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L’échelle de ſon thermomètre étant diviſée en 96 degrés entre les points fixes, la huitième partie de cette échelle en montant, correſpond au douzième degré ; auſſi M. Deluc a-t-il placé le zéro à ce point au-deſſus duquel il compte les degrés en plus, & au-deſſous en moins ; ainſi, dans ce thermomètre, l’eau bouillante est à + 84, & l’eau dans la glace à – 12. Ces indications ſuffiſent pour conſtruire ce thermomètre, & la figure 321, qui en eſt la repréſentation avec l’échelle de Fahrenheit, & celle d’un thermomètre à mercure diviſé en 80 parties, qu’on nomme de Réaumur, ſert à indiquer sans calcul les points de ces deux dernières échelles auxquelles correſpondent diverſes températures dont nous parlerons.

Le thermomètre étant diviſé de cette manière, chacun de ſes degrés repréſente, comme on l’a dit, des ſeizièmes de ligne sur la hauteur d’un baromètre dont la colonne eſt de 27 pouces ; il ſert auſſi pour toute la longueur de colonne par une ſimple proportion. Exemple : ſuppoſons deux baromètres placé, l’un sur une montagne où le mercure ne se ſoutient que à pouces, & l’autre au pied de cette montagne où il ſe tient à 27 pouces. Si les deux thermomètres ſont à zéro, il n’y a point de correction à faire ; mais s’ils ſont tous deux à moins 16, on doit ajouter à la hauteur observée du baromètre au pied de la montagne ou une ligne ; & pour celui du sommet, on doit dire : comme 27 pouces sont à de ligne, ainsi sont au nombre de seizième qu’il faut ajouter à la colonne de pouces, ce qui fait . Si les degrés du thermomètre sont en plus, il faut faire des soustractions dans le même ordre. La même règle doit s’appliquer à tous les cas, tant pour les températures égales que pour celles qui sont différentes ; il n’y en a qu’un seul qui n’exige point de correction, c’est celui où les deux thermomètres sont à zéro. Par ce moyen on ramène les obſervations à un terme fixe, ce qui produit le même effet que si le mercure des baromètres étoit toujours au même degré de condenſation.

Il eſt d’autant plus néceſſaire, lorſqu’il s’agit de la meſure des hauteurs de faire exactement les corrections dont on vient de parler, qu’un seizième de ligne repréſente environ 5 pieds de hauteur, & que pour peu qu’on s’écarte de l’exactitude, il eſt très-facile de ſe tromper d’un ou de pluſieurs ſeizièmes.

Ajoutons que les corrections que l’on fait ſur la hauteur du mercure dans le baromètre, quand la température eſt différente d’un certain point fixe, réduiſent cette hauteur à ce qu’elle ſeroit ſi le baromètre étoit toujours affecté du même degré de chaleur.

M. Lorgna, profeſſeur de mathématique à Verone, publia, en 1765, un ouvrage ſur la graduation des thermomètres de mercure, & ſur la correction des baromètres ſimples.

Cet ouvrage renferme une hypothſe très-ingénieuſe pour corriger l’effet de la chaleur ſur les baromètres, dont il eſt bon de faire mention.

L’auteur, après s’être aſſuré par un grand nombre d’expériences, que le rapport d’un volume donné de mercure, au point de la congellation eſt à ce même volume au point de l’eau bouillante, comme 10 000 à 10 160, exige deux choſes.

La première, que la hauteur moyenne de la colonne de mercure dans le baromètre ſoit ſuppoſée de 27 pouces 6 lignes, ou 330 lignes.

La ſeconde, que le baromètre ſoit conſtruit dans un temps où le thermomètre ſera au point de la congellation.

Il fait enſuite cette analogie 10 000 :10 160 : : 330 lignes eſt à , d’où il tire la conſéquence que la colonne barométrique s’allonge de de ligne entre la congellation & l’eau bouillante, pris pour termes extrêmes.

Pour trouver les changemens que peut éprouver le mercure par les denſités intermédiaires, il appelle d la denſité du mercure au terme de l’eau bouillante ; c la colonne de mercure du baromètre, correſpondante à cette denſité ; X une denſité quelconque plus grande, & y la colonne du baromètre correſpondante, on aura :

Y : C : : D : X & C D = X Y, lieu de l’hyperbole entre les aſſymptotes.

Mais pour éviter de décrire la courbe qui ſatiſfait au problème, l’auteur remarque qu’un ſimple triangle peut ſervir à repréſenter la correction qu’exige la colonne de 330 lignes, allongée ou raccourcie, ſuivant les différentes denſités du mercure, indiqué par le thermomètre, parce que les denſités étant en raiſon réciproque des volumes, les poids étant ſuppoſés égaux, les colonnes ſeront en raiſon directe des volumes, & des corrections à faire ſuivant les accroiſſemens ou les décroiſſemens des volumes du mercure du thermomètre, au-deſſus ou au-deſſous du point de la congellation.

Ce n’eſt pas ici le lieu de ſuivre l’auteur dans tous ſes calculs & dans toutes ſes démonſtrations. Nous nous contenterons de dire qu’à la progreſſion des nombres naturels qui expriment les degrés de ſon thermomètre :

dix millièmes
1, 2, 3, 4, 5, &c., correſpond la progreſſion 33, 66, 99, 132, 165 millième