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mercure. De b en c eſt de l’huile de tartre par défaillance, comme dans le baromètre d’Huyghens, & elle remplit conſéquemment la moitié du renflement du milieu, ſavoir de b en g, & la moitié du tube de g en c. La portion c d du baromètre fut remplie d’huile de pétrole colorée. Le tube eſt ouvert au-deſſus du cylindre ou renflement d, qu’on peut auſſi appeler le réservoir.

Il eſt facile de remarquer dans cette conſtruction des avantages. 1o. La hauteur des deux liqueurs ſur le mercure eſt toujours la même, quelque ſoit le poids de l’air ; car le cylindre & le réservoir étant de même diamètre, toutes les variations de hauteur qui arrivent dans l’un, ſe font dans l’autre d’une manière contraire ; c’eſt-à-dire, que s’il ſort une ligne de liqueur du cylindre, il en entre une dans le réſervoir, & réciproquement ; d’où il réſulte que les variations de hauteur du mercure ſeul ſont à peu près les mêmes dans cette conſtruction que dans le baromètre ſimple. 2o. Le tube étroit, qui communique par le haut au réſervoir & par le bas au cylindre, étant toujours rempli par les liqueurs, leur frottement dans ce tube eſt toujours ſenſiblement le même. 3o. L’étendue de variation de baromètre n’a point de borne déterminée. On vient de dire que les variations de hauteur du mercure dans ce baromètre ſont à peu près égales à celles qui ont lieu dans le baromètre ſimple. L’effet de ces variations eſt donc de faire paſſer du cylindre au réſervoir, ou du réſervoir au cylindre, des volumes de liqueurs égaux aux volumes de mercure qui entrent dans le cylindre, ou qui en ſortent dans les variations du baromètre. On ſait que dans ce baromètre la variation de chaque extrémité de la colonne de mercure n’eſt que la moitié du changement total de hauteur au-deſſus du niveau. Suppoſons maintenant que la variation total ſoit d’un pouce, on peut choisir un tube tel par ſa longueur & ſon diamètre qu’il puiſſe contenir la quantité de liqueur qui occupe un pouce de hauteur dans le cylindre, & proportionner la quantité reſpective des liqueurs, de manière que leur point de jonction, marqué en c dans la figure, ſoit au bas du tube quand le poids de l’air eſt le plus grand. Alors, dans la plus grande diminution du poids de l’atmoſphère, ce point de jonction des liqueurs paſſera du bas au haut du tube ſans en ſortir, & le cylindre, de même que le réſervoir, ne contiendront jamais que leur liqueur propre, mais en différente quantité ſuivant la poſition du point de jonction des liqueurs dans le tube.

M. de la Hire, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1708, parle de ce moyen de corriger le baromètre double ; il dit qu’en 1690 il le communiqua à M. Huyghens. M. Amontons a auſſi revendiqué cette idée dans un ouvrage qu’il fit imprimer en 1695, & aſſure l’avoir communiquée huit ou dix ans auparavant à M. Hubin, émailleur habile, qui lui-même de ſon côté avoit exécuté une idée aſſez ſemblable. M. Hubin alla enſuite en Angleterre où le docteur Hook lui propoſa la même choſe ; de ſorte que voilà quatre personnes qui prétendent à la même invention. Le docteur Hook paroît cependant avoir la priorité de date. Voyez l’ouvrage de M. de Luc ſur les modifications de l’atmoſphère, dont on a tiré ce qui regarde ce baromètre de Hook.

Quoique ce baromètre ne ſoit pas ſujet aux principaux inconvéniens du baromètre d’Huyghens ; 1o. quoique la hauteur des liqueurs ſoit toujours la même dans une température conſtante, cependant leur poids ſur la baſe n’eſt pas toujours le même, à cauſe de leur peſanteur ſpécifique. M. de la Hire a propoſé l’huile de tartre & l’eſprit-de-vin, dont les peſanteurs ſpécifiques ſont comme 1073 à 866. Or, quand le mercure eſt dans ſon plus grand abaiſſement, le tube f g étant preſque tout rempli d’huile de tartre qui eſt montée du cylindre e, la colonne totale des deux liqueurs b d pèſe près d’un quart de plus ſur ſa baſe, que quand elle eſt preſque toute compoſée de l’eſprit-de-vin qui eſt deſcendu du réſervoir a par la plus grande élévation du mercure dans ſon tube. Cette différence de preſſion des liqueurs en divers temps, empêche qu’on ne puiſſe regarder des variations égales dans ce baromètre, comme correſpondantes à des changemens égaux dans le poids de l’air ; il faut néceſſairement avoir égard à la différence de peſanteur ſpécifique des liqueurs, & à la hauteur variable de leurs colonnes. Or, moins les rapports ſont ſimples, plus il eſt facile de tomber dans l’erreur ; 2o. le frottement continuel des deux liqueurs empêche que les mouvemens de ce baromètre ne ſoient auſſi libres que ceux du baromètre ſimple ; 3o. le paſſage des parties colorantes d’une liqueur dans l’autre, & leur dépôt contre les parois du tube, rend inſenſible avec le temps le point de jonction des liqueurs ; 4o. la chaleur agit ſur les liqueurs de ce baromètre. ; il eſt vrai qu’elle ne fait pas auſſi inégalement varier leur hauteur que dans le baromètre de M. Huyghens, à cauſe du réſervoir ſupérieur ; mais il eſt bien plus difficile de déterminer ſon effet ſur le mouvement du point de jonction de ces liqueurs, parce que leur dilatabilité eſt différente. Du Luc.

Baromètre incliné ; Baromètre diagonal. Le chevalier Morland paſſe pour être l’inventeur du baromètre incliné, figure 299. Mais on n’en a point de certitude. M. Derrham qui en a donné la deſcription dans les tranſactions philoſophiques, année 1698, N°. 236, dit ſeulement qu’il l’a