Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/541

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roît avoir contractées ; d’autres ſe ſervent d’un petit entonnoir de verre terminé par un tuyau capillaire, pour remplir le tube. Mais ces moyens ne ſont pas ſuffiſans comme on l’a dit plus haut.

Si, après avoir chargé, c’eſt-à-dire, rempli le tube de mercure, on apperçoit des bulles d’air interceptées entre les portions de la colonne de ce métal, on ôte un peu du mercure de la longueur d’environ un demi pouce, qui alors ſera plein d’air : enſuite on bouche avec le doigt l’orifice du tube, on le renverſe, & cette portion d’air, en s’élevant le long du tube, entraîne les petites bulles d’air qui étoient diſperſées dans le mercure, & par ſon affinité d’agrégation les réunit à elles. Ces petites bulles ſéparées n’auroient pas eu la force de ſoulever le mercure, mais réunies à une grande maſſe, elles s’élèvent par un effet de leur moindre peſanteur ſpécifique, relativement au mercure. Cette groſſe bulle d’air étant ainſi montée à la partie ſupérieure du tube, qui eſt fermée hermétiquement, on tourne le tube pour déterminer cette groſſe bulle à en parcourir toute la longueur ; enſuite on le retourne comme la première fois, & les petites bulles qui auroient pu échaper à l’action de la petite maſſe d’air dans la première opération, s’y réuniſſent dans cette ſeconde, ou dans une troiſième, &c.

Ce moyen que pluſieurs conſeillent & emploient n’eſt pas ſuffiſant, car il n’ôte pas tout l’air, celui ſur-tout qui adhère à la ſurface des parois internes des tubes, celui qui en remplit les petites cavités ; il n’expulſe point l’humidité ni les corpuſcules hétérogènes qui adhèrent au tube ou au mercure, qu’il eſt néceſſaire de faire bouillir dans le tube, ainſi que nous l’avons dit. L’ebulition chaſſe l’air & l’humidité, & les corpuſcules dont on vient de parler qui forment au haut du mercure qu’on fait bouillir, une eſpèce de ſcorie qu’on enlève, après quoi on achève de remplir le tube. Les baromètres purgés d’air par le moyen que nous venons de dire inſuffiſant, ne ſont jamais d’accord entre eux, parce qu’on n’eſt pas certain d’en avoir ôté également l’air : au contraire, ceux qui ont éprouvé l’opération de l’ébulition, ayant toujours ſenſiblement le même degré de chaleur, l’air y eſt dilaté d’une manière uniforme, & tout ce qui excede le volume qu’il en peut contenir dans cet état, eſt conſéquemment expulſé. Ce qui peut y reſter formera toujours une quantité égale dans tous, parce que le mercure qui bout a toujours le même degré de chaleur.

Phénomènes du baromètre. Ces phénomènes ſont différens, & les auteurs ne ſont pas plus d’accord ſur leurs cauſes, que ſur l’uſage que l’on en peut faire pour prédire les changemens de temps. Sur le haut de la montagne de Snouden en Angleterre, qui a 1 240 toiſes de hauteur, le docteur Halley trouva le mercure de trois pouces huit dixièmes plus bas qu’au pié ; d’où il paroît que le mercure baiſſe de de pouce par trente toiſes. Derham a fait pareillement des expériences de la hauteur du mercure sur le haut & au pied de cette montagne, & croit qu’il faut 32 toiſes d’élévation perpendiculaire, pour que le mercure baiſſe de d’un pouce : d’où cet auteur a cru qu’on pouvoit tirer non-ſeulement la hauteur de l’atmoſphère, mais auſſi une méthode pour meſurer la hauteur des montagnes. Suivant cet auteur, ſi le mercure ici bas eſt à 30 pouces, à 1 000 pieds de hauteur, il sera à 28  pouces ; à 2 000 pieds, à 27  pouces ; à 3 000, 26  ; à 4 000, 25  ; à 5 000, 24  ; à un mille, 24  ; à deux mille, 20  ; à cinq mille, 11  ; à dix mille,  ; à quinze mille, 1  ; à vingt mille, 0  ; à trente mille,  ; à quarante mille, . Mais on ſuppoſe dans ce calcul que l’atmoſphère eſt par-tout d’une denſité à-peu-près égale, & que ſi on la diviſe en portions d’égale hauteur, le poids de ces portions eſt presque le même, ce qui eſt bien éloigné d’être vrai ; car l’atmoſphère devient continuellement moins denſe à meſure qu’on s’éloigne de la terre, & ainſi une même quantité d’air occupe toujours un volume de plus en plus grand. C’eſt pourquoi ſi on diviſe l’atmoſphère en différentes couches toutes d’une hauteur égale, ces couches peſeront d’autant moins qu’elles ſeront plus éloignées du centre de la terre. M. Mariotte, dans ſon eſſai ſur la nature de l’air, a donné un calcul de la hauteur de l’atmoſphère, fondé ſur des obſervations du baromètre faites au ſommet des montagnes. Ce calcul eſt fondé ſur ce principe, que l’air ſe condenſe en raiſon des poids dont il eſt chargé ; l’auteur trouve 15 lieues environ pour la hauteur de l’atmoſphère ; qui eſt auſſi à-peu-près la quantité que M. de la Hire trouve par la théorie des crépuſcules. M. Mariotte ajoute auſſi à ſon calcul un eſſai de méthode pour déterminer par les mêmes principes la hauteur des montagnes : mais on regarde aujourd’hui aſſez généralement toutes ces méthodes, comme plus curieuſes que ſûres & utiles (Voyez Atmosphère).

On a trouvé que la plus grande hauteur du baromètre à Londres, étoit à 30 pouces , & ſon plus grand abaiſſement à 28 pouces ; à l’obſervatoire de Paris, ſa plus grande élévation eſt de 28 pouces  & ſa moindre 26  ſur la meſure du pied de Paris, qui eſt plus grand de que celui de Londres : ces obſervations s’accordent à celles qui ont été faites par M. Wolf à Hall en Saxe. À Alger le mercure s’élève à 30 pouces  ou par le vent de nord, quoique ce vent ſoit ſouvent accompagné de pluie & d’orage. Il eſt vrai qu’il y a une expérience dans laquelle la hauteur du mercure ſurpaſſe de beaucoup ces nombres ; le mercure étant parfaitement purifié & ſuſpendu dans un tube, à la manière de Toricelli, monte à la hauteur de 75 pieds, quoiqu’à la moindre ſecouſſe il baiſſe