réduiſe à une ſi petite ligne, que l’on puiſſe être aſſuré de la coïncidence parfaite de l’anneau & de la ſurface du mercure ; car le tube eſt placé dans une rainure évidemment évidée. Cet anneau porte un nonius ou vernier diviſé en 25 parties, c’eſt-à-dire, qu’il diviſe chaque quart de ligne en 25 parties, & par conſéquent la ligne entière en cent parties. La vis de rappel qui fait mouvoir l’anneau, fait auſſi monter ou baiſſer le nonius ; on examine la diviſion de l’échelle avec laquelle coïncide la ligne de foi, ou une des 25 diviſions gravées ſur le nonius, & alors on a la véritable hauteur du mercure en pouces, lignes & centièmes de ligne. Mém. ſur la météorol.

On a encore remarqué qu’une attention qu’il falloit apporter en obſervant la hauteur du baromètre, étoit de le laiſſer en place pendant une demi-heure au moins avant de l’obſerver, parce que le mouvement & le frottement qu’éprouve le mercure par le tranſport, l’électriſe de manière qu’il ſe tient d’abord plus haut qu’il ne devroit, & qu’il lui faut au moins une demi-heure pour reprendre ſon véritable niveau.

Il y a bien peu de baromètres qui ſoient faits avec toutes ces conditions, auſſi y en a-t-il peu de parfaitement bons, il y en a qui ſe contentent de faire paſſer à travers une peau de chamois le mercure pour le purifier des impuretés qu’il pour-