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véſicules plus grandes, comme il doit s’enſuivre des loix de l’attraction.

Si nous choiſiſſons le vent pour agent, ſuppoſons qu’il ſouffle horiſontalement ou obliquement : dans le premier cas les véſicules 8 ſeront chaſſées contre 9, celles-ci contre 10, &c. dans le ſecond cas, la véſicule 7 fera chaſſée contre 4, 8 contre 3, &c., par ce moyen les particules s’augmenteront & formeront de nouvelles & de plus grandes véſicules qu’auparavant ; de ſorte que leur nombre, qui auparavant étoit, ſi l’on veut un million, ſera alors réduit, par exemple, à 100 000.

Mais la même réunion par laquelle leur nombre eſt diminué, augmente en quelque manière leur peſanteur ſpécifique ; c’eſt-à-dire, qu’il y a plus de matière ſous d’égales ſurfaces : ce qui eſt aiſément prouvé par les principes géométriques ; car dans l’augmentation de la maſſe des corps homogènes, celle de la ſurface n’eſt pas auſſi grande que celle de la ſolidité : celle de la première eſt comme le quarré du diamètre, & celle de l’autre, comme ſon cube.

Or, lorſque la même quantité de matière ſe trouve ſous une moindre ſurface, elle doit perdre moins de ſon poids par la réſiſtance du milieu : car il eſt évident qu’un corps qui ſe meut dans un fluide, perd une partie de ſa peſanteur par le frottement de ſes parties contre celle du fluide. Or ce frottement eſt évidemment en raiſon de la ſurface ; c’eſt pourquoi la ſurface devenant moindre à proportion de la maſſe, la réſiſtance l’eſt auſſi : conſéquemment les véſicules, dont la peſanteur, avant la jonction, étoit égale à la réſiſtance du milieu, trouvant cette réſiſtance diminuée, deſcendront avec une vîteſſe proportionnelle à la diminution réelle de leur ſurface.

Quand elles deſcendent & qu’elles arrivent aux parties plus groſſières de l’atmoſphère, par exemple, aux points 4 & 5, &c., leur maſſe & leur ſurface ſont augmentées par de nouvelles réunions ; & ainſi par de nouvelles & conſtantes augmentations, elles deviennent de plus en plus capables de ſurmonter la réſiſtance du milieu, & de continuer leur chute à travers toutes les couches de l’air, juſqu’à ce qu’elles atteignent la terre ; leur maſſe étant alors exceſſivement groſſie, forme des gouttes de pluie.

Maintenant dans la deſcente des vapeurs, il faut conſidérer comment le baromètre eſt affecté par cette deſcente. Avant qu’aucune des véſicules commence à baiſſer, ſoit par l’action du froid, ou par celle du vent, elles nagent toutes dans la partie de l’atmoſphère A B C D, & pèſent toutes vers le centre E. Or, chacune d’elles demeurant reſpectivement, dans une partie du milieu, qui eſt d’une peſanteur ſpécifique égale, perdra une partie de ſon poids égale à celle d’une partie du milieu qui auroit le même volume ; c’eſt-à-dire, que chacune d’elle perdra toute ſa peſanteur mais alors cette peſanteur qu’elles auront perdue, ſera communiquée au milieu qui preſſera ſur la ſurface de la terre A B, avec ſon propre poids joints à celui de ces véſicules. Suppoſez alors que cette preſſion conjointe agiſſe ſur le mercure élevé dans le baromètre à 30 pouces, par la réunion des véſicules, faite comme nous avons dit ci-deſſus, leur ſurface, & conſéquemment leur frottement ſont diminués : c’eſt pourquoi elles communiqueront moins de leur peſanteur à l’air, c’eſt-à-dire, une partie moindre que tout leur poids, & conſéquemment elles deſcendront avec une vîteſſe proportionnelle à ce qui leur reſte de peſanteur, ainſi qu’on vient de le dire. Or, comme les véſicules ne peuvent agir ſur la ſurface de la terre A B que par la médiation de l’air, leur action ſur la terre ſera diminuée en même proportion que leur action ſur le milieu ; d’où il eſt évident que la ſurface de la terre A B ſera alors moins preſſée qu’auparavant : & plus les véſicules garderont de leur poids qu’elles n’auront point communiqué au milieu, plus elles accéléreront leur propre deſcente ; c’eſt-à-dire, que la vîteſſe de l’abaiſſement des véſicules ira toujours en augmentant. En effet, quand les véſicules deſcendent, la maſſe augmente continuellement, et au contraire, la réſiſtance du milieu & la preſſion ſur la terre diminuent, & le mercure baiſſera par conſéquent pendant tout le temps de leur chûte. De là il eſt aiſé de concevoir que les vésicules qui ont une fois commencé à tomber, continuent ; que le mercure commence à tomber en même-temps, & qu’il continue & ceſſe en même-temps qu’elles.

On peut faire une objection contre ce ſyſtême ; ſavoir, que les véſicules étant miſes en mouvement, & heurtant contre les particules du milieu, rencontrent une réſiſtance conſidérable dans la force d’inertie du milieu, par laquelle leur deſcente doit être retardée, & la preſſion de l’atmoſphère rétablie. On peut ajouter que la preſſion additionnelle ſera plus grande à proportion de la vîteſſe de la chûte des véſicules, une impulsion forte étant requiſe pour ſurmonter la force d’inertie des particules contiguës du milieu.

Mais les partiſans de l’opinion que nous rapportons, croyent pouvoir renverſer cette objection par la raison & l’expérience : car, disent-ils, outre que la force d’inertie de l’air peut être très-foible à cause de ſon peu de denſité, nous voyons que dans l’eau, qui eſt un milieu fort denſe & non-élaſtique, un morceau de plomb, en deſcendant à travers le fluide, pèſe conſidérablement moins que quand il y eſt ſoutenu en repos ; cependant ce fait eſt nié par Muſſchenbroeck.