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à la hauteur ordinaire. Ce phénomène n’a pas cauſé peu d’embarras lorſqu’il a été queſtion d’en découvrir la cauſe. Voici l’explication que M. Muſſchenbroeck en donne dans ſes eſſais de Phyſique. Lorſqu’on a purgé le mercure de l’air qu’il contient, il devient un corps beaucoup plus denſe que lorſque l’air ſe trouvoit placé entre ſes parties : ce mercure peut auſſi alors s’attacher fort étroitement à la ſurface du verre ; ce qui fait que ſes particules y reſtent ſuſpendues ; & comme ces particules s’attirent très-fortement, elles ſoutiennent des particules voisines, & le mercure demeure ſuſpendu par ce moyen à une très-grande-hauteur : mais ſi on ſecoue le tuyau, alors les particules du mercure qui étoient contiguës au verre en ſont détachées, & tout retombe. On peut voir dans l’ouvrage cité l’explication plus détaillée de ce phénomène singulier, & la réfutation de toutes les autres hypothèses qu’on a imaginées pour en rendre raiſon.

M. Boyle remarque que les phénomènes du baromètre ſont ſi variables, qu’il eſt extrêmement difficile de donner des règles générales de ſon élévation ou de ſon abaiſſement. Il ſemble cependant que ce ſoit une règle aſſez générale, que quand les vents ſoufflent de bas en haut, le mercure eſt plus bas : mais cela n’eſt pas toujours vrai. L’illuſtre M. Halley nous a donné les obſervations ſuivantes. Dans un temps calme, quand il doit pleuvoir, le mercure eſt communément bas, & il s’élève quand le temps doit être ſerein. Quand il doit faire de grand vents accompagnés de pluie, le mercure deſcend plus ou moins bas, ſelon le vent qui ſouffle. Toutes choſes égales, la grande élévation du mercure arrive quand les vents ſoufflent de l’eſt ou du nord-eſt. Après que le vent a ſoufflé violemment, le mercure, qui, pendant le temps que le vent ſouffloit étoit fort bas, s’élève avec rapidité. Dans un temps calme, pendant lequel il gèle, le mercure ſe tient haut. Dans les lieux les plus expoſés au nord, le mercure ſouffre plus de variation que dans les lieux expoſés au midi : à Naples, il varie rarement de plus d’un pouce ; au lieu qu’à Upminſter il varie de 2  pouces, & à Pétersſbourg de 3 . Tranſact. Philos. n°. 434. p 401. Entre & proche les tropiques, le mercure ne varie que peu ou point du tout.

Le docteur Beal remarque que, toutes choſes égales, le mercure eſt plus haut dans l’hyver que dans l’été, & ordinairement le matin qu’à midi ; qu’il l’eſt encore dans un temps ſerein un peu plus que devant ou après, ou que quand il pleut ; & qu’il deſcend ordinairement plus bas après la pluie qu’auparavant : s’il arrive qu’il s’élève après qu’il a plu, c’eſt ordinairement un indice de beau temps. Il arrive cependant des changemens conſidérables dans l’air, ſans que le baromètre varie ſenſiblement.

Par rapport à l’uſage des baromètres, un habile phyſicien remarque que par ſon ſecours nous recouvrons la connoiſſance qui eſt dans les animaux, & que nous avons perdue, parce que nos corps ne ſont point expoſées à l’air comme les leurs : & parce que nous nous livrons à l’intempérance, & que nous corrompons la ſenſibilité de nos organes. Par rapport aux prédictions des baromètres, M. Halley, déjà cité, trouve que l’élévation du mercure préſage le beau temps après la tempête, & que le vent ſoufflera de l’eſt ou du nord-eſt ; que ſon abaiſſement marque que ce ſeront les vents de ſud ou d’oueſt qui régneront avec la pluie, ou préſage des vents de tempêtes, ou tous les deux ; que dans l’orage, ſi le mercure vient à s’élever, c’est une marque que la tempête paſſera bientôt.

M. Patrick remarque qu’en été l’abaiſſement du mercure annonce le tonnerre, & que quand l’orage arrive immédiatement après la chûte du mercure, il eſt rarement de longue durée : la même choſe s’obſerve du beau temps, s’il arrive immédiatement après l’élévation du mercure. Enfin, Derham comparant avec ſes obſervations celles que Scheuczer a faites à Zurich, ſur les baromètres, remarque que dans le cours de l’année le mercure varie plus à Zurich, quelquefois d’un & même de deux pouces ; & il conclud de là que la ſituation de Zurich eſt de près de d’un mille d’Angleterre plus haute que celle d’Upminſter. Il trouve d’ailleurs un accord remarquable entre les obſervations faites à Zurich & les ſiennes ; un des baromètres ſuivant à-peu-près les mêmes variations que l’autre : cependant cet accord n’eſt pas ſi parfait que celui des baromètres des endroits plus proches, comme ceux de Londres, de Paris, &c.

C’eſt le poids de l’air qui ſoutient ſuſpendue la colonne de mercure dans le baromètre ; quand ce poids diminue, la ſurface du mercure ſtagnant dans la cuvette eſt moins comprimée qu’auparavant ; alors le mercure qui eſt dans le tube deſcend proportionnellement. Si au contraire le poids de l’air augmente, le mercure monte dans le tube ; car dans toute circonſtance, la colonne de mercure ſuſpendue doit toujours être en équilibre, c’eſt-à-dir, égale en peſanteur au poids de l’atmoſphère qui pèſe deſſus.

Dans cette explication on a ſuppoſé que « la preſſion de l’air vienne uniquement de ſon poids, qui comprime les parties ſupérieures ſur les inférieures. Cependant il eſt certain que pluſieurs cauſes concourent à altérer la preſſion de l’air : en général, la cauſe immédiate de la preſſion d’un fluide élaſtique tel que l’air, c’eſt la vertu élaſtique de ce fluide, & non de ſon poids. On ne doit donc attribuer la ſuſpenſion du mercure dans le baromètre au poids de l’air, qu’autant que ce poids eſt la cauſe principale de la preſſion de l’air. En effet,