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la hauteur de ce baromètre. En général, la ſomme des hauteurs des colonnes de mercure ſoutenues par la preſſion de l’air de l’atmoſphère, doit être égale à 28 pouces ; & il doit y avoir entre elles un fluide moins peſant qui tranſmette la preſſion des unes ſur les autres. On doit ménager un petit tube g à chaque courbure ſupérieure, pour introduire le mercure dans les deux tubes auxquels il communique ; après cette introduction, on le ferme hermétiquement. Dans les changemens du poids de l’air, toutes les colonnes ſe meuvent ſéparément comme autant de petits baromètres, & la variation de chaque colonne diminue proportionellement à leur nombre. Pour ſuppléer à cette diminution, M. Amontons donna au baromètre réduit la propriété du baromètre double, en plaçant ſur la dernière colonne de mercure une colonne de liqueur qui ſe tcrminoit dans un tube capillaire e f ; & les cylindres a b c d contribuent à l’étendue de la variation de cette liqueur comme dans le baromètre doubie. Afin d’éviter le mélange des colonnes de mercure, qui ſe fait au moindre mouvement du baromètre, quand elles ne ſont ſéparées que par des colonnes d’air, on emploie des liqueurs incompreſſibles, comme l’eau, l’eſprit-de-vin, &c. : ce qui augmente un peu la hauteur des colonnes de mercure.

On a varié de différentes manières les formes particulières du baromètre réduit ; les uns ont mis des boules de verre, les autres des cylindres, comme on le voit dans la figure ; il y en a qui ont mis différentes ſortes de liqueurs dans les tubes intermédiaires, &c. ; d’autres, comme M. Paſſement, ont ſubſtitué un tuyau en zigzag au tuyau droit b g, placé entre les deux colonnes de mercure d’environ 14 pouces. Ce tuyau étoit rempli de deux liqueurs de différentes peſanteurs ſpécifiques & diverſement colorées, comme dans le baromètre double corrigé par le docteur Hook, dont on a parlé ci-deſſus, & le point de jonction des deux liqueurs, qui parcourt toute l’étendue du zigzag, ſi le tuyau qui le forme eſt aſſez étroit, marque la variation du baromètre par un trajet qui peut être fort long. M. Paſſement avoit auſſi employé un autre moyen, celui de laiſſer droit le tuyau b g, qui contient les deux liqueurs, mais de le prolonger au-deſſus des tubes qui contiennent le mercure, en le faiſant redeſcendre pour le réunir au réſervoir c. Dans cette conſtruction, le point de jonction des liqueurs parcourt un eſpace d’autant plus grand, que l’on fait le tuyau plus long & proportionellement plus étroit. Dans l’un & l’autre de ces baromètres, la jonction des liqueurs & du mercure doit ſe trouver dans des cylindres, comme on l’a dit des baromètres de M. Huyghens & du D. Hook ; on proportionne le diamètre de ces cylindres à l’étendue qu’on veut donner à la variation du baromètre, & au diamètre du tube qui renferme les liqueurs.

C’eſt en 1759 que M. Paſſement exécuta un baromètre réduit de 18 pouces de hauteur, dont le tuyau formé en zigzag parcourait 6 pieds de chemin du beau temps au mauvais ; il s’étoit même propoſé d’en faire un qui fut 1 500 fois plus ſenſible que le baromètre ordinaire ; pour une ligne, il comptoit même qu’il pourroit avoir 9 pieds de chemin.

Les baromètres réduits, même les plus ſimples, préſentent des inconvéniens nombreux ; les principaux ſont la difficulté de purger d’air le mercure & le fluide intermédiaire, de le chaſſer ſur-tout du tube g ; l’impoſſibilité d’évaluer avec exactitude l’effet de la chaleur ſur une colonne mixte, compoſée de trois liqueurs auſſi hétérogènes que celles qu’on emploie dans cette eſpèce de baromètre, & enfin la grandeur des frottemens dans les divers tubes & dans les différentes courbures de cet inſtrument.

Baromètre tronqué. On a donné ce nom à une eſpèce de baromètre réduit, ou de baromètre coupé dont on ſe ſert comme d’éprouvette (Voyez le mot Éprouvette.), dans les expériences de la machine pneumatique. La figure 308 en donne une idée ſuffiſante. On aperçoit que c’eſt un baromètre à bouteille dont on a retranché la plus grande partie du tube, en ne lui conſervant que la portion inférieure avec la bouteille ou cuvette, ou réſervoir dans lequel le mercure eſt ſtagnant. Ce baromètre réduit n’a que trois pouces environ de hauteur ; on le remplit tout entier de mercure, ainſi que la partie inférieure du réſervoir ; on place ce petit baromètre ſur un pied, portant une règle de cuivre graduée en pouces & en lignes, ſur laquelle eſt fixé le tube, en obſervant que le zéro correſponde au niveau du mercure dans le réſervoir. Cet appareil étant mis ſous le récipient de la machine pneumatique, ſert à connoître, non les premiers degrés de raréfaction de l’air, ce qui n’eſt pas ordinairement utile de ſavoir, mais ceux qui approchent le plus du vide complet. Si on plaçoit ſous ce même récipient un baromètre ordinaire, les premiers coups de piſton feroient deſcendre le mercure, mais ne produiraient pas cet effet dans le baromètre réduit. Ce dernier ne commencera à deſcendre que lorſque le mercure ſera deſcendu dans le premier de 25 pouces ; ſi on continue à pomper & que le mercure baiſſe de deux pouces dans le baromètre réduit, on le verra deſcendre de même dans le baromètre ordinaire, qui alors ſe ſera abaiſſé en totalité de vingt-ſept-pouces, & ainſi de ſuite pour les lignes du dernier pouce qui reſte à parcourir ; lors donc qu’on ne met ſous le récipient qu’un baromètre réduit, il indique les degrés de raréfaction qui répondent à l’abaiſſement du mercure dans un baromètre ordinaire, à ne compter que des trois derniers pouces environ.

Ce baromètre réduit, qui n’eſt en uſage que dans