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mètre, & d’un crayon qui trace les hauteurs différentes du mercure. Cet inſtrument eſt une eſpèce particulière de Météorographe. (Voyez ce mot).

Dans ces ſortes d’inſtrumens, il s’agit, 1o. de joindre à la pendule qui meſure le temps, les machines qui meſurent les diverſes qualités de l’air ; & 2o. de faire tracer des crayons mus par ces dernières. La plupart de ceux qui ont fait exécuter des inſtrumens météorographiques, & ſur-tout des barométrographes, ont fait tracer des crayons, tantôt ſur des cadrans, tantôt ſur des tablettes (mues horiſontalement entre des couliſſes), quelquefois ſur des cylindres verticaux tournant ſur leurs centres ; mais ils n’ont pas ſupprimé le frottement que produit la trace du crayon ; ce qui eſt cauſe que ſur-tout dans le barométrographe, les effets ne ſont jamais exacts, les mouvemens du mercure étant toujours plus ou moins gênés par la plupart des moyens employés. Or, tant que ces mouvemens ne ſont pas libres, le baromètre eſt infidèle & mauvais.

M. d’Ons-en-Bray eſt le premier qui a appliqué aux inſtrumens météorométriques la pendule ; on voit dans les mémoires de l’académie des Sciences, année 1734, la deſcription & la figure d’un anémométrographe.

M. Courgeoles, ingénieur, préſenta, il y a près de vingt ans, à l’académie des Sciences, une machine qu’il nomma météorographe, & qui n’étoit qu’un barométrographe. Louis XV la fit placer dans un de ſes cabinets.

M. Cumming, fameux horloger du roi d’Angleterre, avoit auſſi exécuté pour ce ſouverain une pendule de cette eſpèce, qui marquoit les hauteurs du baromètre avec la plus grande exactitude.

M. Magellan, dans ſa Deſcription & uſages des nouveaux baromètres pour meſurer les hauteurs, &c., après avoir fait ſentir la néceſſité des obſervations météorologiques & l’avantage d’interroger à la fois tous les inſtrumens de météorologie ; après avoir remarqué qu’il ſeroit eſſentiel, non ſeulement de connoître le temps précis de leurs indications, mais d’avoir tous les temps de ces mêmes indications, ce ſavant portugais décrit un barométrographe de ſon invention, qui a le défaut des précédens. Au lieu d’un cercle mis en mouvement par le rouage de la pendule, dit-il, il y a quatre cylindres verticaux, ſur leſquels une longue bande de papier blanc, qui y eſt enveloppée, paſſe d’un rouleau à l’autre, avec un mouvement auſſi régulier que celui de la pendule, dont la marche eſt d’un mois entier ſans être montée. Ce papier mû ſur des cylindres ou bobines eſt une invention de M. d’Ons-en-Bray.

Pour remédier aux inconvéniens qui avoient lieu dans les barométrographes précédens, M. Changeux imagina une baſcule, dont il fit exécuter le mécaniſme par un habile horloger (M. Tribalet ). La conſtruction en eſt telle, qu’il n’y a aucune machine météorographique qu’il ne ſoit facile de rendre d’une exactitude auſſi grande que les machines ſimplement météorométriques, ſi on ſe ſert de cette baſcule. En effet, quelque ſoit le mécaniſme de ces dernières, on peut choisir dans toutes un point mobile, au moyen duquel on fera porter un crayon ſur un cadran, ſur une tablette ou ſur des papiers mus uniformément par une pendule & diviſés par des lignes en jours & heures, &c ; les crayons ne touchant ces papiers que lorſqu’ils ſeront ſollicités par les baſcules, formeront leurs traces par des ſuites de points ; le frottement ſera inſtantané & par conſéquent nul : la baſcule ſe relevant auſſi-tôt qu’elle aura frappé, les crayons ſeront libres, & le moteur de ces crayons n’éprouvera aucune réſiſtance.

Ce moteur dans le baromètre eſt le mercure : le crayon porté par la tige flottante ſur le fluide, monte ou deſcend dans les mouvemens d’aſcension & de deſcente du mercure, ſans troubler ces mouvemens, parce qu’il n’appuie ſur le cadran que lorſqu’il eſt frappé par le marteau de la baſcule ; mais ſi le crayon appuyoit conſtamment contre le cadran, il est clair qu’il oppoſeroit une réſiſtance plus ou moins préjudiciable à la régularité des indications.

Les artiſtes françois qui ſe ſont depuis exercé ſur le même objet, ont reconnu la néceſſité du mécaniſme de la baſcule des crayons. On ne citera ici qu’un baromètre à pendule qu’a fait exécuter un célèbre horloger de Paris. Au cadran d’ébène, il a ſubſtitué une planchette horaire, qui eſt mue dans une couliſſe pendant l’eſpace de vingt-quatre heures, & qui au bout de ce temps ſe replace ou revient par un ſautoir au point d’où elle étoit partie pour faire ſa révolution. Cette planchette, placée au-deſſous du cadran ordinaire de la pendule, a l’avantage d’offrir à une diſtance convenable & ſous les yeux du ſpectateur, toutes les traces que fait le crayon du baromètre.

Nous allons donner ici, d’après l’inventeur, la deſcription des deux barométrographes de M. Changeux. Le premier apprendra la manière de joindre le baromètre à des pendules anciennes, & épargne la majeure partie des frais de conſtruction à ceux qui ont une pendule. Le ſecond offre un mécaniſme plus ſimple à quelques égards, & peut convenir aux personnes qui voudroient faire conſtruire la machine à neuf.

Premier barométrographe. On ne peut diſconvenir de l’inſuffisance du baromètre ; les alternati-