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baromètre a l’avantage ſingulier de montrer les variations de l’atmoſphère par des eſpaces doubles de ceux qui ſont indiqués par le baromètre ſimple. La figure 306 le représente ; B D eſt un tuyau de verre plein de mercure, avec une boule en B, pour faire diſparaître l’effet de quelques petites bulles d’air qui ſe trouvent au dedans ; le bout inférieur F eſt plongé dans le réſervoir A D C F. Vers le milieu de ce tube, se trouve une agraffe G de métal, par laquelle il eſt ſuſpendu au bout du bras ou fléau de la balance H L, moyennant deux petites chaînes de métal, comme celle des montres de poche, qui poſent ſur une portion du cercle H G, pour que la preſſion du tuyau du baromètre ſoit toujours à la même diſtance du fléau ; l’autre bout L eſt formé auſſi en portion de cercle, par la même raiſon, afin que le contrepoids K K ſe trouve toujours à des diſtances égales.

L’aiguille ou index M N de ce fléau, eſt auſſi contrebalancé par la boule M de métal, qui eſt viſſée au bout ſupérieur de cette aiguille ; le tout doit y être ſi contrebalancé, que l’on puiſſe trouver un équilibre parfait dans toutes les poſitions de ce fléau ; les deux fils de métal Z Z Z Z & R R R R ſervent à maintenir ſolidement les pièces. Enfin l’axe du fléau H L & de ſon aiguille M N poſe ſur quatre roulettes dont on en voit deux E E dans la figure, & il y a une échelle P Q toute diviſée, ſur laquelle la hauteur du baromètre eſt montrée par l’éguille N.

La manière la plus ſûre pour régler ce baromètre, eſt d’attendre que la hauteur du baromètre ſimple ſoit à 20 pouces & demi, par exemple ; alors on ajoute autant de petites boules de plomb dans la boîte R qu’il en faut pour que l’aiguille ſoit vis-à-vis le milieu de l’échelle P Q. On attend juſqu’à ce que le baromètre ſimple ſoit monté ou baiſſé d’un pouce ; on y marque cette diſtance ſur l’échelle, & l’on en diviſe le reſte par des portions pareilles, qu’on ſubdiviſe enſuite en dixièmes & centièmes de pouces, &c.

Les hauteurs du mercure dans le baromètre ſtatique, ſont doubles de celles du baromètre ſimple ; c’eſt-à-dire, ſi l’on met une échelle O G attachée au tube B D, on verra que le mercure y parcourt deux pouces, tandis que le baromètre ſimple n’en monte ou deſcend qu’un ſeul pouce ; la raiſon en eſt que dans le baromètre ſimple, la preſſion de l’atmoſphère ſur le tuyau du baromètre eſt ſoutenue par la baſe du réſervoir ou de la planche où il eſt monté ; de façon que le mercure qui est dedans reſte en équilibre avec la preſſion qui agit ſur el mercure du réſervoir ; mais dans le baromètre ſtatique, toute la preſſion ſur le tuyau n’eſt ſoutenue que par l’équilibre du poids K, & par conſéquent elle y doit agir avec une force double ; de façon que ſi le poids K ſoutient le baromètre B D à 28 pouces de hauteur, par exemple, il eſt évident qu’en ajoutant une preſſion égale à celle d’un pouce de mercure en H, il faudroit en ajouter une autre en L ou K, pour conſerver l’équilibre.

Mais comme le contrepoids reſte toujours le même, le tuyau doit s’enfoncer de cette quantité dans le réſervoir, & par conſéquent la colonne de mercure ne ſeroit pas plus-haute qu’auparavant. Il faut donc que, dans ce cas, le mercure monte encore un autre pouce ; par conſéquent il parcourra un double eſpace dans le tube, tandis que la vraie hauteur du mercure au-dessus de la ſurface de ce qui eſt dans le réſervoir, n’eſt augmenté que d’un ſeul pouce, comme il eſt aiſé de s’en aſſurer, en mettant un index ſur la planche, à côté du tuyau B D.

Plus le fléau H L ſera long & inflexible, plus il y aura d’exactitude dans le mouvement de ce baromètre.

L’horloge perpétuel qu’on fit à Londres, il y a quelques années, & qui réuſſit parfaitement bien, étoit conſtruite ſur le même principe que le baromètre ſtatique ; deux grands vaiſſeaux de criſtal, dont l’un faiſoit l’office du tube B D, & l’autre celui du réſervoir A C F, étoient ſuſpendus par des chaînes qui paſſoient ſur des poulies, & qui avec leur mouvement, faiſoient remonter à propos par des rochers & encliquetages, la force matrice de la pendule.

Baromètre réduit. Un baromètre eſt réduit lorſque ſa hauteur eſt notablement moindre que 28 pouces. M. Amontons, dès 1688, imagina un moyen de réduire à volonté la hauteur du baromètre. Cette invention, ainſi qu’on le voit dans les anciens mémoires de l’académie des Sciences, tom. II, pag. 39, conſiſte à joindre pluſieurs tubes les uns auprès des autres, de manière qu’ils communiquent alternativement par le bas & par le haut. Le premier tube a b eſt plein de mercure ; il eſt joint en b à un tube b c rempli de quelque liqueur, ou même d’air ; celui ci communique en c à un troiſième tube c d, qui eſt plein de mercure, & ainſi de ſuite. Dans la figure 307, on n’a mis que deux tubes pleins de mercure, chacun de ces tubes ayant environ 14 pouces de mercure, on a donc deux colonnes de 14 pouces, qui égalent en poids celui de 28 pouces, dont eſt compoſé la colonne du mercure du baromètre ſimple de Toricelli (nous ſuppoſons ici, pour le moment, le tube b c rempli ſeulement d’air) ; & conſéquemment la hauteur de ce baromètre eſt ſeulement de 14 pouces, au lieu de 28. Si on augmentoit les tubes, & qu’on eût quatre colonnes de mercure & trois colonnes d’air, la hauteur du baromètre ſeroit réduite à 7 pouces ſeulement, quatre colonnes de mercure, chacune de 7 pouces de haut, équivalant à 28 pouces, & ainſi de fuite, ſi on vouloit réduire à 3 pouces