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tient d’un ami. Ce baromètre conſiſte à incliner la partie ſupérieure du tube, & à lui donner conſéquemment plus d’étendue. Dans ce cas les variations du mercure ſeront beaucoup plus ſenſible que dans le baromètre vertical ordinaire, & elles le ſeront d’autant plus que le tube aura plus d’inclinaiſon. En prolongeant par la penſée la partie droite du baromètre incliné, on verra que l’eſpace de la partie inclinée correſpondante à la partie verticale eſt très-grande en comparaiſon de celle-ci ; que celle-là contient beaucoup plus de mercure, & conſéquemment que les diviſions qui ſe correſpondent doivent être très-inégales, & beaucoup plus grandes dans l’une que dans l’autre ; d’où il réſulte que des variations d’un quart de ligne, par exemple, dans le tube vertical, peuvent avoir pluſieurs pouces d’étendue dans le tube incliné.

Pour bien entendre ce qui regarde cet objet, ſuppoſons deux tubes de Toricelli, l’un de trente pouces de hauteur, & l’autre de cinq pieds, par exemple, tous les deux remplis de mercure, & retournés enſuite, ſuivant la méthode ordinaire, dans une cuvette où il y ait du mercure ſtagnant. Il eſt évident que ſi le tube verticale b g a contient une colonne de mercure de b en g, le tube incliné en aura une qui s’élèvera juſqu’en i, figure 300. Si le mercure s’élève juſqu’à a d’un côté, il montera en d de l’autre côté dans le tube c i d. Les hauteurs correſpondantes dans le tube c k e ſeront k & e. Mais ces hauteurs ſont égales à celles de b g, & de b a, quoique les longueurs renfermées entre les parallèles à la ligne de niveau b f ne le ſoient pas.

La quantité excédente de mercure, contenu dans les tubes inclinés, eſt ſupportée par le plan incliné, ſur lequel repoſe le mercure. (Voyez PLAN INCLINÉ, MÉCANIQUE) ; & le poids de l’air atmoſphérique ne ſupporte réellement qu’une colonne de mercure égale à celle qui eſt dans le baromètre vertical.

L’avantage que le baromètre incliné a de marquer d’une manière très-ſenſible les plus petites variations de la preſſion de l’air, eſt bien compenſé par l’augmentation de frottement qu’éprouve une plus longue colonne de mercure dans l’étendue correſpondante du tube incliné, & sur-tout par l’obſtacle qu’oppoſe le coude du baromètre dans la première des deux figures, où la partie ſupérieure ſeule eſt inclinée, moyen qu’on a imaginé pour donner moins d’étendue à ce baromètre qu’il n’en auroit, ſi on ſe contentoit d’un tube droit mais incliné, comme c i d & c k e. Ajoutons que les variations du mercure ſont très-lentes dans le tube incliné, & qu’on ne peut déterminer exactement la hauteur de la colonne de mercure, à cauſe de la convexité & de l’inclinaiſon de la partie ſupérieure.

Baromètre incliné de M. Horme. M. Horme,  gentilhomme anglois, de Ashby en Lancaſtre, a rendu bien plus commode le baromètre incliné ou diagonal, en raccourciſſant le tuyau N D juſqu’en B, & ajoutant à côté du premier deux autres tubes F G H & X K L qui ſont plongés dans le même réſervoir X A, & dont les coudes correſpondent aux eſpaces B C & C D, comme on le voit dans la figure 301.

On ſait que dans le baromètre incliné la perpendiculaire D E eſt égale à la différence entre la moindre & la plus grande hauteur du baromètre ſimple ; c’eſt-à-dire, depuis 28 juſqu’à 31 pouces au-deſſus du réſervoir X A. (Obſervations ſur la Phyſique, &c.)

Baromètre à poulie. Le baromètre à poulie ou à cadran a été inventé en 1668 par le docteur Hook ; il eſt repréſenté dans la figure 302. Il eſt compoſé d’un tube A D F, recourbé en D, & terminé en haut par le cylindre ou renflement B, fermé hermétiquement en A, & en bas par le renflement E, & d’une poulie P, mobile ſur ſon axe, à l’extrémité duquel eſt fixée une aiguille O F, dont la pointe peut parcourir librement la circonférence du cadran I K. Cette poulie a une double gorge, l’une eſt enveloppée par une ſoie P F, à l’extrémité de laquelle eſt ſuſpendu le flotteur G. Ce flotteur eſt une petite boule ou un petit cylindre de mercure, ſoufflé à la lampe de l’émailleur, dans lequel on a mis un peu de mercure ; & il eſt en équilibre avec un petit contrepoids H qu’on n’a pas gravé, afin qu’il n’y eût pas confuſion dans la figure ; il eſt également ſuſpendu en l’air par une ſoie, dont l’autre extrémité eſt fixée à la ſeconde gorge de la poulie.

Cette conſtruction ſuppoſée, il eſt évident que le flotteur G, qui repoſe ſur la ſurface du mercure, doit s’élever & s’abaiſſer avec lui. Lorſque le poids de l’air comprimant plus ou moins le mercure en E, le force à monter de B en A, ou à deſcendre au-deſſous de B, le flotteur G qui eſt ſur le mercure, doit donc, en deſcendant au-deſſous de E, faire tourner la poulie & l’aiguille dans un sens ; & le mercure au contraire s’élève vers F, le flotteur étant ſoutenu, le contrepoids H l’emportera, & la poulie & l’aiguille tourneront dans le ſens oppoſé. On doit obſerver que le flotteur eſt moins peſant qu’un égal volume de mercure, & que le contrepoids H pèſe moins que le flotteur. La poulie, le flotteur, les fils, & le contrepoids ſont ſuppoſés derrière le cadran, mais on ſuppoſe celui-ci tranſparent, & les lignes ponctués indiquent ce qui eſt caché. Il y en a qui au lieu des deux fils n’en mettent qu’un, le flotteur étant attaché à un de ſes bouts, & le contrepoids à l’autre, mais cette méthode,