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AIG

teur de ce fuſeau, partent de petites verges de cuivre, diſpoſées en triangle, & qui portent trois petits contre-poids pour ſervir à rappeller & à retenir le fuſeau & l’aiguille (même couverte d’une roſe des vents) dans la perpendiculaire. (Voyez la figure 368.)

L’addition dont on vient de parler procure à l’aiguille aimantée une très-grande mobilité ; elle eſt même ſi grande, qu’on pourroit dire qu’un excès de perfection eſt un grand défaut, & que l’aiguille ainſi ſuſpendue deviendroit volage, c’eſt le nom que les marins donnent aux aiguilles qui, par une très-grande mobilité, ſont toujours ſi fort agitées par les mouvemens du vaiſſeau qu’il ne leur eſt preſque pas poſſible de bien ſaiſir la vraie direction de l’aimant. Pour obvier à ce nouvel inconvénient, M. Antheaume fait coler perpendiculairement ſous l’aiguille de petites aîles de papier qui par la réſiſtance que l’air leur oppoſe, diminuent conſidérablement le nombre des vibrations de l’aiguille, qui ſe fixe alors aſſez promptement, quoiqu’elle ſoit très-mobile. On la renferme enſuite dans une boîte couverte d’une plaque de verre, logée dans une feuillure.

Quelque bonne que ſoit cette manière de ſuſpendre une aiguille aimantée, il y en a une autre préférable, imaginée par M. Coulomb, laquelle doit être employée dans toutes les obſervations délicates, ſur-tout lorſqu’il s’agit de déterminer les variations de l’aiguille aimantée : nous en parlerons plus en détail dans un inſtant, à l’article aiguille de variation. Ici, il ſuffira de dire qu’elle eſt faite avec des fils de ſoie & un étrier.

5o. De la manière d’aimanter les aiguilles de bouſſole. La propriété connue ſous le nom de communication de l’aimant, eſt celle par laquelle l’aimant qui touche le fer lui donne la même vertu qu’il a. Une aiguille de bouſſole reçoit donc par le contact d’un aimant, ſoit naturel, ſoit artificiel, la vertu attractive, répulſive, directive, &c. La façon d’aimanter une aiguille étant un objet de grande importance, ſur-tout dans l’art de la navigation, les phyſiciens ſe ſont depuis long-temps appliqués à faire des recherches ſur la meilleure méthode de communiquer une grande force magnétique aux aiguilles de bouſſole.

La première méthode & la plus ſimple, eſt celle de frotter ſur les pôles d’un aimant armé ou non armé, ſoit naturel, ſoit artificiel, les aiguilles auxquelles on veut communiquer la vertu directrice. Suppoſons qu’on ait un aimant C E, figure 361 ; on le place de façon que le pôle C ſoit en haut, & le pôle E en bas, & que l’aiguille N Α ſoit ſur le pôle C par ſon milieu ; c’eſt-à-dire, par l’endroit qui répond à la chape D ou chaſſe. Alors faites gliſſer la moitié D N de l’aiguille du point D au point N ſur le pôle C de l’aimant ; répétez enſuite pluſieurs fois cette opération de la même manière, & lentement, en appuyant un peu l’aiguille ſur le pôle C ; enſuite tournez l’aimant, de ſorte que ſon pôle E ſoit ſupérieur, & le pôle C inférieur ; faites frotter de même, pluſieurs fois, en gliſſant lentement l’autre moitié de l’aiguille du point D au point Α ; & obſervez que le nombre des frottemens ſoit égal. Au bout de 25 ou 30 fois, l’aiguille aura acquis toute la vertu qu’elle peut recevoir de l’aimant qu’on a employé dans cette méthode.

Il n’eſt pas néceſſaire que l’aimant ſoit ſphérique, comme la figure le repréſente ; toute figure, en général, eſt indifférente, pourvu que les pôles de l’aimant ſoient bien caractériſés. On peut encore ſe ſervir d’un aimant armé ou non armé, en obſervant cependant que par le moyen de l’armure on obtient une force directive plus conſidérable. Un aimant artificiel communique la vertu magnétique comme l’aimant naturel ; elle a même plus d’intenſité, & par conſéquent il faut préférer le premier au ſecond.

Quelques phyſiciens preſcrivent de placer ſur le pôle C ou E de l’aimant (figure 361) chaque partie de l’aiguille, à peu près vers ſon milieu, entre la chape & l’extrémité ; mais l’expérience m’a prouvé que l’aiguille eſt moins fortement aimantée dans ce cas que dans celui où le pôle répond à la chape D. On recommande encore, lorſqu’on eſt arrivé, en frottant, à l’extrémité de l’aiguille, de continuer à mouvoir l’aiguille dans la même direction à la diſtance de 8 ou dix pouces environ. Cette pratique n’eſt pas néceſſaire, & l’expérience n’a pas prononcé que cet éloignement contribuât à donner à une aiguille une plus grande intenſité qu’un éloignement qui ſeroit moindre de moitié ou des deux tiers.

Mais ce qui eſt certainement plus avantageux, c’eſt la méthode de frotter ſur les pôles de l’aimant la ſurface inférieure de l’aiguille, comme la ſurface ſupérieure, en faiſant attention que pour cet effet il faut retourner l’aiguille & frotter toujours avec un même pôle les deux ſurfaces de chacune de ſes parties.

Lorſqu’on ſe ſert d’un aimant armé, on fait gliſſer l’aiguille ſur les pieds de l’armure qui repréſentent les pôles (Voyez Armure de L’aimant). Ce frottement peut s’exécuter de pluſieurs façons dans la direction de la ligne droite qu’on peut imaginer paſſer par les deux pieds, ou dans celle qui lui eſt perpendiculaire. La première manière m’a paru préférable dans quelques expériences, cependant l’avantage n’eſt pas conſtant. Il y en a qui diſent qu’une troiſième manière eſt préférable aux deux précédentes, ſur-tout pour les longues aiguilles, c’eſt celle de frotter dans deux aiguilles qui ſe croiſent en dedans, & forment entr’elles un V ou un angle aigu. Mais dans tous ces cas, on ne doit faire toucher à-la-fois l’aiguille que ſur un ſeul pied de l’armure. Mais