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direction de la ligne de niveau, & on lui donne une légère inclinaison de bas en haut.

Maintenant on conçoit que le mercure, dans ſa deſcente, ne peut ſe rendre dans le réservoir ſans refluer auſſi-tôt dans l’appendice. Le mercure remonte-t-il dans le tube, la même quantité revient d’elle-même de l’appendice dans le réservoir ; le niveau ne change donc jamais.

On obſervera que cette addition peut convenir aux baromètres à cuvette, aux baromètres renversés, & à ceux qui ſont à cadran.

On remarquera encore que l’inclinaiſon de l’appendice est néceſſaire pour que le mercure revienne dans le réservoir, & que cette inclinaiſon ſemble devoir donner lieu à un changement dans la ligne de niveau ; changement très-petit, que l’on peut évaluer d’une manière très-commode, & non moins exacte. Si, par exemple, l’appendice a une ligne d’inclinaiſon, le niveau changera d’une ligne dans la plus grande deſcente du mercure, c’eſt-à-dire, dans celle de trois pouces ; variation extrême, qui n’a pas lieu dans nos climats. Ce ſeroit donc un trente-ſixième d’erreur, dans ce cas extraordinaire, ſi l’on n’y faiſoit aucune attention : dans les petites variations, l’erreur ne ſeroit point ſenſible ; mais des erreurs que l’on peut évaluer par l’inſtrument, ne ſont pas des défauts dans cet inſtrument.

Le ſecond baromètre à appendice eſt le baromètre propre à meſurer la peſanteur de l’air dans les profondeurs inacceſſibles. Cet inſtrument eſt le baromètre à ſyphon, auquel on a adapté un appendice au ſommet de la grande branche, & au degré 29 de l’échelle. L’appendice aura ou le même diamètre que le tube, ou un diamètre plus petit, mais d’une proportion connue avec celui du ſyphon. On peut augmenter la longueur de l’appendice au-delà de ſix pouces, à proportion qu’on aura de plus grands effets à obtenir, c’eſt-à-dire, qu’on aura de plus grandes profondeurs à meſurer. La figure 319 fait voir cet inſtrument. A A A, baromètre à ſyphon. B, appendice : ſon inclinaiſon forme une angle qu’on peut rendre plus ou moins aigu.

Quand on voudra ſe ſervir de l’inſtrument, l’on verſera du mercure dans la petite branche, ou branche inférieure du ſyphon, juſqu’à ce que ce fluide monte dans la grande branche au degré 29, c’eſt-à-dire, juſqu’à ce qu’il ſe trouve au niveau de l’appendice. Cette opération faite, ſi l’on deſcend le baromètre dans une profondeur, la preſſion de l’air augmentant graduellement, & agiſſant de plus en plus ſur le mercure, tendra à le faire monter dans la grande branche ; mais, à meſure que le mercure montera, il ſe répandra dans l’appendice. Ce qui ſera tombé du mercure indiquera la peſanteur de l’air dans la profondeur.

Suppoſons v q, qu’on ait deſcendu l’inſtrument dans un puits de dix toiſes, ſi, en le retirant, on trouve dans l’appendice une demi-ligne de mercure, on en concluera que l’air intérieur du puits a la même peſanteur que l’air atmoſphérique. On compte ici dix toiſes par demi-ligne, parce que le baromètre à ſyphon ne fait que la moitié des variations du baromètre à réservoir. Si l’air du puits eût été plus peſant, la quantité de mercure tombé dans l’appendice eût été plus conſidérable ; elle eût été moindre, ſi l’air eût été moins peſant.

L’air de certains puits, de quelques mines & autres profondeurs, eſt bien plus chargé que l’air atmoſphérique. Il réſulte des obſervations faites par M. Deluc dans les mines du Hartz, qu’on doit compter environ 14 toiſes par lignes pour les mesures des profondeurs, en fe ſervant du baromètre ordinaire ou à réſervoir.

Il eſt des profondeurs où l’air eſt d’une peſanteur ou d’une légèreté extrême, & ſi dangereux, que l’on ne peut y pénétrer. C’est pour connoître ces qualités que le baromètre à appendice eſt ſur-tout fait, & qu’il deviendroit ſur-tout indiſpenſable.

On voit que la meſure de la profondeur eſt connue par la corde qui ſert à deſcendre le baromètre, & la peſanteur de l’air par la quantité de mercure qui ſe trouve dans l’appendice. De la comparaiſon de ces deux choſes réſulte la découverte de la troiſième que l’on cherche, c’eſt-à-dire, que l’on conclut d’une manière très-sûre que l’air d’une profondeur pèſe plus ou moins que l’air de l’atmoſphère. Si l’on vouloit avoir des effets très-ſenſibles, & former de grandes diviſions ſur l’échelle de l’appendice, l’on donneroit à cet appendice moins de diamètre qu’au ſyphon. Ainſi, ſi l’appendice a la moitié du diamètre du ſyphon, elle s’emplira d’une ligne, lorſque le ſyphon y verſera une demi-ligne de mercure.

On remarquera, 1o. qu’ici l’air atmoſphérique a été pris pour terme de comparaiſon, en attendant que l’on en ait trouvé un plus exact : car ſa peſanteur n’eſt pas fixe & invariable. 2o. Sur la manière de graduer l’inſtrument, qu’à meſure qu’on deſcend ce baromètre, la quantité totale de mercure diminue (celle qui tombe dans l’appendice devant être défalquée), tandis que la peſanteur & la quantité de la colonne de l’air augmente. Le rapport entre ces deux puiſſances varie donc par des degrés proportionnels. 3o. Pour faire uſage de ce baromètre à appendice, il faut le deſcendre ſans qu’il éprouve de ſecouſſes. Pour cet effet, on peut l’attachera une corde très-unie, enveloppée ſur un rouleau que l’on fera mouvoir doucement par une manivelle. M. de Lamanon a imaginé de fermer d’abord avec un bouchon la petite branche du ſyphon ;