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principe, il forma une table ds corrections de la hauteur du mercure, correſpondantes aux divers degrés du thermomètre. Mém. de l’acad. des ſc, 1704. Ce principe eſt inconteſtable, quoiqu’il ait été nié par M. de la Hire & par quelques autres phyſiciens après lui : leur erreur venoit de ce que leurs obſervations ont été faites ſur des baromètres qui avoient été chargés à froid, & qui d’ailleurs avoient d’autres défauts, v. g. celui de n’être pas calibrés, de ſorte qu’il y avoit des compenſations. L’air qui eſt au haut d’un baromètre dont le mercure n’a pas bouilli, se raréfie par la chaleur, & peut faire deſcendre le mercure, tandis qu’il auroit dû monter par un effet de cette raréfaction. L’expérience a prouvé ces vérités ſur pluſieurs baromètres défectueux ; & de plus elle a conſtamment démontré que dans une chambre échauffée par degrés, les baromètres purgés d’air par le feu, montent uniformément, tandis que d’autres non purgés d’air deſcendent ſans aucun accord, & qu’il y en a même qui ne font appercevoir preſqu’aucune variation.

On fut cependant dans la ſuite convaincu que le mercure étant dilatable par la chaleur, comme tous les autres corps, n’étoit pas toujours d’une égale peſanteur ſpécifique ; & que par conſéquent, à poids égal de l’atmoſphère, la colonne du baromètre devoit être plus ou moins longue, ſuivant le degré de chaleur dont elle eſt affectée. Mais la route qu’on tint d’abord pour déterminer les effets de cette cauſe produiſit des erreurs, car on chercha ſimplement, quelle eſt la proportion dans laquelle le mercure ſe dilate pour une augmentation de chaleur donnée ; &, ainſi que le remarque M. Deluc, on tranſporta au baromètre ce qui ne pouvoit convenir qu’au mercure conſidéré en lui-même, ne réfléchiſſant pas que ſa dilatabilité ſe combinoit avec d’autres cauſes, pour produire l’effet dont il eſt queſtion.

Pour réuſſir il étoit néceſſaire de faire ces recherches ſur le baromètre même ; car dans des vaſes, ou des tubes différens, le mercure a un point d’appui fixe, & par conſéquent ne peut s’étendre que vers l’endroit où il n’eſt pas retenu, &c. ; & de plus le peu d’air qui reſte au haut du baromètre, agit néceſſairement pour empêcher le mercure de s’élever quand la chaleur le dilate. Il étoit donc indiſpenſable d’opérer ſur le baromètre même pour connoître l’effet qu’y produit la chaleur : il falloit de plus que les deux termes fuſſent fixes & univerſels. Or, ceux de M. Amontons, ſavoir, le plus grand froid & le plus grand chaud de la France, n’ont pas ces conditions.

La chaleur raréfie le mercure, & à meſure qu’elle en augmente le volume, elle en diminue la peſanteur ſpécifique. M. Chriſtin, de l’académie de Lyon, a trouvé, par des expériences faites avec art & préciſion, que le volume du mercure condenſé par le froid de la glace, eſt au volume du mercure raréfié par la chaleur de l’eau bouillante, comme 66 à 67, c’eſt-à-dire, que l’augmentation du volume du mercure, ou ce qui revient au même, la diminution de ſa peſanteur ſpécifique, est , à compter depuis le terme de la glace juſqu’à celui de l’eau bouillante. Donc un baromètre qui paſſerait du froid de la glace à la chaleur de l’eau bouillante, hauſſeroit d’une quantité égale à la ſoixante-ſixième partie de ſa hauteur, ſans qu’il ſoit ſurvenu aucun changement dans la preſſion de l’atmoſphère.

Suppoſons maintenant un thermomètre tel que celui de Lyon, diviſé en 100 parties égales depuis le froid de la glace, juſqu’à la chaleur de l’eau bouillante, il eſt clair qu’en partant du terme de la glace, le baromètre hauſſera de chaque degré du thermomètre. Ainſi, dans les lieux où la hauteur moyenne du baromètre eſt de 27 pouces , ou 330 de ligne, la chaleur depuis la glace juſqu’à l’eau bouillante fera monter le mercure de 8 lignes, & par conſéquent de de ligne ou de de point par chaque degré du thermomètre. Donc, ſi on veut avoir l’effet de la preſſion de l’air tel qu’il ſeroit au terme de la glace, il faut retrancher de la hauteur actuelle du baromètre autant de vingtièmes de ligne que le thermomètre marque de degrés au-deſſus du terme de la congellation, ou par la raiſon contraire, ajouter à la hauteur du baromètre autant de vingtièmes de ligne que le thermomètre marque de degrés au-deſſous de ce même terme.

On pourra faire la même correction ſur un baromètre dont la hauteur ſera de 27 ou de 28 pouces, parce qu’un pouce de plus ou de moins ne peut faire ſur le total qu’une erreur inſenſible. Mais ſi on tranſportoit le baromètre ſur de hautes montagnes, & que le mercure deſcendît à 25, 20 ou 15 pouces, il faudroit retrancher de cette hauteur ou y ajouter moins d’un vingtième de ligne par chaque degré du thermomètre, ainſi qu’on le verra dans les tables ſuivantes.