Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/574

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous avons cru devoir rapporter aſſez au long cette explication qui, quoiqu’ingénieuſe, n’a pas à beaucoup près, toute la préciſion qu’on pourroit déſirer. Mais dans une matière ſi difficile, il ne nous reſte preſqu’autre choſe à faire, que d’expoſer ce que les philoſophes ont penſé. [ Voyez une diſſertation curieuſe de M. de Mairan, ſur ce ſujet, Bordeaux, 1715 ].

11o. M. de la Hire, qui fut chargé, depuis le commencement du siècle juſqu’en 1719, des obſervations météréologiques dans l’académie des ſciences, eût encore recours aux vents pour expliquer les variations du baromètre. Le baromètre s’élevant en général moins haut entre les Tropiques que dans les pays ſeptentrionaux, il conjectura que la figure de l’atmoſphère eſt un sphéroïde allongé dont le grand axe coïncide avec celui de la terre, & admit des tranſports d’air du nord au ſud & du ſud au nord. « Comme par-tout où il y a de l’air, dit-il, il peut y avoir des vents, ſi le même vent règne dans toute la maſſe de l’air, & qu’il vienne du midi, il abaiſſera la hauteur de l’atmoſphère dans ces pays-là ; & au contraire, s’il vient du ſeptentrion, il s’élèvera. Mais auſſi comme les vents du midi nous apportent de la pluie, il s’enſuivra qu’il doit pleuvoir quand l’air paraîtra léger ; tout le contraire arrivera de l’autre côté. C’eſt en général ce qui doit ſuivre de cette ſuppoſition ; mais ſi le vent de midi ne règne que ſur la ſurface de la terre, & qu’il y ait un vent de nord dans la partie ſupérieure, il pourra pleuvoir quoique l’air paroiſſe fort peſant, & par une raiſon contraire il pourra faire un temps fort ſerein avec un vent de nord, & le baromètre étant fort bas ; car nous ne pouvons obſerver que les vents qui ſont fort proche de la terre ».

Cette hypothèſe qui paroît ſimple ne ſoutient pas un examen approfondi. La figure de l’atmoſphère n’eſt point celle d’un ſphéroïde alongé par les poles, mais celle d’un ſphéroïde applati ; parce que telle est la figure de la terre même, & que les cauſes qui ont agi ſur celle-ci pour lui imprimer cette forme particulière, ont été encore plus puiſſantes ſur l’atmoſphère. D’un autre côté, le peu de variations du baromètre ſous l’équateur, eſt abſolument contraire à ces transports d’air ; car il eſt conſtant que la variation du baromètre dans la Zone Torride eſt très-petite, elle n’y paſſe pas une ligne & un quart dans toute l’année, ainſi qu’il réſulte des obſervations que M. de la Condamine a faites à Quito pendant plus d’un an : d’autres phyſiciens ont également confirmé cette vérité dans d’autres contrées de la Zone Torride. Mais dans le ſyſtème de M. de la Hire, les moindres variations du baromètre devroient être dans nos climats, & les plus grandes entre les tropiques comme aux poles, &c.

12o. M. Mariotte a cherché auſſi à expliquer les changemens du baromètre par l’action des vents. Son opinion eſt expoſée dans ſon diſcours ſur la nature de l’air, imprimé en 1617, & dans ſes Œuvres.

13o. M. Garſten publia, en 1733, à Francfort, un ouvrage ſur la cauſe des variations du baromètre par les vents, d’une manière oppoſée à celle de M. Halley. Celui-ci penſoit que l’effet des vents contraires étoit d’augmenter le poids de l’air en le condenſant, & celui-là croit que cette même cauſe doit diminuer le poids de l’air en le dilatant. M. Garſten a tâché de fonder ſon hypothèſe ſur une nouvelle théorie de la propagation des vibrations tremblantes dans une ſuite de corps élaſtiques contigus, & de faire enſuite l’application de ce principe aux variations du baromètre, &c. ; mais l’obſervation des phénomènes eſt oppoſée à cette opinion.

14o. M. le Cat a imaginé une cinquième manière d’expliquer les variations du baromètre par le moyen des vents, & il a fondé ſon hypothèſe ſur la différence de l’air apporté par le nord-eſt & par le ſud-oueſt. « Le vent eſt nord-eſt, dit-il, nous apportant un air du nord très denſe, & pareil à celui qui fait tant monter le mercure en Suède, doit produire le même effet chez nous ; & le vent ſud-ſud-oueſt au contraire, nous apportant un air de l’équateur, doit faire baiſſer le mercure, comme on le voit arriver dans ces climats brûlans ; & ainſi des autres vents ſitués entre les deux premiers… S’il ne régnoit jamais qu’un vent à la fois, les hauteurs du baromètre ſeroient régulièrement les mêmes pour chaque eſpèce de vent ; mais un vent unique eſt très-rare. La plupart du termps il en règne pluſieurs enſemble dans les différentes couches de l’atmoſphère ; & c’eſt de leur combinaiſon que réſultent les températures mixtes de l’air, & l’irrégularité des variations du baromètre ». Mais les différences de la température de l’air ne ſont pas la cauſe principale des variations du baromètre ; elles ne peuvent en produire qu’une très-petite partie, ainſi qu’on le prouvera en parlant de l’effet de la chaleur ſur le baromètre. D’ailleurs, ſelon l’hypothèſe de M. le Cat, le baromètre, le mercure devroit baisser dans le baromètre à meſure que l’air deviendroit plus chaud, & par conſéquent moins denſe. Cet inſtrument devroit donc être toujours fort haut en hiver, & fort bas en été, ce qui eſt contraire à l’expérience.

15o. M. Woodward, pour expliquer les variations du baromètre, a ſoutenu que l’air avoit plus de poids étant chargé d’une plus grande quantité de vapeurs & d’exhalaiſons ; que l’eau des pluies venoit de la terre, d’où elle ſortoit pour s’élever dans l’atmoſphère ; que pendant ſon aſcenſion cette eau ne faiſoit point ſentir ſon poids, & ne preſſoit point l’air ; & que ce mouvement d’aſcenſion étant