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M. Œpinus en a répété l’expérience à Pétersbourg, comme on le voit dans ſes recherches ſur l’électricité & le magnétiſme, publiées en 1759. M. Knight ne l’ignoroit pas, lorſqu’il a découvert la multiplicité de pôles oppoſés à certaines aiguilles, ſervant de compas de mer, & lorſqu’il en a conclu dès-lors, le degré de foibleſſe que ces pôles entraînoient avec eux par leurs effets contraires aux directions apparentes indiquées par ces aiguilles.

Il y a plus de quatre-vingts ans que Sturmius s’apperçut que les aiguilles aimantées & percées pour recevoir une chape, n’avoient pas ſeulement un pôle boréal & un pôle auſtral à leurs extrémités, mais qu’il ſe trouvoit auſſi, proche cette chape, deux nouveaux pôles. Il rapporte pluſieurs expériences qu’il a faites, & qui prouvent que ces pôles ſe nuiſent dans les aiguilles aimantées, quant aux effets de leur direction. Cet objet eſt diſcuté ſoigneuſement dans la ſeconde partie phyſique du recueil des curieux de la nature. (Colleg. natura curioſorum), ainſi que dans le ſecond volume de ſa phyſique élective.

C’eſt d’après ces obſervations qu’on donna en Dannemarck une nouvelle forme aux aiguilles de bouſſole, en ne les perçant point pour éviter la multiplicité des pôles, qui ſe contrarient. Pour cet effet, on plaça, au milieu de la roſe, une lame de cuivre ayant pour chape un métal très-dur & travaillé ſur le tour des horlogers. Enſuite on mit parallèlement à cette aiguille de cuivre, garnie d’un bouton coulant pour faire équilibre, d’abord quatre lames de reſſort très-minces, deux de chaque côté du centre, afin qu’elles ſe contre-balancent, & on les poſa ſur leur épaiſſeur, & on les fixa proche le diamètre, dans la circonférence de la roſe du compas.

Ces quatre aiguilles ou cordes de cercle de la roſe du compas, ſont à diſtances égales de part & d’autre du milieu de la chape, ou bien ſont cenſées y avoir été placées ſenſiblement avec le même écart & avec toutes les précautions poſſibles. Il eſt évident que ſi elles ſont non-ſeulement égales entr’elles, mais auſſi d’égale peſanteur, les premiers principes de la ſtatique peuvent indiquer d’abord à l’artiſte ſi ſon point de rotation eſt à diſtances égales de ces mêmes aiguilles ; autrement les loix de l’équilibre une fois violées, il appercevroit à chaque eſſai les défauts, ſoit des aiguilles, ſoit de la ſuſpenſion.

Il y en a qui ont penſé à ne mettre ſous la roſe qu’une ſeule aiguille fortement aimantée & poſée parallèlement au diamètre de la roſe, ou à l’aiguille de cuivre, portée ſur la chape du centre, ce qui ſuffiroit pour indiquer le méridien magnétique. Alors, il ne s’agit que de contre-balancer de l’autre côté du centre ou du point de rotation, cette aiguille par une autre d’argent ou de cuivre rouge bien pur. On reconnoît que ce métal eſt pur s’il n’attire pas de moindres aiguilles aimantées très-vives : pour peu qu’il y eût de parcelles de fer mêlées avec le cuivre, on obſerveroit des attractions.

Au reſte, ſi l’on veut admettre plus d’une aiguille, pour donner à la bouſſole plus de force & d’activité, il faut qu’il y en ait au moins deux (puiſqu’on ne compte pas celle du centre) qui ne ſoient pas d’acier, mais qui tiennent la place de deux des quatre aiguilles aimantées ; & il faut d’ailleurs que la force des aiguilles d’acier ſoit bien égale.

On peut encore, au lieu de percer les aiguilles, les placer au-deſſus de la chape ; on peut avoir recours à un curſeur ou à un petit appareil ſemblable aux poupées qui portent les pointes d’un compas à verge, & gliſſent ſur la règle. L’aiguille étant alors en équilibre ſur ſon champ ou épaiſſeur. Loix du magnétiſme. 1776.

M. Kotelnikow a propoſé d’employer un parallélipipède d’acier qui ſoit porté par un cône tronqué fait en bois ; il a déterminé algébriquement les dimenſions de ce cône, par le moyen du rapport qu’il doit y avoir entre l’aiguille & le cône, pour que le centre de gravité ſoit au-deſſous de la ſuſpenſion ; au reſte, on peut faire la même choſe avec des contre-poids placés ſur les côtés de l’aiguille.

[L’excellence de l’aimant avec lequel on touche l’aiguille, & la grande vertu magnétique qu’elle reçoit dans toutes les circonſtances que nous venons de rapporter plus haut, font qu’elle obéit plus facilement aux impreſſions magnétiques, & que les obſtacles du frottement & de la réſiſtance de l’air deviennent comme nuls ; mais elle ne prend pas une meilleure direction que ſi elle eût été moins bien aimantée. En effet, on obſerve que la direction des aiguilles qui n’ont jamais touché à l’aimant, ou qui ont été trempées après avoir été rougies, celles de toutes les eſpèces d’aiguilles aimantées ſur différentes pierres, de figures & de qualités différentes, & dans quelque partie du monde que ce ſoit ; on obſerve, dis-je, que la direction de toutes ces aiguilles ſe fait uniformément ſuivant le même méridien magnétique particulier à chaque lieu. Voyez fig. 450.

Il eſt arrivé quelquefois que le tonnerre tombé auprès d’une aiguille aimantée, en a changé la direction, & même qu’il lui en a donné une directement contraire ; mais ces accidens ſont aſſez rares, & ne doivent point être comptés parmi ceux qui agiſſent ſur l’aiguille aimantée, & qui en changent conſtamment la direction.

On ſeroit bien plus porté à croire que les mines de fer, dans le voiſinage deſquelles ſe trouveroit une aiguille aimantée, pourroient altérer ſa vertu directive : on s’eſt aſſuré du contraire en mettant une aiguille très-mobile auprès