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peut ſubſtituer au bâton de verre ou de cire d’Eſpagne un bâton de bois dans les expériences d’électricité, ainſi que l’a prouvé le P. Ammerſin, Minime, dans un petit ouvrage ſur ce ſujet. On le fait parfaitement ſécher au four, & dans cet état il devient électrique étant frotté ; parce qu’il a acquis ce degré d’élaſticité néceſſaire pour l’électricité, & qu’il a été dépouillé de l’humidité contenu dans ſa ſubſtance, ſi nuiſible au développement du fluide électrique par frottement.

Afin que ce bâton, ainſi préparé, conſerve longtemps la propriété qu’il a acquiſe par la deſſication, le P. Ammerſin le faiſoit frire dans l’huile bouillante, afin que ces pores fuſſent bien imbibés & remplis de cette ſubſtance oléagineuſe qui empêche une nouvelle humidité de s’inſinuer dans le bois, & qui de plus eſt une ſubſtance non conductrice. Ce bâton, bien ſec, s’eléctriſe par le frottement, & s’électriſe négativement ; il n’eſt point caſſant comme le verre ou la cire d’Eſpagne, mais la vertu électrique de ces ſubſtances lui eſt préférable. Ces bâtons de bois ſervent à iſoler ; un globe de bois ainſi préparé, ou un plateau de bois, peut de même ſervir à monter une machine électrique, toujours moins forte que celle de verre. Voyez Bois électrique.

BATTERIE ÉLECTRIQUE. On donne le nom de batterie électrique à un aſſemblage de jarres électriques, ou de bouteilles de Leyde, tellement diſpoſées que leurs ſurfaces intérieures communiquent toutes entre elles, & qu’il y ait de même une communication entre toutes les ſuperficies extérieures. La Bouteille de Leyde, comme on l’a vu à cet article, eſt un vaſe de verre armé d’une ſubſtance conductrice à ſa ſurface intérieure & extérieure, si l’on en excepte deux pouces environ de chaque côté vers l’orifice. Si on réunit dans un même eſpace pluſieurs de ces bouteilles, de telle ſorte qu’il y ait entre elles les communications dont nous venons de parler, on aura une petite batterie électrique ; nous diſons petite, parce que les bouteilles de Leyde ont peu de ſuperficie. On met ordinairement dans une caiſſe, doublée en feuilles d’étain laminé, le nombre de bouteilles qu’on deſtine à une batterie, laquelle peut être plus ou moins grande, ſuivant que les bouteilles y ſont plus multipliées.

Si, à la place de ces bouteilles, on met des bocaux électriques dont la ſurface eſt plus grande, la batterie qui en ſera compoſée, aura plus de force à nombre égal. Les jarres électriques ayant une ſurface bien plus conſidérable que celle des bocaux, la batterie qui en réſultera ſera plus puiſſante & ſon énergie beaucoup plus forte. Cette gradation, formée par les bouteilles, les bocaux & les jarres électriques, nous donnera donc trois sortes de batteries, les petites, les moyennes & les grandes ; mais l’usage a prévalu, & lorſqu’on parle d’une batterie ſans ajouter d’épithète, on entend toujours celle qui eſt compoſée de pluſieurs jarres. Parmi ces derniers, il y en a d’ordinaires qui n’ont que 4, 6 ou 8 jarres environ ; les autres ſont plus ou moins conſidérables ; il y en a de 20, de 50, de 100, 120, 160, &c. Ces différentes jarres ſont alors placées dans pluſieurs caiſſes qu’on met à côté les unes des autres ; mais les jarres de toutes les caiſſes doivent communiquer entre elles de la même manière que les jarres d’une ſeule caiſſe, ainſi qu’on l’a expliqué ci-deſſus. La figure 185 montre une batterie de ſix jarres ; chaque jarre A B eſt étamée ou couverte d’une feuille d’étain laminé, ſoit en dedans ſoit en dehors, mais ſeulement juſqu’en B, comme l’indique la tranſparence qui eſt dans la zone ſupérieure A B. Les ſurfaces intérieures de ces ſix jarres ont entre elles une communication par le moyen des tiges de métal G H, I K, L M, N O, P Q. Dans cette figure ces tiges ſont viſſées à une boule de cuivre P, unie par le moyen d’une virole à une colonne de verre R qui les ſoutient iſolées. La tige de communication P V ſert à tranſmettre l’électricité du premier conducteur de la machine électrique : à préſent on supprime cette tige de verre R comme inutile, puiſque les tiges verticales L, K, M, O, A, Q, repoſant ſur le fond intérieur de chaque jarre, elles n’ont pas beſoin d’une colonne extérieure qui les ſupporte, & qui de plus peut être nuiſible, en procurant par ſa ſurface une voie de diſſipation au fluide électrique. On ajoute une lame de cuivre Y Z, qui communique avec la doublure métallique intérieure de la caiſſe E D C, & on y place deſſus les ſubſtances auxquelles on veut faire éprouver une forte commotion. La caiſſe ſe mettant ordinairement ſur une table plus longue qu’elle, on peut baiſſer cette platine Y Z, de ſorte qu’elle ſoit dans l’allignement du fond. Quelquefois on ménage un petit anneau plat avec une chaîne à la place de cette platine. On peut voir, dans la figure 186, une batterie de 64 jarres dans une grande caiſſe.

Les batteries donnent une commotion d’autant plus violente, qu’elles ſont plus grandes, c’eſt-à-dire, qu’elles ont plus de ſurface étamée. Pour évaluer celle-ci, il faut multiplier la quantité de la ſurface d’une jarre, par le nombre des jarres, le produit montre quelle eſt la ſurface totale de la batterie. Suppoſons que les jarres étant toutes égales, la ſurface étamée de chaque jarre, ſoit de 240 pouces quarrés, s’il y a ſix jarres dans la batterie, la ſurface étamée ou garnie de feuilles d’étain laminé ſera en totalité de 1440 pouces quarrés. Si la batterie étoit de 64 jarres, la ſuperficie entière de la batterie ſeroit de 15 360 pouces quarrés. Lorſqu’on rapporte quelqu’expérience particulière & qui exige une forte électricité & des batteries, on doit dire qu’elle étoit la grandeur des ſurfaces en pouces ou en pieds quarrés.