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Dans ces tables les degrés au-deſſus de 9 ne ſont marqués que de 10 en 10 ; on y ſuppléera, en prenant dans les nombres depuis 1 juſqu’à 9, celui dont on aura beſoin, & en le joignant au nombre des dixaines. Si par exemple, le baromètre étant à 27 degrés ou aux environs, le thermomètre marque 28 degrés au-deſſus de la glace, on prendra dans la première table la correction points, qui répond à huit degrés, on la joindra à celle 1 ligne, qui répond à 20 degrés, & l’on aura 1 ligne points, qu’il faudra ſouſtraire de la hauteur actuelle du baromètre.

La réduction de la hauteur du baromètre pourroit ſe faire, par le moyen d’un thermomètre gradué, comme on va le dire.

Marquez ſur la planche du thermomètre les deux termes de la glace & de l’eau bouillante. Divisez cet espace en cinq parties égales pour marquer les 5 lignes, dont un cylindre de mercure de 27 à 28 pouces de hauteur ſe raréfie. Subdiviſez chacune de ces parties en douze autres parties, pour repréſenter les points qui compoſent une ligne. Portez les mêmes diviſions & subdiviſions au-deſſous du terme de la glace. Vous aurez un thermomètre qui, marquant ce qu’il faudra retrancher de la hauteur du baromètre, ou ce qu’il faudra lui ajouter, pourra être appelé rectificateur du baromètre. Lorſque ce thermomètre, placé auprès d’un baromètre, marquera 2 lignes 3 points au-deſſus du terme de la glace, ce ſera 2 lignes 3 points qu’il faudra ſouſtraire de la hauteur du baromètre : lorſqu’il marquera 1 ligne 5 points au-deſſous du même terme, ce ſera 1 ligne 5 points qu’il faudra ajouter.

L’échelle que nous venons de donner au thermomètre rectificateur, ſuppoſe que la hauteur moyenne du baromètre est de 27 à 28 pouces : veut-on des échelles pour des hauteurs différentes ? On fera cette règle de proportion : comme 66 eſt à 67, ainſi 27 … 20 … 15 … &c. pouces de hauteur du mercure au terme de la glace, ſont à la hauteur de ce même mercure au terme de l’eau bouillante. La différence du quatrième au troisième terme, en lignes & en points, ſera le nombre des parties qui doivent compoſer l’échelle demandée depuis le terme de la glace, juſqu’à celui de l’eau bouillante.

Voici un autre thermomètre rectificateur du baromètre, dit dom Caſbois, qui exige encore moins de préparation & d’attention. C’eſt un tube de verre, bien cylindrique, long de trente pouces environ, ſcellé par ſon extrémité inférieure, & chargé de mercure juſqu’à la hauteur moyenne du baromètre. Après avoir marqué, ſur cette eſpèce de thermomètre, le terme de la glace, on l’applique ſur la planche du baromètre, de manière que le point qui marque le terme de la glace ſe trouve ſur une des lignes de la diviſion du baromètre. Lorſque le mercure de ce thermomètre raréfié par la chaleur hauſſe d’une, de deux, &c. lignes au-deſſus de la glace, on retranche la même quantité de la hauteur du baromètre : lorſqu’il baiſſe d’une, de deux, &c. lignes, on ajoute cette quantité à la hauteur du baromètre. Ce thermomètre n’exige aucun calcul, il ne demande pas même d’être réglé à l’eau bouillante, & il à l’avantage de montrer, de la manière la plus ſimple & la plus ſûre, ce qu’il faut retrancher à la hauteur du baromètre, ou ce qu’il faut y ajouter.

M. Deluc ayant fait pluſieurs expériences pour déterminer l’effet que produit la chaleur ſur les baromètres purgés d’air par le feu, dont la marche, comme nous l’avons dit, eſt toujours conſtante, en tira cette conſéquence générale ; que par une augmentation de chaleur, capable de faire monter le thermomètre depuis le point de la glace pilée juſqu’à celui de l’eau bouillante, la hauteur du baromètre augmenteroit de ſix lignes précisément ; ce qui le conduiſit à une diviſion du thermomètre, qui exprime cette loi d’une manière fort commode.

On aura l’échelle d’un thermomètre propre à repréſenter la correction à faire ſur le baromètre pour les différences de chaleur, en diviſant par quatre les lignes du baromètre ; on ſubdiviſera très-aiſément, à la vue ces quarts de ligne en quatre autres parties qui ſont des ſeizièmes ; or, 6 lignes font . On pourra donc diviſer en 96 parties égales l’intervalle compris entre l’eau dans la glace, & l’eau bouillante ſur le thermomètre, & alors chacune de ces parties correſpondra à de ligne dans la hauteur du baromèlre. Des expériences faites avec des thermomètres de mercure, en été & en hiver, ont confirmé combien cette diviſion étoit propre à l’uſage auquel on la deſtinoit.

Mais afin que la chaleur produiſe ſur les baromètres des effets aſſez ſenſibles, pour qu’on doive en tenir compte, & que le thermomètre ſerve à cette correction, il faut que ces deux inſtrumens ne ſoient pas plus échauffés l’un que l’autre. C’eſt cependant ce qui arrivoit dans les premières expériences de M. Deluc ; on peut voir dans ſon ouvrage ſur les modifications de l’atmoſphère, T. 1er., page 200, &c., la ſuite de ſes recherches & de ſes tentatives pour parvenir au vrai but qu’il ſe propoſoit ſur ce ſujet intéreſſant.

Un objet important qu’il étoit néceſſaire de décider, étoit le degré de chaleur à prendre pour terme commun & conſtant, au-deſſus & au-deſſous duquel les corrections devoient ſe faire. Il parut à M. Deluc que la température qui correſpond à la huitième partie de la diſtance entre les points fixes du thermomètre, à compter depuis l’eau dans la glace, étoit la plus convenable.