Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/596

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’air qu’il contient, ſans ſe trop efforcer. Il vaut mieux faire ces expériences de nuit que de jour ; car quand on entre tout d’un coup dans l’obſcurité, les yeux encore frappés de l’éclat d’une grande lumière, ne peuvent appercevoir la foible lueur du baromètre, qui paroît aſſez pendant la nuit obscure.

Quant aux baromètres qu’on dit n’avoir pas été faits avec les mêmes précautions, & cependant donner de la lumière, peut-être qu’en y jettant le vif-argent on a tenu le tuyau fort obliquement à l’horiſon, pour laiſſer couler doucement les gouttes de mercure comme dans un canal, ce qui empêche l’air de l’infecter tant ; quoiqu’en ce cas il arrive ſouvent qu’il ne rend pas autant de lumière que des baromètres faits par la ſuction, ou dans la machine du vide ; peut-être le mercure n’étoit-il pas bien purifié de toute matière dont l’attouchement de l’air pût former une pellicule.

Cette lumière paroît dans toute ſorte de vif-argent préparé à la manière de M. Bernoulli ; cela ne vient donc point de quelque choſe de particulier dans le ſien, qui enfermé dans le tuyau ſans les conditions propoſées ; ne rend que peu ou point de lumière.

Une des principales raiſons qui fait que la pellicule du mercure empêche la lumière, c’eſt peut-être qu’on ſecoue trop uniformément le mercure, ſe contentant de le balancer, auquel cas cette pellicule, s’il y en a, ne ſort point de la ſuperficie du mercure, & y demeure toujours attachée. Comme il eſt difficile d’éviter cette pellicule des baromètres remplis même à la manière de M. Bernoulli, il ſemble que ſi on pouvoit la crever, ce qui ſe feroit en remuant le mercure en tous ſens, comme on fait l’eau d’une bouteille qu’on rinſe, il pourroit paroître de la lumière. En effet, ſi on tire l’air d’une petite fiole pleine de mercure, en la mettant ſous la machine pneumatique, par le moyen d’un robinet cimenté à ſon cou, & qu’on agite en tout ſens le mercure qui y eſt contenu, on voit une lumière bien plus vive que celle du baromètre, & cela arrive avec toute ſorte de mercure, excepté lorſque l’air n’eſt pas aſſez exactement tiré de la fiole ; ou qu’on y en laiſſe entrer un peu ; alors la lumière eſt plus foible, & diminue de plus en plus, nonobſtant l’agitation réitérée de la fiole, même juſqu’à diſparoître entièrement : après quoi il faut tirer l’air de nouveau de la fiole, ſi on veut qu’elle paroiſſe. On voit au jour le mercure de cette fiole dont la lumière eſt affoiblie, couvert d’une pellicule épaiſſe, & ſemblable à de la pâte mêlée de pouſſière, d’où il paroît qu’un peu d’air agité ſalit fort le mercure, & le couvre d’une peau aſſez épaiſſe pour empêcher abſolument la lumière ; car s’il n’y a point d’air, l’agitation ne fait que rendre le mercure plus pur ; qui par là ſe délivre de tout ce qu’il pourroit contenir d’étranger, qu’il rejette à la ſurface du verre, qu’on voit auſſi un peu trouble : ainſi le mercure eſt rendu de plus en plus lumineux.

Si le robinet de la fiole eſt d’airain, le vif-argent le corrompt ; il faut donc, pour l’éviter, mettre un bouchon de liége qui bouche exactement la fiole, & de la cire par-deſſus, puis percer la cire & le bouchon de liége pour faire ſortir l’air de la fiole ſous la machine pneumatique : enſuite laiſſant le récipient deſſus ſans rendre l’air, faire fondre avec un verre ardent la cire d’autour du trou, qui ſe répandant alors ſur le trou, le fermera. Voilà donc un nouveau phoſphore perpétuel, & qui outre cela a l’avantage de pouvoir ſe tranſporter dans une fiole bien bouchée, pourvu que, 1o. cettte fiole ait été bien nette ; 2o. qu’on n’ait pas beaucoup remué le mercure avant d’en tirer l’air ; 3o. qu’on tire le plus d’air qu’il ſoit poſſible.

M. Homberg a donné une autre raiſon de la lumière des baromètres. Souvent pour nettoyer le mercure On ſe ſert de la chaux vive préférablement à de la limaille de fer, alors le mercure qui, s’élevant dans la diſtillation, s’eſt criblé au travers de cette matière, peut en avoir emporté des parties capables, par leur extrême délicateſſe, de ſe loger dans ſes interſtices ; & comme la chaux vive retient toujours quelques particules ignées, il eſt poſſible que ces particules agitées dans un lieu vide d’air, où elles nagent librement & ſans être étouffées par aucune autre matière, produiſent un éclat de lumière. En effet, pluſieurs baromètres faits de mercure, ainſi nettoyés, étoient lumineux ; mais M. Homberg appuyoit davantage ſur le peu de néceſſité, des conditions de M. Bernoulli.

1o. Un mercure bien net ne contracte jamais d’impuretés à l’air : l’expérience le prouve. Il y a donc lieu de croire que celui de M. Bernoulli n’étoit pas bien net.

2o. Dans les baromètres lumineux anciens, le mercure étoit entré en traverſant l’air.

3o. M. Homberg. ayant vidé par la ſeconde méthode de M. Bernoulli, un tuyau qui ne trempoit preſque point, dans le mercure, l’air en ſortoit en ſoulevant par ſon reſſort le tuyau, & ſe gliſſant entre ſon bout & la ſurface du mercure. L’air étant raréfié juſqu’à un certain point, de façon cependant qu’on pouvoit encore en tirer aſſez, ne ſortoit plus, parce qu’il n’avoit plus la force de ſoulever le tuyau. Le vide du baromètre de M. Bernoulli n’étoit donc pas auſſi parfait qu’il pouvoit l’être.