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placés l’un contre le thermomètre pour le garantir, & l’autre à ſon côté oppoſé pour le recevoir ; moyennant ces précautions, le baromètre eſt en parfaite ſûreté ; on ôte alors le quarré avec les quatre vis qu’on peut mettre dans la poche. Ce baromètre ne pèſe que 3 livres & demie, tandis que pluſieurs autres baromètres portatifs en pèſent au moins huit.

Comme l’eſpace des variations du baromètre n’étoit que de deux à trois pouces, bientôt après l’invention du tube de Toricelli on déſira qu’il fut beaucoup plus ſenſible pour s’appercevoir, & plutôt & plus ſenſiblement, des changemens qui ſurvenoient dans les hauteurs ſucceſſives de la colonne de mercure du baromètre. Pour cet effet on varia donc de différentes manières la conſtruction de cet inſtrument ; d’où réſultèrent les baromètres compoſés.

Baromètre de Deſcartes. Deſcartes imagina le baromètre qui porte ſon nom, & fut le premier qui penſa qu’on pouvoit augmenter l’étendue des variations de cet inſtrument. Il conſiſtoit en un tube d’environ quatre pieds & demi de hauteur portant à peu près au milieu de ſa hauteur un renflement cylindrique dont le diamètre peut être à celui du tube, par exemple, comme 1 eſt à 8. Le tube ayant 2 lignes de diamètre, ce tube en aura 16. On verſe aſſez d’eau pour remplir la moitié du tube d’en haut, & de la phiole cylindrique ou renflement ; alors les degrés qui ſont en haut ſont preſque auſſi grands que ceux du baromètre d’eau de 32 pieds de hauteur. (Voyez la figure 296.) a b eſt un tube d’environ 28 pouces de hauteur, élévation moyenne du mercure ; b eſt une phiole cylindrique ou renflement ; une partie de ce cylindre b eſt remplie de mercure, & l’autre d’eau, ainſi qu’une portion du tube ſupérieur b a. La cuvette d d, A A eſt en partie pleine de mercure, & formerait un baromètre ordinaire avec le tube b a. Par cette conſtruction on peut rendre la variation du baromètre quatorze fois plus grand, qu’il n’étoit naturellement ; il ſuffit pour cela d’augmenter aſſez le diamètre du cylindre.

En général, les différentes étendues de variations dans les baromètres compoſés de cette manière, ſont entre elles, en raiſon inverſe de la peſanteur ſpécifique moyenne des fluides qu’un même changement dans le poids de l’air y déplace, en ne conſidérant que l’accroiſſement ou diminution de hauteur de ces fluides.

M. Chanut, ambaſſadeur de France en Suède, dans le temps que Deſcartes étoit à Stockholm, marquoit à M. Perrier, le 24 septembre 1650, « que au milieu de ce tuyau de verre étoit une retraite ou gros ventre, environ à la hauteur où monte à peu près le vif-argent, mettant de l’eau juſqu’au milieu environ de la hauteur qui reſte au-deſſus du vif-argent, &c.

Dans cette ſorte de baromètre la colonne ſuſpendue étant plus grande, rend néceſſairement la variation plus ſenſible ; mais l’air renfermé dans l’eau, s’évaporant par degrés, remplit enfin l’eſpace vuide du haut du tube c, & rend par-là défectueux cet ingénieux inſtrument.

On conçoit que tous les changemens correſpondans à la peſanteur de l’atmoſphère dans le baromètre de Deſcartes, doivent paraître dans le tuyau ſupérieur par des eſpaces qui ſeront en raiſon inverſe des quarrés de ſon diamètre, pour celui de la phiole cylindrique. Ainſi l’on diviſera, ſelon cette proportion, une échelle dans la longueur de A C, où les variations du baromètre ſeront montrées par des eſpaces forts grands.

En 1755, M. Paſſement, célèbre artiſte de Paris, préſenta au roi le premier baromètre de 12 pieds de hauteur, qui eût encore été exécuté ; tandis que le baromètre ſimple parcourait deux pouces de beau temps au mauvais, celui-ci faiſoît plus de 10 pieds de chemin. Le premier jour qu’il fut placé à Choiſi, Louis XV le vit varier du ſoir au matin de cinq pieds de hauteur. Sa ſenſibilité étoit telle que lors des grandes pluies ou des grands vents, il montoit & deſcendoit de pluſieurs pouces en quelques minutes. À chaque coup de vent il s’arrêtoit, & on le voyoit deſcendre en un inſtant de pluſieurs lignes.

Baromètre d’Huyghens. L’idée du baromètre de Deſcartes donna à Huygens celle du baromètre double qui eſt connu ſous le nom de ce célèbre hollandois. Cet inſtrument eſt compoſé d’un tube a b, recourbé par en bas, & terminé à chacune de ſes extrémités a & b, figure 297, par un renflement a c, & un autre b d. Ces deux renflemens ou cylindres ſont égaux & diſtans d’environ 29 pouces l’un de l’autre. Le diamètre du tuyau eſt d’une ligne, celui des cylindres de 15, & leur profondeur de 10. Au-deſſus de celui qui eſt en bas on a ſoudé un tube qui s’élève parallèlement au premier, & dont l’ouverture eſt en haut, en e. Ce tube étant mis dans une ſituation convenable, on le remplit de mercure, de ſorte que tout le renflement ſupérieur c a, & tout le tube recourbé en contienne. On le redreſſe, & alors la moitié de chacun des deux renflemens eſt plein de mercure, & on a un baromètre preſque ordinaire.

On verſe enſuite de l’huile de tartre ou toute autre liqueur qui ne ſe gèle pas en hiver, & qui ne diſſolve pas le mercure, pour remplir la moitié vuide du renflement inférieur, & une partie du tube. Comme les renflemens ſont égaux, & que leurs diamètres ſont à celui du tube dans un rapport qu’on peut augmenter à volonté, il s’en-